491 connectés
Accueil > Multimedia > Presse > Gouiri, si discret surdoué lyonnais


Presse :

Gouiri, si discret surdoué lyonnais

L'Equipe, le 14/02/2022 à 00h55

L'attaquant niçois Amine Gouiri a toujours préféré s'exprimer sur le terrain, où ses exploits l'ont très tôt destiné à briller avec l'OL, son club de coeur. Il l'a quitté plus vite que prévu.

Sur les photos, il dépasse ses plus grands coéquipiers d'une tête. Ses épaules sont bien plus larges, aussi, et les vidéos de ses buts laissent croire qu'un adulte s'amuse au milieu d'enfants incapables de l'arrêter. Amine Gouiri n'a pourtant que douze ans quand il emmène Bourgoin-Jallieu jusqu'en Pologne, où se dispute la Danone Cup. Avec lui, le petit club isérois tenait une chance unique d'accéder au tournoi international, et il l'a donc fait jouer dans sa catégorie d'âge, pour une fois.

« Quand Amine est arrivé à onze ans. on la vite aligné avec les - 13ans et on l'a fait monter en - 15ans au bout de trois mois. On avait arrêté les surclassements mais lui, c'était l'exception. Et on n'avait jamais fait un double surclassement, se souvient Manuel De Almeida, manager général de Bourgoin-Jallieu. Avec sa génération 2000, il a seulement joué la Danone Cup et il a marqué but sur but. Athlétiquement, il était largement au dessus. » Quand il évolue avec des joueurs plus vieux, le décalage reste spectaculaire, voire suspect. « Pour un challenge de l'offensive entre les meilleures équipes - 13ans de France. on l'a pris avec notre génération 99, poursuit De Almeida. On est en train de gagner 7-0, grâce à lui, quand l'entraîneur adverse, en colère, me dit qu'Amine ne peut pas être un 99. Il était persuadé qu'il était au moins né en 98. Je lui ai répondu que c'était vrai, Amine n'était pas un 99 mais un 2000... Il dégageait une grande puissance. Il marquait sans problème des buts de 25 mètres en -15ans, ce qui est très rare, et je le voyais faire les gestes qu'il réussit en L1. »

"Les coaches adverses disaient qu'il était trop petit et qu'on n'avait pas le droit de le surclasser"
El Mostafa Moumjid, président de l'Isle-d'Abeau


L'attaquant niçois les réalise désormais avec un gabarit qui n'est plus vraiment impressionnant, car ils est arrêté de grandir à 1,81 m. Sa taille l'a aidé à l'adolescence mais elle n'a jamais été un facteur déterminant dans sa réussite, car il brille depuis tout petit et c'était déjà un motif de polémique. « Pour lui, ce n'était pas intéressant de jouer avec les débutants et les poussins, on a dû le surclasser de deux catégories, raconte El Mostafa Moumjid. président de L'Isle-d'Abeau, qui a accueilli Gouiri de 2006 à 2011. Les coaches adverses arrêtaient souvent le match et voulaient vérifier sa licence. D'habitude, quand tu triches, tu mets un joueur plus vieux. Là, c'était le contraire, ils disaient qu'il était trop petit et qu'on n'avait pas le droit de le surclasser ! Ils cherchaient toujours â savoir si le petit était lâ. Lui, il était dans sa bulle et il enchaînait les buts, ils étaient dégoûtés... »

Ils sont nombreux, en Isère, à avoir été traumatisés par les Gouiri, redoutable famille de joueurs tournés vers l'avant. Il y a d'abord le père, Zaïr, milieu technique qui quitte Lyon pour s'installer à L'Isle-d'Abeau, village collé à Bourgoin-Jallieu. Gerland n'est pas loin, à une heure de route, et l'OL fait battre le coeur des enfants qui vont au stade dès qu'ils peuvent obtenir des billets à tarif réduit. « Mon père nous a toujours dit que c'était le club phare. Si on pouvait y jouer, il fallait y aller et je n'ai donc pas eu le choix quand j'ai été contacté, même si je voulais rester avec mes copains de l'Isle-d'Abeau, souffle Saïd, le frère aîné. Ça ne s'est pas bien passé pour moi au centre, mais Amine m'avait dit qu'il aimerait trop faire ça. On a sept ans d'écart mais on a toujours fait des concours. Il assistait avec mon père à mes gros matches, comptait mes buts, toujours dans l'idée de dire qu'il ferait mieux plus tard. »

