Presse :
Eric Roy, le retour
Nice-Matin, le 08/08/2002 à 08h19
Dix ans après son départ du Gym pour une riche carrière en France et à l'étranger ce pur Niçois revient au bercail pour relever le challenge du maintien en rouge et noir
D'un trait de mémoire, il vous cite, avec le cœur, la composition de la réserve du Gym de 87, championne de Division 3. « Aloisio, Calzoni, Macri, Roy, Martin, Gioria, Vannuchi, Mazzuchetti, Buffart, Blanchard, Badiali... Une sacrée belle équipe. On avait battu Lens 4-2, chez lui, en demi. Dommage que tous n'aient pas réussi une longue carrière pro ».
Le destin tient parfois à pas grand-chose. Celui d'Eric Roy, l'enfant du Cavigal, a sans doute basculé au cours d'un match.
« C'était durant le tournoi international juniors du Cavigal. On avait battu l'OGCN aux tirs aux buts. Pierre Alonzo m'a alors remarqué, et m'a proposé d'intégrer le Centre de formation. Je lui dois beaucoup. J'avais 18 ans, je ne connaissais rien du monde pro ».
Cette fraicheur ne sera pas un handicap. Au contraire. Eric Roy, né clinique Sante-Geneviève, tout près du boulevard Gambetta, c'est une enfance et une adolescence équilibrées.
Papa, Serge, a été pro et international à Monaco. De la maison familiale, située sur la colline, au lycée du Parc Impérial, il n'y a qu'un pas. Passionné de tennis, aussi, Eric Roy intègre le tennis-étude du Parc. Classé 15, il passe ses étés à ferrailler sur les courts du département.
« Deux matches par jour, voire trois, en pleine chaleur... Aujourd'hui, quand j'ai du temps libre, je préfère le golf ! », rigole Eric.
Les années 80, c'est aussi le temps des bancs de l'école. A 18 ans, il échoue au baccalauréat. Au moment de signer pour l'OGC Nice, il fait une promesse à sa maman : il continuera les leçons, par correspondance, pour décrocher le sésame.
Le mental du tennisman
Bingo : à 19 ans, Eric Roy a son bac D en poche. C'est aussi l'époque des repas pris entre copains, au « resto U » des arts déco. « Pour dix balles, on mangeait bien ! ».
Dans sa tête, il va devenir footballeur à part entière. Après l'aventure de la D3, Bjekovic fait appel à lui en pro, dès sa troisième année au Gym. Nombre de ses camarades de promo n'ont pas eu cette chance...
« Sur le plan mental, le tennis a du m'apporter pas mal, se souvient Eric Roy. C'est un sport où tu es seul, où il faut se battre tout le temps. Or, un Centre de formation, en dépit des apparences, c'est un endroit où il faut savoir se débrouiller seul, face à la concurrence ».
Eric Roy gagne sa place de titulaire en D1. Le sauvetage en barrage contre Strasbourg (6-0 au Ray), avec pour coach Carlos Bianchi, devant un stade archi-plein, reste son « plus beau souvenir en rouge et noir ».
Mais en 91, la DNCG frappe une première fois en reléguant Nice. Roy reste une saison en D2, avant de prendre son envol ailleurs. Ce sera Toulon, puis surtout Lyon et Tigana, le club qui l'a révélé, 2e du championnat. « Là où j'ai pratiqué le meilleur football ».
Talentueux sera aux portes de l'équipe de France, sans pouvoir les forcer. « A 27, 28 ans, j'étais sans doute un poil trop vieux pour le maillot bleu. Il fallait préparer l'avenir », dit-il avec le recul.
C'est ensuite l'OM, pendant trois ans, un nouveau titre manqué d'un cheveu (but de Feindouno à la dernière seconde au Parc pour Bordeaux), une finale de C2, mais une fin en queue de poisson avec Courbis. « Un entraineur qui ne montre pas beaucoup de sentiments, sur certaines choses ».
Entraineur, Maurice Cohen !
A 30 ans, il est temps d'aller gouter à l'étranger. Direction Sunderland, et son « stadium of light » (stade de lumière) tout neuf de 60 000 places. Roy signe son plus beau contrat, mais pas seulement. Le promu va finir 6e. Il découvre une ile totalement foot.
« Plus d'un siècle de tradition », s'émerveille le Niçois. Il y a en Angleterre, de la part du supporter, un vrai respect du maillot et du joueur qui le porte. Que tu perdes ou que tu gagnes, ils sont derrière toi ».
Une dernière fois les valises, pour le « petit » Rayo Vallecano de la Liga, la découverte de la vie à Madrid, du public espagnol, « plus connaisseur, mais moins démonstratif ».
Et enfin, le retour au bercail. Nice. Sa ville. Son club. Son univers.
Avec une anecdote qui résume tout. Maurice Cohen, le président du Gym, était aussi son premier entraineur des poussins, au Cavigal.
« On avait été champions de la Côte d'Azur ! ». Il était comment, le coach Cohen ? « Autoritaire. Depuis la touche, il criait fort. ça m'avait marqué ! », sourit Eric...
Tout faire pour aider son club à assurer le maintien, comment boucler la boucle de plus belle façon ? « Je me réjouis vraiment de ce retour », glisse celui que Gernot Rohr a choisi pour l'utiliser au milieu ou en défense centrale (1), son poste initial, du temps de Marco Elsner...
« Il y a quinze jours, j'en avais marre de courir seul. J'ai demandé simplement si je pouvais participer à l'entrainement. L'entraineur a pensé que je pouvais être utile. Voilà comment les choses se sont faites ».
Pas une histoire d'argent, assurément. Pour quatre fois moins qu'en Espagne (sans parler de l'Angleterre), Roy salive à l'idée de retrouver ses couleurs, le parfum du Ray. « Un public qui ne demande qu'à s'enflammer. Nous avons ensemble un challenge difficile à réaliser, mais passionnant », souligne l'homme ambitieux.
Loetitia, son épouse, qui l'a accompagné partout, de Lyon à Madrid, est enceinte de huit mois. Une descendance chez les Roy, niçoise, évidemment.
1. Eric Roy, qui a signé mardi, n'est pas encore sur d'être qualifié par la Ligue pour la rencontre de samedi contre Strasbourg.
Repères :
Eric Roy
Né le 26 septembre 1967 à Nice.
1,88 m, 81 kg.
Poste : milieu de terrain (ou défenseur central).
Premier match en D1 : Nice-Montpellier (3-3) le 16/11/98.
Clubs : Nice, Toulon (92/93), Lyon (93-96), Marseille (96-99), Sunderland (99-janvier 01), Troyes (01), Rayo Vallecano (01-02), Nice (02-03).
Contrat avec Nice : un an.
Matches en D1 : 324. Buts : 24.
Coupe de l'UEFA avec l'OM : 12 matches, 1 but.
François PATURLE.
Jeudi 08 Aout 2002
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