Presse :
Citadelle imprenable !
Nice-Matin, le 23/09/2002 à 11h51
En n'encaissant que très peu de buts (quatre au total en huit matches), les coéquipiers de Cobos posent les fondations d'une aventure ayant forcément un avenir souriant. Jusqu'où peuvent-ils monter ? Personne (et surtout pas eux) ne connaît la réponse !
Et de cinq ! Les succès s'accumulent pour les Niçois depuis le début de la saison. Le compteur points gonfle de journée en journée. Et les sourires s'allongent.
Même l'entraîneur Gernot Rohr rajeunit. A travers ses combattants » d'aujourd'hui, il retrouve le guerrier bordelais qu'il était il n'y a pas si longtemps chez les Girondins. «La noblesse de notre défense m'a enthousiasmé. Elle était belle, propre, intelligente, esthétique !».
Licencié es-solidité et diplômé des hautes écoles du coffrefort et du marquage individuel, l'homme est un connaisseur. Qui mieux que lui peut distribuer ce genre de compliment ?
Après avoir enflammé ses matches au Ray, Nice, privé rapidement de Pitau (un deuxième carton plus que sévère), a pourtant été dans l'obligation de défendre le premier but en L1 de « Poussin » Meslin. Bec et ongles. A
l'ancienne, toute fierté dehors. La rage en bandoulière.
« On a des combattants, des types qui ont du coeur et du courage à revendre, dit encore le coach, sous le charme. Moi, j'aime ça. Par moments, quand je les regarde, j'en ai des frissons».
Comme le stade qui est en train de prouver que Nice a un grand public. Et que les années galère de D2 n'ont en rien émoussé son envie de regoûter rapidement aux délices du paradis. Et que le Gym n'avait vraiment rien à faire à
l'étage d'en-dessous.
«On n'est pas bien, là ?»
Dans un premier temps, Nice a fait sourire à la suite de sa rocambolesque aventure de l'été. Puis, Nice a attité la sympathie en collectionnant quelques bons résultats contre Paris et Marseille. Aujourd'hui, Nice interpelle, inquiète les observateurs. Ravit ses supporters.
Jusqu'où vont-ils aller dans leur quête de l'impossible ? Sont-ils capables de renouveler l'exploit des Monégasques de Delio Onnis, Ettori, Courbis, Gardon, Chaussin, Moizan, Vanucci, Vitalis, Petit, Noguès, Dalger... champions
de France 77/78 après être montés l'année précédente ? «Ne rêvons pas, minimise Rohr. Le maintien est toujours notre seul objectif. Plus, c'est bonus. Mais ce que je sais, c'est que sur le plan de la motivation, on ne sera jamais
loin des meilleurs !».
Contre Troyes, la démonstration a été prenante. A dix, en changeant de schéma tactique, l'équipe a fait bloc et n'a été réellement en danger que sur la tête de Régis sur la transversale dans les arrêts de jeu. « On est une des rares
équipes à savoir défendre très bas sans s'affoler, souligne Rohr. Contre nos deux lignes de quatre, Troyes a joué à la passe à dix sans jamais trouver la solution. Notre tactique hérisson les a déboussolés ».
Bernard Ginès, le préparateur physique, monte au ciel en regardant la classement. «On est pas bien là ?» L'accent chantant du Toulonnais en dit plus long qu'un discours.
Le challenge de Grégorini
Damien Grégorini en rajoute une couche. L'imperméabilité de sa défense qui date du nul 1-1 à Paris (287 minutes, série en cours) ne lui a pas échappé.
« Troyes s'est obstiné dans sa volonté de procéder par de longs centres. Là, dans cette zone, on les attendait. De plus, entre nous, il y a comme une sorte de challenge à ne pas prendre de buts. Les équipes solides ne
descendent jamais !
Sur le penalty de Linarès, je le fais au feeling. Tant mieux, ça nous a réveillés, on en avait un peu besoin ! ».
«Pancho» Abardonado rayonne et approuve. « Chaque match est une guerre totale ! On va au combat partout. Par moments, on a eu du mal, mais on ne s'est jamais découragé et on a toujours rectifié le tir. Ce résultat nous
permet de toujours rêver. Et ça, c'est drôlement excitant. Ça me rappelle Lorient encore que, en Bretagne, on se reposait beaucoup sur des individualités comme Darcheville et Feindouno. Alors qu'ici, c'est le groupe avant tout ».
Yoann Bigné partage ce point de vue. « L'expulsion de Romain nous fait mal. La mi-temps nous a remis les idées en place.
Après, c'est un, problème entre le public et nous : comment décevoir des gens aussi merveilleux ! ».
Sur la table de massage, Eric Roy tente de récupérer. Toute la soirée, il a joué les guides et les boucheurs de trous. Au bout, la satisfaction est totale. « On n'a pris que quatre buts depuis le début de la saison, c'est un vrai signe.
Cela nous ouvre des horizons. En laissant le ballon aux Troyens, on a soigné notre organisation. La solidarité et l'abnégation ont fait le reste. La belle histoire continue car nos efforts sont payés. Même le destin nous fait de
temps en temps un clin d'oeil, La chance ne tourne jamais le dos aux faibles ».
Handicapés à Sochaux
La semaine va être belle. Les entraînements d'une équipe qui gagnent sont toujours joyeux. Quatre garçons sont pourtant dans le vent et « out » avant d'aller à Sochaux, Bigné, Cobos, Pamarot et Pitau seront suspendus.
Quatre « grognards » de la défense. Un vrai handicap chez des Doubistes qui viennent de réaliser une excellente opération à Ajaccio et qui pointent à un classement flatteur (13 points). Faudra-t-il pour autant revoir les ambitions à la baisse ? Adopter une autre stratégie ? Modifier ses comportements ? Yoan Bigne a déjà son idée : Il n'est pas question de chercher des excuses. Aux remplaçants de prouver qu'ils sont capables de bien tenir leur rôle et de
ramener quelque chose de là bas. Mais entre nous, personne n'en doute ! ».
En quittant le Ray, les Troyens avaient peut-être compris que cette formation de Nice était décidément spéciale ...
Une équipe est née...
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