Les deux attaquants ont ainsi comparé leurs statistiques à douze ans : Saïd avait atteint la centaine de buts en neuf mois, ce qui faisait de lui une terreur locale. Mais il paraît que les records sont faits pour être battus, et Amine en a empilé plus du double sur une saison. car il ne se lassait jamais de frapper. « Amine a joué son premier match avec Bourgoin contre l'Isle-d'Abeau, et il s'est mis à marquer. Je me disais qu'il n'allait quand même pas mettre dix buts. Il les a mis, sourit Saïd. À l'Isle-d'Abeau, il a développé ses qualités individuelles car l'équipe comptait sur ses exploits. S'il fallait dribbler quatre joueurs pour marquer, il le faisait. À Bourgoin. il a découvert le jeu collectif, à la lyonnaise. » Il s'entraîne d'ailleurs avec le maillot de l'OL et aimante les comparaisons avec Karim Benzema puisque le Franco-Algérien est aussi à l'aise pour marquer que pour combiner. C'est écrit, son avenir passera par Lyon.

"Pour le faire sourire, il fallait y aller. Il a toujours eu ce côté introverti"
Manuel De Almeida, manager général de Bourguin-Jallieu


Directeur de l'Academy de l'OL, Jean-François Vulliez profite d'un déplacement de ses -15 ans à Bourgoin pour observer celui qui faisait tant parler: « Il avait 13ans et c'était une évidence, il devait nous rejoindre. Au-delà de sa précocité athlétique, il avait une science du jeu très élevée. Sa sensibilité de pied était déjâ intéressante, comme son envie de marquer. Il était grand mais très véloce. Quand tu vois ça, tu ne te poses pas trop de questions. » Echaudé par l'échec lyonnais de son frère, Amine hésite davantage, surtout qu'il a le choix. Il est notamment courtisé par Nancy, mais c'est justement Saïd qui le convaincra de choisir la proximité. Il n'a aucune raison de le regretter car sa progression est linéaire et les buts continuent de pleuvoir froidement, comme une routine.

« Pour le faire sourire, il fallait y aller, s'amuse De Almeida. Il a toujours eu ce côté introverti, sans folie. Il n'était jamais désagréable, on na pas eu le moindre problème avec lui. Mais quand il marquait il ne montrait rien du tout. » Dans le vestiaire, il reste très discret. « Il fallait lui poser des questions pour qu'il parle, note Vulliez. C'était surtout un leader technique qui met en confiance l'équipe, car avec lui on sait qu'on peut marquer. » À l'OL. il est également surclassé et c'est une explication de sa timidité. « Quand tu es avec les grands, ce n'est pas à toi de mettre l'ambiance, remarque Pierre Kalulu, le défenseur de l'AC Milan qui l'a accompagné au centre de formation. Il a toujours eu un temps d'avance, mais il ne voulait pas rappeler qu'il était au-dessus, il est très humble. Tu ne vas pas l'entendre parler dans un vestiaire. Après, en comité réduit, il fait ses blagues et c'est un vrai mec tranquille, de notre âge. »

Sur les terrains surplombés par l'église de L'Isle-D'Abeau, il n'était pas là pour plaisanter car il se mesurait aux copains de son grand frère Saïd, qui ne lui faisaient pas de cadeaux : « Les contacts l'ont forgé. Quand on lui rentrait dedans, il tombait, se faisait mal sur le goudron, mais il avait tellement envie que ce n'était pas grave. » Le foot est une passion mais c'est aussi un métier qui se dessine très tôt. « Il était destiné à faire carrière, assure Idir Tinouche, voisin et ami d'enfance. Il a toujours été très sérieux. Dès qu'il a intégré le centre de formation, il me parlait de préparation invisible. » La rigueur est récompensée par une première apparition en L1 à 17 ans, en novembre 2017, et par son contrat pro signé dans la foulée. Bruno Genesio l'appelle régulièrement avec l'équipe première et la saison 2018-2019 doit être celle de son éclosion. Elle sera celle de l'épreuve, car il se rompt les ligaments croisés du genou gauche le 17 août.

