Presse :
Une Journée avec Meslin
L'équipe, le 24/09/2002 à 20h43
Comme ses coéquipiers, le buteur normand était au repos hier. Découverte.
Comment se sent Christophe Meslin, buteur décisif contre Troyes (1-0, samedi), en ce lundi matin ? "Ca va, comme un lundi. C'est assurément le meilleur jour de la semaine, avec le jour des matches bien sûr. On ne s'entraîne jamais le lundi, et c'est vraiment le jour où on peut décompresser totalement, laisser le temps couler tranquillement. C'est un luxe." Le soleil s'est levé à 7h19 sur la Riviera, de mauvais poil. Le ciel azuréen fronce ses sourcils noirs, le temps est aux sanglots, l'indice de pollution est moyennement bon (4) et la Méditérrannée, placide, déverse ses flots encore chauds sur l'étendue de galets désertée. Seuls quelques pêcheurs ont sorti le ciré jaune pour s'isoler sur les digues. Le week-end s'est refermé sur un triathlon international qui a ravi des milliers d'amateurs et irrité automobilistes et commerçants du port. Le comité régional du tourisme s'est félicité de la bonne tenue de son secteur depuis le début de l'année, tandis que l'opéra de Nice s'apprête à relever son rideau sur un classique, Roméo et sa copine Juliette.
Depuis la terrasse de sa résidence située sur les hauteurs reposantes des quartiers ouest de Nice, "Poussin" Meslin s'est étiré dès 9 heures devant le tableau naturel de la baie niçoise. A englouti un bol de céréales, un chocolat chaud et des petits gâteaux. Est allé chercher son courrier mais n'a pas ouvert la lettre de sa banque, puis au bureau de presse chercher Nice-Matin et L'Equipe, pour les éplucher en écoutant les clips des chaînes musicales du satellite. "Après, j'essaie de me recoucher, ou au moins de me reposer pour récupérer le plus possible."
Avec l'esprit zen, c'est plus douillet. A Nice, derrière la plage, le drapeau est rouge et noir, les Aiglons sont au sommet de la vague, et le p'tit gars de Normandie a enfin trouvé le chemin des filets, samedi soir. "Il était temps que ca arrive, même sur un pénalty, parce que c'est vraiment frustrant pour un attaquant de voir le temps passer sans avoir réussi à marquer. En plus, je le sentais venir après le pénalty un peu litigieux accordé à Troyes. Et j'avais dans l'idée de le frapper au milieu. Ca a marché, et ca soulage."
Fringues et famille
Parmi les endroits où "Poussin" aime soulager sa conscience, il y a Nice Etoile, une ruche commerçante montée sur quatre étages, en plein coeur de la ville. C'est là qu'il a déjeuné sur le pouce, hier midi, avec sa petite amie. Ambiance tomate-mozzarella et salade fraîche dans un brouhaha fuyant, quasiment incognito. "Ici, j'aime bien faire les magasins, m'acheter des fringues. Sans faire d'excès. A Nice, il ne faut pas trop se laisser aller. Je ne suis pas un fêtard, je fais juste une sortie de temps en temps, au cinéma ou sur la plage, comme à Villefranche-sur-Mer, où je vais souvent le dimanche après-midi. Sinon, je préfère rester chez moi à regarder un bon film ou un documentaire sur les animaux, parce qu'ici la mentalité est un peu spéciale. C'est une ville qui sent l'argent. On va te regarder si tu passes avec une voiture décapotable, ou c'est à celui ou celle qui se fera le plus remarquer par son côté branché. Dmitry Rybolovlev apporte une «contribution financière» Je sais qu'on veut nous offrir des Jaguar, mais je pense que je garderai ma voiture. Après, quand il s'agit de rendre service pour des causes justes ou de faire plaisir à ces supporters qui aiment vraiment le club et ses joueurs, pas de problème. Le mois dernier, par exemple, à la demande de la Croix-Rouge, je suis allé à la rencontre d'enfants défavorisés qui partaient à 8 heures du mat' pour une journée de voyage en Italie. On a pris des photos, c'était touchant."
Le temps de récupérer un jean noir ajusté sur mesure et de flâner en attendant que la pluie stoppe son élan rageur, et le voilà arrivé en fin d'après-midi dans le cabinet du kiné du club, Bruno Mignante. "Je dois encore muscler mon genou droit et consolider le ligament qui s'était distendu voilà un mois. Il y a une salle de muscu, j'y fais des mouvements avec des poids et des flexions avec une barre d'haltérophile."
Ensuite, retour à la maison, petit jeu en solo devant le panneau de basket près de chez lui, soirée pépère et coup de fil rituel à sa Normandie. "Tous les soirs, j'appelle mes parents. J'ai besoin de savoir si ca va bien pour eux, parce qu'ils sont loin. Si ça va bien pour eux, je joue bien. J'ai réalisé mon grand projet il y a trois semaines, à savoir leur acheter une maison. C'était l'un des plus beaux jours de ma vie, parce qu'avant on résidait en HLM et ils m'ont toujours accompagné vers mon but, devenir footballeur. Ils étaient là qu'il neige ou qu'il pleuve, et j'ai toujours voulu leur apporter un petit rayon de soleil."
Johan Rigaud
L'équipe
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