Presse :
Aulanier raconte Nice
L'Equipe, le 14/09/2002 à 07h46
Le milieu a tout connu avec l'OGC Nice : de la Coupe de France 97 Ã aujourd'hui.
L'ILLUSION EUROPÉENNE. - « Quand je suis arrivé à Nice, le club allait disputer la Coupe d'Europe. Pour moi, qui abandonnais la D 1 avec les Verts, c'était un énorme challenge. Surtout que je changeais de club pour la première fois. Au départ, il y avait Sylvester Takac à la tête du groupe, mais très vite il a été remplacé par le Belge Michel Renquin. Cela a été le début de mes problèmes. J'effectuais un bon début de saison, on venait de passer facilement le premier tour contre les Écossais de Kilmarnok (3-1, 1-1).
Face au Slavia Prague, le tour suivant, je marque même les deux buts (2-2) de l'équipe au stade du Ray, mais Renquin, au match retour (1-1), me place sur le banc des remplaçants pour faire jouer un gars (le Suisse Regtop) qu'il venait juste de recruter. Je me souviens que même les dirigeants de l'époque n'avaient pas trouvé cela normal. Toujours est-il que j'ai dû partir quelques mois à Nîmes. Heureusement, Renquin a été assez vite remercié. Le club partait à la dérive et commençait à flirter avec le National. Takac est donc revenu. Pour moi, cette première demi-saison à Nice restera assez mitigée. Il y a bien sûr ce merveilleux souvenir de mes deux buts en Coupe d'Europe, mais cela ne suffira pas à me faire oublier l'épisode Renquin. »
LA VALSE DES ENTRAÎNEURS. - « La saison suivante, je reviens sur la Côte avec de nouvelles ambitions. L'entraîneur a encore changé. Victor Zvunka est aux commandes. On ne démarre pas très bien et les premières complications au niveau des dirigeants apparaissent. On entend des bruits selon lesquels le président Mandaric veut partir et donc vendre le club. On commence à douter. Zvunka part en janvier, on parle de Dominique Baratelli pour le remplacer, mais c'est Guy David qui arrive. Je ne comprenais plus très bien ce qui se passait.
En arrivant à Nice, j'avais signé un contrat de trois ans. Ma première saison avait été pour le moins difficile, et encore une fois, tout s'écroulait. Quand l'entraîneur change aussi souvent, il faut se remettre en question. Ce n'est pas toujours facile de retrouver la confiance d'un homme que l'on ne connaît pas. Car on ne sait jamais sur qui on va tomber. Cette deuxième saison, 1998-1999, sera donc une nouvelle fois gâchée. On finit quatorzièmes, mais surtout on se sauve seulement à quatre ou cinq journées de la fin du Championnat. »
LE MIRAGE ITALIEN. - « À la reprise, j'attaque ma dernière année de contrat. Les Italiens sont déjà là . Le président de la Roma, Francesco Sensi, a racheté Nice et a délégué un certain Primo Salvi pour diriger le club sur place. Avec Buffat, Fleury, Damiano, David et Salvioni qui, lui, va tenir deux ans, les entraîneurs continuent à se succéder. Les dirigeants me font une nouvelle proposition de contrat et je prolonge de deux saisons.
Cette fois, je me dis que tout va enfin changer. Sensi est milliardaire et n'a pas l'habitude de placer son argent à perte. Tout le monde se dit que le club est enfin entre de bonnes mains et qu'il va être structuré à l'italienne. Mais l'illusion va une nouvelle fois être de courte durée. Lors de cette saison 1999-2000, on commence à avoir des problèmes extrasportifs avec la mairie. On sent que le président Sensi veut se battre, qu'il veut réussir, mais bon, apparemment, il ne devait pas assez bien connaître son homme de confiance.
Salvi rencontre beaucoup de problèmes avec les joueurs et leurs contrats. Je ne peux pas entrer dans les détails financiers, mais cela ne passe plus avec cet homme. On fait une saison décevante. Finalement, rien n'a changé. Sensi a bien essayé de redresser le club financièrement, de lui donner une grosse envergure, mais cela n'a pas fonctionné. Quant aux problèmes avec la mairie, ils ne nous ont pas aidés non plus. On ne peut pas toujours se cacher derrière ces arguments pour expliquer les mauvais résultats, mais cela pèse.
Chaque semaine, comme dans un feuilleton, on assistait à des rebondissements. Le club va être liquidé, les Italiens vont partir, les joueurs ne vont plus être payés... Depuis que je suis ici, c'est l'éternel refrain. Et, franchement, ce n'est pas facile à gérer. La saison dernière, cela a été la même chose, et pourtant il y a eu l'embellie de la montée. Tous les débuts de saison, on se demande ce qui va nous arriver. Moi, maintenant, je fais partie des cadres et je m'attends à toutes sortes de perturbations. Je sais que je vais devoir, encore et toujours, expliquer aux jeunes et aux nouveaux les particularités niçoises. Maintenant, je suis blindé et cela ne m'affecte plus. »
L'EMBELLIE. - « Cette saison, cependant, on sent quand même un gros changement. Le nouveau président, Maurice Cohen, est niçois et il aime sa ville. On le sent dans son discours. Il ne lance pas de paroles en l'air et, surtout, d'un point de vue humain, il est plus apte à nous comprendre qu'un président étranger, simplement venu passer des vacances à Nice.
Alors, c'est vrai, en ce moment cela marche bien pour le club, un peu moins pour moi, car je me suis blessé en début de saison. Je l'explique par cette solidarité qui a été confortée lorsque nous avons été menacés de relégation en National. Bruno (Valencony), José (Cobos), Manu (Nogueira) et moi, les plus anciens, nous avons essayé de nous investir.
Eux sont montés à Lyon pour l'appel en juillet ; moi, je suis resté sur place pour encadrer les jeunes. Franchement, j'ai eu parfois des moments de découragement. Si le club était reparti en National, j'aurais demandé à être transféré dans un club de L 2. Heureusement, nous avons été entendus. Il me reste maintenant à retrouver ma place. Je joue des bouts de match et cette situation me pèse. Pendant quatre ans, j'ai pratiquement été considéré comme un titulaire indiscutable. C'est dur à supporter. Mais avec tout ce que j'ai vécu à Nice depuis cinq ans, je commence à bien encaisser. Je suis quand même un privilégié et je n'ai pas envie de me lamenter sur mon sort. Car je ne me vois pas retourner à l'usine et me lever à cinq heures du matin, afin de faire mes huit heures. Je sais que tout va très vite. Pour cette montée en L 1, nous sommes passés par un trou de souris et chacun en est conscient. Même les... remplaçants. Alors profitons-en ! »
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