Interviews :
Jean-Pierre Rivère : « Nos supporters se sentent 'victimes' des sanctions »
Eurosport, le 25/04/2015 à 17h37
Depuis le début de l'année, Jean-Pierre Rivère est confronté à plusieurs problèmes avec une partie des supporters de l'OGC Nice. Pourtant, le président du Gym ne veut pas adopter la manière forte et préfère le dialogue. Nous sommes allés rencontrer un président pas comme les autres.
20 mars 2015. Une quarantaine de supporters de l'OGC Nice interrompent l'entraînement des joueurs. Pourtant quelques heures plus tôt, une réunion avait été organisée entre les représentants des groupes de supporters, le président Jean-Pierre Rivère et les trois capitaines de l'OGC Nice, Didier Digard, Mathieu Bodmer et Nampalys Mendy. Depuis, la tension n'est jamais retombée. Samedi, à Rennes, le club azuréen n'aura pas ces problèmes. Mais la mesure conservatoire de fermeture de la populaire sud (6000 places) l'oblige à continuer à se battre en parallèle. Le président du club, Jean-Pierre Rivère, a accepté de nous recevoir pour parler de sa situation. Sans se cacher derrière les incidents.
- Il y a quelques mois encore, les supporters chantaient à votre gloire à chacune de vos apparitions, aujourd’hui on appelle à votre démission. Comment expliquez-vous un tel changement
Vous savez, un club de football, c’est la dictature du résultat. Quand j’étais de l’autre côté de la barrière, je ne regardais que les résultats, moi aussi. Maintenant je suis président : je réalise que les gens ne se rendent pas compte que le club progresse. Pourtant c’est le cas, il y a un véritable travail de fond qui est fait, à tous les niveaux.
- A Paris, le club s’est montré répressif envers ses supporters. A Nice, vous cherchez le dialogue. Dans les deux cas, cela ne semble pas fonctionner. Quelle est la solution ?
ll ne faut jamais rompre le dialogue. Gérer un club de football, c’est énormément d’efforts et très peu de récompenses. On a fait toute une histoire des incidents lors de la rencontre entre Nice et Evian mais franchement, c’était anecdotique (le mouvement de foule en tribune ne concernait finalement pas le président, ce dernier ayant décidé de quitter la tribune suite au niveau de jeu du Gym, ndlr). Nos supporters se sentent "victimes" de toutes les sanctions que la ligue leur impose (une des tribunes est fermée, ndlr). D’un autre côté, ils estiment que le club ne les soutient pas assez. Notre rôle est de dialoguer avec tout le monde pour faire en sorte que nous arrivions à maitriser l'usage d'engins pyrotechniques qui pénalise le club.
- Du coup, vous n’avez pas peur que le stade se vide ?
On a fait un gros effort pour que les femmes et les familles se sentent chez elles à l’Allianz Riviera. Mais ces personnes viennent aussi pour l’ambiance qui fait notre réputation. Nous ne sommes pas dans un plan Leproux comme j’ai pu l’entendre. Nous avons un objectif, c’est que tout le monde puisse vivre son match comme il l’entend. Par contre, sans aucune violence.
- Vous réfutez donc la notion de violence, notamment lors de Nice-Evian ?
ll y a eu un mouvement de foule, circoncis en quelques minutes par les services de sécurité. Tout cela a été monté en épingle par la suite. En aucun cas, Julien Fournier (le directeur général du club, ndlr) ou moi-même ne nous sommes sentis en danger. Le lendemain en ouvrant la presse, j’ai découvert des incidents qui n’avaient pas eu lieu. On l’a expliqué aux instances et à la presse. Je suis très contrarié car lors de Nice-Paris qui aurait dû être une fête, 6000 personnes ont été privées de match, La tribune était fermée à titre "conservatoire", aucun élément dans le dossier ne nécessitait cela !
- Vous avez régulièrement des réunions avec les supporters, mais votre discours visiblement ne passe pas. Que vous répondent-ils ?
Que les fumigènes font partie de leur ADN... Interdire les fumigènes en tribune, c’est la loi, ce n’est pas moi qui l’ai décidé. Mais nous ne désespérons pas de parvenir à solutionner ce problème. Nous avons été pénalisés pour des engins pyrotechniques, cela n’a rien à voir avec un problème de violence. Mais effectivement, cela nuit fortement à l’image du club et à l’équipe.
- Si je vous comprends bien, vous vous battez contre la LFP pour défendre vos supporters et contre vos supporters pour faire valoir les règles de la LFP ?
La LFP pense que nous sommes complices de nos supporters et nos supporters pensent que nous sommes complices de la ligue. On est complices de personne ! Par contre, on parle avec tout le monde. Encore une fois, le dialogue nous semble nécessaire pour arriver à trouver des solutions.
- Les supporters ne comprennent pas votre politique. Ils vous reprochent une prise de risque minimaliste lors du mercato. Aujourd'hui, vous faites confiance à vos jeunes joueurs, avez-vous les moyens, la volonté de les garder ?
Evidemment que l’on a la volonté, et on l’a souvent démontré. On ne vend pas nos joueurs par plaisir. L'an passé, nous avons cédé deux joueurs. David Ospina d'abord : nous avions l’engagement moral de le laisser partir. Il fait une bonne Coupe du monde et c’est difficile de refuser une offre d’Arsenal ! Concernant Timothée Kolodziejczak, qui est parti à Séville en 2014, nous avions confiance en Jordan Amavi (21 ans) pour le remplacer. Nos supporters ne comprennent pas toujours ce fonctionnement. Fonctionnement qui consiste à promouvoir les joueurs du centre. Pour leur formation, les jeunes privilégient désormais Nice plutôt que Monaco et Marseille. C’est significatif. Ils ont leur chance, ils la saisissent, c’est encourageant pour l’avenir.
- Avec Claude Puel à la tête du sportif ?
Il a un énorme crédit chez nous. Mais un sujet a irrité tout le monde, c’est son fils (Grégoire, le fils de Claude Puel est titulaire, au grand dam des supporters, nldr). Du coup sa relation avec les supporters a été un peu tendue, comme avec moi d’ailleurs. On en a beaucoup parlé. Mais le sportif, c’est lui. C’est lui qui fait la feuille de match et je le respecte complètement.
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