Presse :
Nice,OM... destins croisés
Nice-Matin, le 13/09/2002 à 07h47
Après la victoire des coéquipiers de José Cobos (2-0) mercredi au Ray, l'écart s'est creusé entre les deux clubs. Cinq points, c'est énorme. Les uns savourent leur bonheur. Les autres cherchent des solutions à leurs problèmes.
Nice, grand beau temps ! Marseille, ciel chargé de nuages ! C'est le résumé météorologique de l'actualité footballistique après le derby de la côte d'Azur. Après la victoire des Aiglons aux griffes toujours acérées face aux Olympiens bien émoussés pour ne pas dire timides.
C'est le constat qui saute aux yeux quand on regarde le classement... sans renverser la page !
Nice premier de la classe, 13 points, 13 buts marqués (2e attaque derrière Lyon), 4 buts encaissés (3e défense derrière Bordeaux et Auxerre), différence +9.
Marseille, dixième et relégué dans le ventre mou du championnat, 8 points, 5 buts marqués, 6 encaissés, différence -1.
Les chiffres parlent.
Les attitudes restent.
Au Ray, dans une belle ambiance de football, l'OGCN a joué à 120% de son potentiel actuel. Avec son coeur mais surtout avec sa tête. « lis nous ont déboussolé, dit le coach marseillais Alain Perrin, car on pensait qu'ils allaient nous sauter à la gorge et ils nous ont attendus. Le scénario de cette rencontre nous a déstabilisé ».
Cela explique-t-il que l'OM n'ait exprimé que 60% de son potentiel ? En partie peut-être. Mais dans la totalité de cet échec, il faut bien reconnaitre que Nice y est pour beaucoup.
Que Gernot Rohr a parfaitement maitrisé le sujet en bloquant dans les couloirs, les montées de Dos Santos et Hemdani avec des sentinelles nommées Varrault et Bigné. Que l'axe central a surveillé comme le lait sur le feu les timides entreprises de Bakayoko, Chapuis puis Sakho. Qu'Everson a étouffé son compatriote Fernandao. Que Roy et Pitau ont nettoyé la zone médiane avec délice.
La colère gronde à Marseille
Hier, à Marseille, les murs du vestiaire de la Commanderie ont tremblé. Alain Perrin a piqué une grosse colère. « On a surtout essayé d'analyser ensemble ce qui n'a pas fonctionné, on a dialogué et tout le monde s'est exprimé. Dans un premier temps, le match a paru presque trop facile à mes joueurs avant qu'un incident de jeu (l'expulsion de Meïté) complique les choses. Mes joueurs avaient perdu leurs repères et ils n'ont jamais trouvé les réponses au problème remarquablement posé par les Niçois. A 0-1 et en infériorité numérique, on leur a donné les espaces même si on a encore quelques bons ballons à négocier ».
Seulement le mal marseillais saute aux yeux comme le nez au milieu de la figure. Les attaquants ne marquent pas ou trop peu. Les occasions sont là . Après faut-il parler de maladresse ou de malchance ? Ou faut-il d'ores et déjà aller chercher ailleurs un oiseau rare capable de planter une vingtaine de pions d'ici la fin de la saison ?
Le déficit est donc affiché. Jusque là , les victoires à l'extérieur compensaient les difficultés rencontrées au Vélodrome. Cette première défaite à Nice complique donc la donne. « On avait prévu quatre points entre Nice et Bordeaux. C'est raté », dit Perrin. Et pour arriver simplement à trois, il faudra encore effacer demain la grosse armada bordelaise !
« La chance se tourne toujours vers celui qui la désire le plus, dit Fabio Célestini. Nice n'a rien volé. Ses joueurs en voulaient plus que nous ».
A Nice, le bonheur
Le contraste est saisissant avec le climat qui règne sur la Promenade des Anglais. Sourires, décontraction, satisfaction du travail bien fait, soulagement... les joueurs de Gernot Rohr ne cachent pas leur nouveau bonheur. Tout en gardant bien les pieds sur terre. Quand on revient du néant, on apprécie forcément son bonheur. José Cobos pense à tout le monde. « Ily avait des gamins dans le stade qui n'avaient jamais connu ça. Pour eux, c'est encore meilleur ! Toute la ville est fière d'avoir retrouvé une équipe compétitive qui joue les premiers rôles. Au début, nous étions crispés. Jusqu'à la mitemps, on a un peu trop regardé Marseille. Puis nous avons changé notre système de jeu en prenant Célestini, Fernandao et Olembé au marquage individuel. Le but est venu comme une délivrance. Aujourd'hui je regrette presque de ne pas avoir une semaine entière pour partager ça avec l'équipe et les amis. Demain, c'est déjà Guingamp ».
L'ambiance rouge et noire est donc au beau fixe. La fatigue s'efface comme par enchantement. Les blessures guérissent plus vite. Les problèmes se gomment. Le Gym vit bien, savoure, apprécie, s'invente un avenir.
Et ne vole surtout pas ses treize points. Et comme la gourmandise est contagieuse, pourquoi ne pas penser qu'avec seulement quelques journées de plus de préparation, le Havre ne serait pas aussi passé à la trappe lors de la première journée. Les maillots étaient encore vierges de pub. 'Leau était à peine chaude aux robinets. Et le reste allait avec.
Gernot Rohr ne s'enflamme pas. Le sourire radieux, il est pourtant forcément heureux de ce premier bilan. La nuit a été douce et forcément trop courte. Le champagne a coulé. Les mots ont dansé. « Je regarde toujours en bas mais cela ne m'empêche pas de savourer la réussite de l'équipe. Il y aura forcément des jours plus tristes et il faudra s'en souvenir.
Ce match m'a fait penser à un bon polar plein de rebondissements et d'intensité ! Après une ouverture paisible et un long round d'observation, la bagarre entre supporters marseillais nous a perturbé et on a connu un mauvais passage.
C'est là que j'ai pensé à appliquer un marquage plus strict au milieu. Ensuite le but nous a libéré mais il a fallu rester vigilant jusqu'au bout. On savait qu'un jeune défenseur comme Meïté pouvait faire une faute de ce genre mais on n'avait bien sûr aucune certitude. Accepter d'être dominé était aussi stratégique : on ne pouvait pas imposer un pressing tout terrain avec un Meslin revenant de blessure ! »
Même sans marquer un but, «Poussin» a donc été déterminant. Cela ajoute une touche de fantaisie à la formidable réussite de ce groupe soudé en quelques heures. Sympathique Châleureux. Enthousiasmant.
Nice, c'est vraiment un bea roman, une belle histoire...
Yves MERENS
Vendredi 13 septembre 2002
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