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Benitez : « Tu dois attendre ton tour »
BeIn Sports, le 08/09/2018 à 00h50
Auteur d’un match époustouflant face à Lyon, Walter Benitez raconte comment il a vécu ce début de saison en tant que doublure de Yoan Cardinale. Malgré la concurrence instaurée par Patrick Vieira, le gardien niçois reste confiant et déterminé.
- Nice reste sur un succès à Lyon (0-1). Une victoire qui lance enfin la saison des Aiglons ?
C’est une victoire qui fait du bien pour le moral de l’équipe. C’est notre première de la saison. C’était important de prendre des points et de gagner un match comme ça. On a bien joué face à une bonne équipe de Lyon. C’est bien pour la confiance. Ça nous permet d’aborder les prochains matchs la tête haute. On va moins penser à notre début de saison compliqué. Ça nous libère. Maintenant on va pouvoir regarder plus loin. On peut car on a de très bons joueurs, avec beaucoup de qualités.
- Toujours sans victoire, est-ce que le groupe commençait à douter avant ce match ?
Non, on a confiance en nous. On sait que, d’un point de vue comptable, on a mal commencé la saison, mais ça arrive. Des fois, tu as beau faire ce que tu veux, bien jouer, tu n’arrives pas à gagner. On sait que la saison est longue, qu’il y a des matchs difficiles. Avant de rentrer sur le terrain, on s’est dit qu’il fallait tout donner. Même si on ne gagnait pas, on voulait donner le maximum. Et c’est ce qu’on a fait. On a montré qu’on était ensemble, qu’on avait bien travaillé la semaine.
- Nice a débuté sa saison par deux défaites à domicile et un nul à l’extérieur. Comment expliquer ces difficultés ?
Cet été, un nouvel entraineur est arrivé avec un style de jeu dans la continuité de ce que l’on faisait avec les coachs Puel et Favre mais en apportant de nouvelles idées. Il faut du temps pour que tout se mette en place. Des joueurs sont partis et d’autres nous on rejoint. On a besoin de matchs pour mieux se connaitre et trouver des automatismes.
- Patrick Vieira est arrivé cet été sur le banc niçois. Quel style d’entraineur est-il ?
C’est un entraineur qui veut qu’on joue, qu’on ait toujours le ballon. Par exemple, pour le gardien, il veut qu’on ressorte la balle proprement. Il ne veut pas qu’on dégage ou qu’on redonne le ballon facilement à l’adversaire. C’est un entraineur intéressant, qui a de grandes idées. On essaye de les travailler à l’entrainement et de les mettre en pratique le week-end sur le terrain. Il a joué dans de grandes équipes, en Italie, en Angleterre, il a gagné la Coupe du Monde. Dès qu’il parle, on est forcément très attentif. C’est un entraineur qui nous guide beaucoup, qui nous donne des conseils. C’est important pour nous les joueurs d’apprendre de son expérience.
- Cette trêve internationale coupe un peu l’élan niçois. A moins qu’elle vous permette de faire quelques ajustements ?
Un peu des deux. On veut toujours enchainer les matchs, surtout après une victoire, on veut continuer. Mais c’est bien aussi d’avoir une pause et donc plus de temps pour pouvoir travailler et s’améliorer. Même s’il manque certains joueurs qui sont partis en sélection, on continue à mettre en place les choses que nous demande le coach. On va garder le rythme et préparer déjà le match de la semaine prochaine (ndlr : Nice-Rennes, vendredi à 19h sur beIN SPORTS).
- Revenons sur ce match de Lyon où vous avez été héroïque avec pas moins de 9 arrêts ! Quel a été le plus difficile ?
Ça arrive de temps en temps des matchs comme ça ! C’est très important pour moi de faire des arrêts. Peu importe le nombre, du moment que j’aide l’équipe. Tous les arrêts sont difficiles. Il faut toujours se tenir prêt. Mais le plus compliqué selon moi c’est celui sur la tête de Ndombélé. Le joueur était très près de moi !
- Ce match était aussi une façon d’envoyer un message à votre entraineur, après avoir été remplaçant lors des trois premiers matchs de la saison…
Je travaille et je fais tout pour montrer que je suis prêt pour jouer. J’ai confiance en moi. J’ai déjà montré la saison dernière quand Yoan (Cardinale) s’est blessé que je pouvais jouer. Le coach m’a dit mercredi que j’allais débuter. Mon état d’esprit est toujours le même : faire un bon match et aider l’équipe.