"Toute cette fin de saison qu'il n'a pas faite en 2020, à cause du Covid, aurait pu changer la donne"
Jean-François Vulliez, Directeur de l'Academy de l'OL


« Il a effacé rapidement ce coup dur, se rappelle Saïd, qui a dû renoncer au haut niveau après avoir cumulé les graves blessures aux genoux. Il voulait revenir rapidement et ça ne la pas atteint mentalement. » En neuf mois, il laisse forcément filer des trains mais Vulliez estime que ça ne l'a pas empêché de progresser : « Les croisés, ça l'a professionnalisé dans sa tête pour l'alimentation, le sommeil. Certaines personnes doutaient mais il en a profité pour se renforcer. »

Quand il est rétabli. Sylvinho et Rudi Garcia ne le regardent toutefois pas comme le faisait Genesio, et Gouiri ne retrouve pas la trajectoire qui lui était promise. « Je pense qu'il est meilleur techniquement depuis sa blessure. Il aurait pu rester comme d'autres sur ses points forts de buteur, mais il a fait un vrai effort et peut maintenant jouer sur le côté, analyse Kalulu. On était dans une impasse. On était bons en sélection et avec la N2 mais la seule récompense était de participer aux entraînements des pros. On en parlait beaucoup. C'est dommage car on aimait vraiment le club... »

Pour la première fois, Gouiri ne marque pas quand on lui donne quelques minutes en L1, et il se contente de flamber en Youth League. Comme il ne veut pas être prêté, un transfert devient la solution. « Toute cette fin de saison qu'il n'a pas faite en 2020, à cause du Covid, aurait pu changer la donne, regrette Vulliez. Maintenant, on pleure tous les week-ends... » Si le directeur de l'Academy lâche cette phrase en souriant, elle reflète rattachement de la formation à Gouiri, dont les exploits niçois ont parfois été célébrés dans le bus de la réserve lyonnaise. Le buteur est parti sans aigreur, mais personne ne peut cacher que son histoire avec l'OL reste inachevée.


L'OL avait préféré Toko Ekambi
Le transfert d'Amine Gouiri à Nice, à l'été 2020, avait été mal vécu par de nombreux supporters lyonnais, qui attendaient son éclosion après qu'il se soit rétabli de sa grave blessure au genou gauche à l'été 2018. Dix-huit mois après, le club lyonnais regrette-t-il son choix? Sur le moment, il y avait eu quasi unanimité. Juninho, souvent critique avec les jeunes du centre de formation, avait expliqué à l'époque « comprendre » la volonté de Gouiri d'être transféré : « Parfois, tu as la sensation que tu vas laisser partir un jeune qui pourrait t'apporter, mais c'est peut-être le moment, aussi, rappelait le Brésilien, alors directeur sportif de l'OL. S'il reste, il peut se retrouver quatrième ou cinquième attaquant, perdre son temps. »
Au début de la saison 2020-2021, Gouiri allait passer derrière Memphis Depay, Moussa Dembélé, Karl Toko Ekambi et Tino Kadewere, notamment. Dembélé ne serait prêté à l'Atlélico de Madrid que six mois plus tard. Rudi Garcia, l'entraîneur lyonnais, avait assez facilement accepté son départ (« Devant on est super bien armés, même trop ») expliquant même que celui-ci n'aurait « aucune incidence pour l'OL. »
Pendant l'été 2020, le club lyonnais, en fait, avait ainsi présenté l'alternative stratégique, en interne : faire confiance à Amine Gouiri ou lever l'option de Kart Toko Ekambi auprès de Villarreal pour 11,5 M€, plus 4 M€ de bonus. Et c'est Toko Ekambi qui avait été choisi. La suite de l'histoire? En janvier 2021, pour remplacer Moussa Dembélé, l'OL avait quand même dû recruter un avant-centre, Islam Slimani.






- Retour -






11e journee de Ligue 1
dim. 10/11/2024 à 15h


Nice - Lille : 2-2

Photos » Vidéo »



  12e journee de Ligue 1
dim. 24/11/2024 à 20h45



Pts J V N D Diff
 4.    Lille 19 11 5 4 2 +7
 5.    Lyon 18 11 5 3 3 +3
 6.    Nice 17 11 4 5 2 +10
 7.    Reims 17 11 5 2 4 +4
 8.    Lens 17 11 4 5 2 +3



   9e  dim. 27/10 (17h) Nice - Monaco : 2 - 1
   10e  sam. 03/11 (19h) Brest - Nice : 0 - 1
  jeu. 07/11 (18h45) Nice - Twente : 2 - 2
   11e  dim. 10/11 (15h) Nice - Lille : 2 - 2
   12e  dim. 24/11 (20h45) Nice - Strasbourg
  jeu. 28/11 (21h) Nice - Rangers
   13e  dim. 01/12 (17h) Lyon - Nice


Actu Foot  | OM  | Actu PSG  | Coloriages 

© 1997 - 2025 Ogcnissa.com © - Crédits - Contact