Presse :
Echouafni a rebondi
Nice-Matin, le 26/09/2003 à 09h09
Pour sa deuxième titularisation avec l'OGC Nice, le milieu de terrain retrouve Marseille, le vélodrome et ses ambitions de battant
Ce matin, il est très entouré. Presque encerclé. Les radios, la presse écrite, les télés.
Tout le monde veut du "Echouafni". Normal : il a passé : cinq années à Marseille. Il connaît donc le vélodrome comme sa poche et l'OM par cœur. En plus, il est le petit dernier de la famille OGCN. Celui qui excite encore toutes les curiosités. Bref,à l'approche de ce derby au sommet, Olivier Echouafni est incontournable.
Drôle de pied de nez pour celui que les décideurs rennais avaient poussé, il y a peu, dans la bordure. Le banni est sorti des orties sans hurler sa douleur. Tout juste a-t il confessé ses irritations et soufflé son amertume. Question d'éducation. Chez les Echouafni, on sait se tenir. On ne crie pas ses états d'âme sous tous les toits. Reconnaissant, le milieu de nouveau d'attaque préfère souligner le rôle de l'OGCN dans une carrière relancée.
De Roquebrune Cap-Martin à l'OM
Alors, c'est la voix basse que le revenant savoure sa revanche. Sans en faire toute une histoire. Pourtant, la sienne est belle. Pleine d'inattendu et de rebondissements. Les initiés n'ignorent plus rien de son parcours de battant hors des sentiers battus.
Les Azuréens savent, tous, qu'il est né ici. A Menton. Qu'il a grandi à Roquebrune-Cap-Martin. Qu'il a joué à l'AS Monaco jusqu'à 18 printemps sans qu'on lui offre une place au soleil.
Les spécialistes n'ont pas oublié son passage à Roquebrune. En PHA. Ses trente buts en deux saisons à un poste de numéro 6 où l'on tacle plus qu'on ne frappe au but.
A cette époque, il n'imagine pas que son destin de footeux est en marche. Il songe plutôt à ses études qui doivent le mener à un poste de professeur de sport. Mais la vie feinte parfois comme les ailiers d'antan.
Lorsqu'il pose son regard vert sur son arrivé à l'OM, il parle d'un concours de circonstances. Pas d'un concours de jongles. Il se retrouve là -bas grâce au beau-frère de Jean Castaneda. Un certain monsieur Petiot qui n'est pas docteur mais aurait pu être voyant. Marseille aussi voit ses qualités.
Il fait deux semaines d'essai juste avant la finale royale de 93 OM-Milan AC Ã Munich.
Le morceau de gloire du Club.
Marseille est au paradis. Lui aussi. Il signe comme stagiaire.
Lorsqu'il passe chez les pros, la maison blanche de "Nanar" Tapie, elle, est envoyée en enfer. Rétrogradée pour deux ans à l'étage du dessous pour une sombre affaire troussée du côté de Valenciennes.
Il participera donc à la remontée de l'OM en D1. Une aventure qu'il n'est pas prêt d'oublier. « Apprendre son métier devant 50.000 passionnés offre des souvenirs fantastiques. »
Là -bas, il servira Cascarino, protégera Koepke, bataillera aux côtés de Roy et verra passer tant de noms et de talents.
C'est Rolland Gourbis qui lui montrera la porte de sortie. Pourquoi? Comment ?
Bien élevé il répond sans se répandre. « J'ai ma petite idée... Ça m'a surtout fait mal au cœur de partir ainsi..»
Retour vers le futur
On connaît la suite. Sa belle étape à Strasbourg. Puis sa halte mouvementée à Rennes avant de boucler la boucle au Gym. A deux pas de ses racines. Sur cette terre de Roquebrune qu'il caresse aujourd'hui de son pas léger en compagnie de son épouse et ses deux enfants Laurie (3 ans) et Leny (5 mois).
Olivier Echouafni a retrouvé sa région. Son passé. Ce sera aussi le cas demain au Vélodrome...
« Je suis retourné là -bas une fois avec Strasbourg et une fois avec Rennes. Pour une défaite (1-0) et une victoire (1-0). Si le temps a atténué les émotions, jouer à Marseille reste, pour moi, un moment particulier. Car je sais que les supporters ne m'ont pas effacé. »
Les fans du Gym apprécient déjà sa générosité dans l'effort, sa lucidité dans le placement, son efficacité dans le geste.
Gernot Rohr et ses hommes, eux, se régalent de l'entendre sur le pré où il aboie, encourage, pousse, replace.
« Je parle. J'essaie d'apporter mon expérience. Je ne reste jamais dans un petit coin ».
Impeccable dans sa peau de récupérateur-relanceur face à Lille, il a conquis le Ray sans jouer les séducteurs. « Les gars m'ont facilité la tâche. »
Toujours collectif, le garçon.
Il le sera également dans le volcan olympien afin d'éviter que les Aiglons ne se brûlent les ailes. « Ce ne sera pas une partie de plaisirs. Certes, l'OM vient de perdre deux fois d'affilée, mais à l'extérieur : Et où ? A Madrid et à Nantes. Bref, nous devrons être appliqués, concentrés, solidaires, rigoureux, attentifs. Parce qu'à Marseille, la moindre erreur peut être fatale. »
Mais pas question de partir battu. La tête basse et le dos voûté. " Chouf " chauffe l'espoir au feu vif de l'exaltation. « Nous pouvons les faire douter ! »
Tout Nice n'attend que ça.
Philippe CAMPS
© Nice-Matin
- Retour -