- Alors que vous avez disputé 28 rencontres de Ligue 1 la saison dernière et que vous avez pris part aux matchs amicaux cet été, vous n’avez pas débuté la saison. Comment l’avez-vous vécu ?
J’ai appris que je ne serais pas titulaire quelques jours avant le début de la saison. C’était difficile. J’ai travaillé cet été pour montrer au coach que j’étais prêt à jouer. Mais je n’ai pas abandonné, j’ai relevé la tête. Je connais mes qualités. J’ai continué à travailler pour être prêt le jour où il ferait appel à moi.
- Pourquoi Patrick Vieira a-t-il préféré titulariser Yoan Cardinale plutôt que vous ?
Ça vous devait lui demander à lui (sourire). Le coach fait ses choix en fonction de ce qu’il pense être meilleur pour l’équipe. Il m’a tout expliqué ce qu’il pensait à ce moment-là. J’ai compris ses arguments. C’est sa décision, je la respecte même si ça n’a pas été facile car je veux toujours être sur le terrain.
- D’autant plus qu’à quelques jours de la fin du mercato, une rumeur évoquant un possible intérêt de Nice pour Kevin Trapp a également surgi…
J’ai entendu les rumeurs. Mais ça ne m’a pas affecté. J’ai confiance en moi, je sais ce dont je suis capable et ce que je peux apporter.
- Est-ce que la hiérarchie est désormais figée ?
Le coach nous a dit qu’on devait se tenir prêt à jouer, ne pas lâcher. Que même si on a joué le dernier match, il ne fallait pas rester tranquille et continuer à travailler.
- Etre gardien numéro 2 nécessite un sacré mental…
C’est parfois un poste ingrat. Quand on est joueur, on veut tout le temps être sur le terrain. Ce n’est pas comme les autres joueurs de champ qui peuvent changer de position. Le gardien, il n’y en a qu’un. Donc tu dois attendre ton tour. C’est compliqué, tu restes tout le match sur le banc. Il faut toujours penser positif. Pourtant, tu dois attendre que l’autre gardien se blesse, prenne un carton rouge ou qu’il traverse un moment difficile. Quand je suis arrivé à Nice, je suis restait 7-8 mois sans jouer, c’est comme ça. Mais je me tenais prêt au cas où j’allais avoir l’opportunité de jouer.
- Aujourd’hui, de plus en plus de clubs ont deux gardiens qui se partagent le temps de jeu. Est-ce une bonne chose ou préférez-vous la stabilité ?
Je trouve que c’est bien. Nous, l’année dernière c’est ce qu’on a fait. J’ai joué le championnat et Yoan Cardinale la Ligue Europa, la Coupe France et la Coupe de la Ligue. On s’entraine tous pour jouer donc c’est bien que tout le monde soit récompensé. C’est important pour la confiance. Il faut impliquer tout le monde.
- Cela fait maintenant deux ans que vous êtes arrivé en France. Quel premier bilan faites-vous ?
Je suis très content d’être à Nice. J’ai rencontré des personnes magnifiques. L’année dernière, j’ai pu jouer plus de matchs, c’était important pour moi. J’ai tenté l’expérience en Europe car selon moi c’est le haut-niveau. Que ce soit la qualité de jeu, des joueurs et des matchs, c’est le mieux au monde. Je voulais en faire partie et montrer mon potentiel. Donc ces deux dernières années sont très positives.
- Quel genre de gardien êtes-vous ? Qui vous a inspiré ?
Quand j’étais jeune, il y avait un gardien argentin que j’aimais beaucoup, Andujar. Maintenant, c’est Neuer. C’est le meilleur gardien pour moi. Tout ce qu’il fait, c’est magnifique ! Je dirais que mes points forts sont les sorties aériennes et les arrêts sur la ligne. Mais je dois encore progresser et grandir.
- Justement, quel est votre objectif à long terme ?
J’aimerais bien porter le maillot de la sélection. Ça serait un rêve. Plus jeune, j’ai été avec les Espoirs. Mais une blessure m’a éloigné des terrains pendant plusieurs mois donc je n’ai plus été appelé. Aujourd’hui, je pense que j’ai la possibilité d’aller en sélection. Je vais tout faire pour prouver que j’ai ma place.
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