Une histoire incroyable

Auteur d'un bon match nul à Guingamp (0-0), l'OGC Nice a conservé ce fauteuil de leader qu'il occupe désormais depuis trois journée. Une énorme et bonne surprise pour Gernot Rohr, l'entraineur des aiglons, qui se fait pourtant guère d'illusions sur la suite de la compétition. Le maintien demeure l'unique objectif du club.

- Gernot, l'OGC Nice nage-t-il toujours en plein rêve ?

Oui, on plane toujours, mais on sait très bien qu'on finira par atterrir un jour ou l'autre. Pour le moment, tout le monde, des joueurs aux entraineurs, évolue à 120 %. Alors, la question est de savoir combien de temps nous pourrons tenir ce rythme.
Contre Guingamp, mes gars ont encore fait preuve de beaucoup de coeur et de solidarité pour ramener un petit quelque chose d'un déplacement difficile. La force de Nice, c'est ça, cette envie de se battre les uns pour les autres.

- Le statut de leader, ça donne des ailes, non ?

Cela donne des ailes, mais ça ne nous fait pas oublier notre statut de promu et notre souci premier, qui est toujours le même, à savoir se maintenir en L1.

- Votre départ canon ne vous incite-t-il donc pas à revoir vos ambitions à la hausse ?

Non, le maintien reste encore à ce jour l'objectif le plus raisonnable et le plus réaliste. Si l'on place la barre du maintien à 42 points, il nous manque encore 28 points à conquérir.

- Quel qualificatif sied aujourd'hui le mieux l' OGC Nice : intrus, trouble-fête ?

On a le sentiment d'être une équipe gâtée par la destinée, voilà, une formation qui a énormement bossé pour essayer d'être à la hauteur de la L1.
On s'aperçoit aujourd'hui que les gros bras mettent un peu de temps pour trouver leur rythme de croisière et que nous, sur notre vague d'enthousiasme et d'inspiration, que ce soit au niveau du recrutement ou du jeu, nous arrivons à notre surprise générale à jouer un rôle intéressant tout en haut du classement. Mais, comme on est tous en surrégime, on sait très bien que cela ne durera pas toute la saison. On espère juste prolonger ce bonheur le plus longtemps possible.

- Quelles sont les clés de votre réussite en ce début de saison ?

L'enthousiasme, un bon mélange d'anciens et de nouveaux joueurs, le retour au premier plan de José Cobos et d'Eric Roy, lesquels nous apportent beaucoup d'expérience, l'intégration exceptionnelle du Brésilien Everson, de Yoann Bigné, de Pancho Abardonado et de toutes les recrues qui sont titulaires avec, évidemment, l'as de notre liste, Kaba Diawara.

- Votre équipe n'a-t-elle pas tiré‚ des déboires du club à l'intersaison, avec cette rétrogradation en National initialement prononcée par la DNCG, la force de renverser les montagnes de L1 ?

Quelque part, c'est sans doute un peu vrai. Rendez-vous compte, avec toutes les péripéties et les incertitudes de l'intersaison et l'arrivée, lors de la dernière semaine avant la compétition, de huit nouveaux joueurs, on a quand même vécu une préparation particulièrement originale. Notre histoire est une histoire incroyable, qui ne sera sans doute pas renouvelée avant longtemps. Cette histoire est une succession d'événements exceptionnels qui, aujourd'hui, fait que tous les joueurs de l'OGCN qui se retrouvent sur le terrain se disent qu'ils vivent un immense bonheur.

- Pressentiez-vous une telle entame de Championnat à l'amorce de cette saison ?

Disons que j'avais essayé de choisir des joueurs conformes à mes principes. Des joueurs qui souscrivent avant tout à une certaine discipline et qui savent aussi apporter un peu de joie de vivre dans le groupe.
Ce mélange est pour le moment parfait. Si tout le monde a son petit destin personnel, ce dernier s'inscrit toujours dans un collectif. Et cet altruisme général c'est la force du groupe. Personnellement, je suis heureux d'entraîner une telle équipe. C'est la première fois que j'éprouve une telle sensation. Je ne me souviens pas avoir ressenti le même plaisir ailleurs.

- La solidarité n'est tout de même pas la seule vertu d'une équipe qui passe 4-0 à Strasbourg (2e j.), 3-0 à Lille (3e j.), 2-0 à Marseille (6e j.), et qui ramène un nul (1-1) du Parc des Princes contre le PSG (5e j.) !

Bien sûr, on ne joue pas mal, c'est certain. Sinon, on n'aurait pas 14 points. On a beaucoup travaillé, les joueurs ont bien adhéré au système de jeu. Peut-être avons-nous même effectué plus de séances d'entraînement que d'autres pour rattraper le retard accumulé durant l'été. J'ai un bon préparateur physique, Bernard Gines, qui m'a dosé tout ça comme il faut, et des ajdoints qui ont beaucoup contribué aux résultats actuels. Je pense à Gaby Desmenez, qui fait le travail de perfectionnement technique et d'observation des adversaires, et à Enrico Pionetti, l'entraîneur des gardiens, qui effectue un excellent travail avec Damien Grégorini et Bruno Valencony. J'estime que le premier a progressé de 80% depuis qu'il est arrivé chez nous.

- Le plus fort dans votre parcours, c'est que vous avez débuté ce Championnat par une défaite à domicile, contre Le Havre (1-2)...

C'est très étonnant, oui, parce que, franchement, on aurait pu prendre un coup derrière la tête et douter après ce premier match, même s'il n'était pas mauvais et que Le Havre s'était imposé sur un coup de dés. On ne méritait pas de perdre. Mais bon, on a refait surface juste derrière en dominant Strasbourg, encore une fois à domicile. On avait une grosse pression sur les épaules, mais on a su se montrer à la hauteur. Je crois aussi que la défaite initiale contre les Normands nous a aidé à surprendre nos adversaires suivants, lesquels nous sous-estimaient peut-être un petit peu.

- Quel est le match qui vous a procuré le plus de satisfactions à ce jour ?

Tous les matches m'ont ravi, même le premier, pourtant perdu. Le dernier, contre Guingamp, par exemple, nous a soudés encore un peu plus parce qu'il a été obtenu dans la difficulté et dans la fatigue.

- Redoutez-vous le jour ou l'0GC Nice rentrera dans le rang ?

Non, parce que nous sommes préparés à ça. ça arrivera certainement un jour ou l'autre. Nous, tout ce que nous voudrions, c'est repousser ce moment le plus possible. Mais on ne se fait guère d'illusions.
Le prochain match, contre Troyes, ce samedi au stade du Ray, sera déjà extrêmement difficile. Troyes est une équipe très bien organisée, bien regroupée, et qui possède de bonnes individualités.

- Comment vos joueurs vivent-ils ce statut de premiers de la classe, avec l'accès à la notoriété qui en découle ?

A Nice, on est loin de Paris... Alors, cela se passe bien. Pour le moment, c'est même plutôt sympathique.