Le milieu offensif de Nice et des Bleuets vit un début de saison difficile. Encore marqué par sa longue suspension pour avoir brisé la jambe de Jérémy Clément...
Il ne faut pas beaucoup insister pour que Valentin Eysseric étale son spleen. Deux minutes se sont écoulées depuis qu'il a pris sa place dans une petite salle de Clairefontaine et le milieu offensif (21 ans), étincelant en L1 il y a encore quelques mois (*), lâche : « Mon début de saison ? Très moyen. L'an dernier, quand je commençais en L1, je me sentais beaucoup mieux. »
À cet instant, les louanges qui avaient accompagné ses premiers matches dans l'élite à l'été 2012 reviennent en mémoire. C'était l'époque où on louait la technique et la vision du jeu délicieuse du jeune homme formé à Luynes (Bouches-du-Rhôme), Aubagne, puis à Monaco. Dans nos colonnes, en décembre dernier, Jean Petit avait même poussé jusqu'à une analogie flatteuse. « S'il comprend que le haut niveau est une perpétuelle remise en question, il peut devenir l'égal de Benzema », avait expliqué l'ancien technicien monégasque.
Onze mois plus tard, la comparaison paraît lointaine. Mais la trajectoire récente de Valentin Eysseric ne peut se comprendre sans un événement. Un virage, ou plutôt une fracture. Le 2 mars dernier, Eysseric tacle violemment le Stéphanois Jérémy Clément. Le bilan est lourd, fracture ouverte tibia-péroné. La suspension d'Eysseric (11 matches) aussi.
« Ç'a été très difficile mentalement, il fallait que je soutienne Clément, parce que c'est quanf même moi qui lui avais fait ça. Mais c'était très dur aussi pour moi, parce que je savais que je n'étais pas un joueur violent, explique l'Aixois, ému à l'évocation de cette période. Quand je m'entraînais, je marchais, je me disais que ça ne servais à rien... »
La suspension finit par passer, le Tournoi de Toulon, pour lequel le sélectionneur Willy Sagnol le convoque, aussi. Un tournoi que l'attaquant traverse dans l'anonymat.
Ce début de saison 2013-2014 devait être celui de la renaissance. Mais Eysseric, brouillon, inefficace, se cherche. « Je savais que ça allait être difficile de se mettre dans le rythme. Tout reprend d'un coup et les gens attendent beaucoup de toi, plus que l'année précédente. »
« Je suis un joueur qui, sans confiance, ne fait pas grand-chose »
Des espoirs qu'il tente de gérer sereinement. « Être attendu, c'est plus excitant que pesant, explique-t-il, sans cacher tout de même une pointe d'appréhension face à son niveau actuel : ça m'inquiéte, je suis un joueur qui, sans confiance, ne fait pas grand-chose. Après, sur certaines phases de jeu, je sens que ça revient. » Ses coéquipiers ne sont pas inquiets : « Valentin, je sais à quel point il peut être bon, avance le milieu niçois Nampalys Mendy, formé avec lui à l'ASM. Ce n'est pas facile pour lui en ce moment mais il va revenir, il faut lui laisser du temps. » Pour Willy Sagnol, la progression d'Eysseric, qui devrait débuter le match sur le banc ce soir, passe par une prise de conscience : « Valentin est un vrai talent. Mais aujourd'hui, il faut qu'il réfléchisse par lui même. Il doit se poser les bonnes questions, estime le sélectionneur. S'il y arrive, il a le talent pour aller très haut. »
Hugo Delom
L'Equipe
(*) Six buts et une passe décisive entre le 1er décembre et le 22 février, toutes compétitions confondues