Presse :
Giudicelli : "Pas de limite au rêve"
Nice-Matin, le 29/08/2003 à 08h25
Il y a quatorze mois, il a été à l'origine du sauvetage miraculeux d'un club condamné pour ses dérives. "Sauveur" du gym, il revient sur une année de bonheur et souhaite un avenir radieux à un club dont il est devenu profondèment amoureux.
Il est arrivé au milieu de la tempête qui entourait Nice. Entre montée sportive et rétrogradation administrative, le Gym tanguait. A la suite aussi de quelques « personnages » dont l'image collait mal avec la direction d'un grand club.
Franck Giudicelli a alors posé sur la table les euros qu'il fallait pour débuter une belle aventure et gagner un pari audacieux. Personne ne se bousculait au portillon. Les temps étaient durs. Les rumeurs galopaient. Les affaires s'accumulaient. Les « étrangers » piétinaient allègrement une bien belle histoire. Lui, la passion rivée au cœur, ne pouvait plus laisser le club partir à là dérive, vers un oubli certain. Il s'est jeté à l'eau presque sans réfléchir. « Un coup de folie, un coup de cœur. Un coup tout simplement car le ballon m'a toujours fait rêver. Le club était en lambeaux, dévasté par les querelles. La menace était bien réelle et l'état d'urgence presque dépassé. Autour de moi, je n'entendais que des plaintes et du découragement...
« II n'y avait pas trente-six solutions. Avec un petit groupe courageux, têtu, on s'est accroché, on s'est bagarré, on a lutté avec une énergie incroyable. Ce n'était pas facile tous les jours mais la récompense était au bout ».
De supporter, il est devenu actionnaire. Il a sauté la barrière comme un gosse montant dans le porte-bagages du père Noël !
« Un des plus beaux jours de ma vie ! »
Le 19 juillet 2002, quand la DNCG donne son feu vert définitif à l'arrivée (méritée sur le pré) en L1, Franck connaît un des plus beaux jours de sa vie.
Le souffle du bonheur nous a envahis. L'euphorie, la plénitude, le soulagement. Même si sportivement nous ne savions pas encore sur quel pied on allait si bien danser. Mais on avait peut-être fait le plus difficile. Le reste allait s'inscrire dans une suite presque logique ».
L'homme ne va pourtant jamais tirer la couverture à lui.
Etre de tous les déplacements, rentrer au Ray au milieu des sacs de sports et jamais dans la tribune officielle, partager l'intimité d'un vestiaire, s'asseoir sur un banc de touche à côté du coach, s'imprégner des odeurs d'un match, fréquenter les joueurs devenus des amis suffit largement à faire vibrer un homme qui souhaitait être professionnel mais qui eut très tôt la sagesse de comprendre qu'il n'en avait pas les moyens.
« Sauver le club, c'est un peu ça, même si ça reste un bien grand mot. Le terrain était miné mais en dépensant mon énergie et mon argent, cela a dégagé l'horizon et permis un vrai consensus. Et puis le staff technique et les joueurs méritaient vraiment que personne ne les laisse tomber. Je savais aussi que l'histoire rouge et noire méritait une suite. Que le livre ne pouvait pas se fermer sur une condamnation administrative, conséquence de l'incompétence et de la vanité de certains. Maintenant, je sais aussi que l'on doit vraiment s'inscrire dans un professionnalisme moderne digne de la 5ème ville de France. Il y a tout ici pour rejoindre un jour Lyon, Bordeaux, Lens, autant de beaux exemples ».
Pas assez reconnu
Dirigeant mais aussi grand-frère, il ne quitte plus l'équipe « Comme un gosse reconnaît-il humblement. Et quelque part, ça m'a joué des tours car on ne m'a pas toujours considéré comme un vrai actionnaire, comme un décideur. Mais en tant que vice-président chargé du domaine sportif, je ne manque pas de travail. Je vais prendre un peu de recul cette saison pour assumer mes responsabilités. Mais la passion est intacte ! Et il faut laisser Gernot Rohr travailler dans la sérénité et la tranquillité, tout en lui donnant tous les moyens de sa politique ».
Le chantier avance. Franck souhaite simplement être le trait d'union entre les deux paramètres qu'il juge nécessaires à la réussite d'un club : le financier et les ressources humaines. « Si ces deux facteurs se conjuguent bien, s'harmonisent, les joueurs peuvent avancer. Je suis un homme de solidarité, de concertation, de respect de l'autre. Et je voudrais que ces valeurs s'affichent du débutant au dernier des professionnels, de l'administratif à l'éducateur, de l'entraîneur au supporter. Le Gym, c'est une famille. Et chez moi, en Corse, c'est sacré ».
Jusqu'où veut-il emmener le club ? « II n'y a pas de limite au rêve. Mais avant tout, il faut construire et bâtir. Un stade, un vrai centre d'entraînement, des locaux dignes de ce nom... Redonner une image de sérieux et compétence. Le reste, donc les résultats, suivra logiquement. Nice doit retrouver son rang chez les grands et s'ouvrir le chemin de l'Europe. S'installer en haut de la pyramide et vendre du bonheur. Car je pense que je ne suis pas le seul à venir chercher ces palpitations au Ray. Quand je me retourne et que je regarde les tribunes, parfois j'ai envie de pleurer. De joie ! Le plus beau public de France mérite que l'on lui donne tout pour le faire chanter ».
Dans sa galerie des bons souvenirs, il retient le sauvetage miraculeux du 19 juillet, le but égalisateur d'Abardonado à Lyon (« on est devenus tous fous l'espace de quelques secondes »), la victoire à Monaco (« dans un stade aux couleurs de Nice ») et la victoire contre l'OM au Ray (« qui a définitivement marqué nos ambitions et une certaine attitude. En quelques mois, on était passé de Libourne à l'OM »).
Quelques images plus pâles ? « Quand vous rencontrez le père Noël, il n'y a jamais de déception ! »
Yves MERENS
© Nice-Matin
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