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Rohr : "On sort des assedics !"
Est-Républicain, le 26/09/2002 à 23h03
Les Niçois entraînés par Gernot Rohr reviennent de loin. Si leur club n'avait pas été admis en L1, les leaders du championnat de France pointeraient peut-être au chômage.
Sur la Promenade des Anglais, c'est actuellement un Allemand qui se balade. Gernot Rohr, l'entraîneur germanique de l'OGC Nice, est en train de signer un véritable chef d'oeuvre. Sportif mais également humain. « Je trouve le scénario formidable » sourit le coach finaliste de la Coupe UEFA 96 avec les Girondins de Bordeaux version Dugarry-Lizarazu-Zidane, « Un réalisateur devrait s'en inspirer pour viser une palme d'or au Festival organisé par nos voisins cannois ! ».
De la tristesse d'une relégation en National en juin dernier jusqu'à l'extase du maillot jaune de L1 aujourd'hui, en passant par l'haletant suspense des réunions du CNOSF et de la DNCG qui ont débouché sur le repêchage parmi l'élite... Il y a en effet de quoi réussir un film à émotions. Dont l'happy-end rêvé serait « le maintien en Ligue 1 » selon Gernot Rohr.
En lisant ces lignes, certains imagineront que le metteur en scène des Aiglons joue la comédie pour protéger sa troupe. D'autres, à juste titre sûrement, estimeront qu'il ne fait pas de cinéma.
- Gernot, l'OGCN se trouve-t-il sur un nuage ?
Les gens peuvent interpréter notre classement de cette façon. D'ailleurs, je ne nie pas que nous avons un peu la tête dans les étoiles. Mais le plus important, c'est qu'on garde aussi les pieds sur terre. Tôt ou tard, nous allons redescendre de là -haut, de notre fauteuil de leaders... Cela ne nous empêche pas de profiter de la situation en regardant dans le rétroviseur.
- Qu'apercevez-vous, alors ?
On repense à notre préparation de la saison sans contrat ni équipementier. Le 2 juillet, jour de la reprise, plusieurs de mes gars pointaient au chômage. On sait d'où on vient : on sort des Assedics !
Ils vont rouler en Jaguar...
- Comment peut-on expliquer l'invraisemblable début de championnat de vos Aiglons ?
Ne parlons pas de miracle. A mon sens, nous avons tellement frôlé le pire que le simple fait d'être en vie nous aide à renverser des montagnes. C'est une réaction humaine. Une personne indemne après un accident ou une grave maladie reprend son travail avec une énergie décuplée. Elle ne va pas se plaindre au moindre petit problème. Idem pour mes joueurs. Après avoir failli évoluer en National, ils n'oseraient pas critiquer une pelouse ou un arbitre de L1.
Vous devez être fier d'entraîner cette équipe ?
Oui. Ensemble, on se retroussera toujours les manches pour avancer. Contre Troyes, au cours de la seconde période disputée en infériorité numérique, cette solidarité nous a permis de préserver le score de 1-0. J'ai la chance de travailler avec des mecs en or. En renonçant à leur prime de montée, ils ont prouvé leur amour pour l'OGCN. Et gagné le coeur du public. Des liens très forts unissent désormais les Niçois à leur club de foot.
- Après avoir fait des sacrifices financiers, vos joueurs vont recevoir une Jaguar de la part d'un nouveau sponsor. Risquent-ils de s'embourgeoiser ?
Impossible ! Quelles que soient nos performances, on ne roulera jamais les mécaniques (rires)... A ce sujet, je me suis renseigné sur les Jaguars en question. Ce sont les plus petites et les moins chères de la marque. Comme la Smart chez Mercedes ! Bref, ces voitures colleront à notre image. A Bonal samedi, vous verrez un Gym humble et respectueux de l'adversaire.
- Votre groupe compte quatre suspendus pour ce déplacement en Franche-Comté...
Ce n'est pas dramatique. On préfère venir jouer un match de L1 à Sochaux qu'une rencontre de National à Besançon !
Romain Jacquot
Est-Républicain
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