Presse :
Nice, dernier espoir français
L'Equipe, le 09/03/2023 à 09h25
Dans un contexte géopolitique lourd, les ambitieux Niçois, derniers représentants français sur la scène européenne, affrontent en huitièmes de finale de la C4 le Sheriff Tiraspol, en pensant aussi à l'indice UEFA de la France.
La barre d'immeuble décatie qui surplombe le stade Zimbru a plusieurs pouvoirs: elle téléporte le spectateur à la grande époque de l'URSS et elle offre un point de vue idéal aux malheureux qui n'ont pas eu de places.
Ils étaient nombreux à se masser sur les balcons pour voir Cristiano Ronaldo marquer contre le Sheriff Tiraspol le second but de Manchester United (2-0, le 15 septembre) en phase de groupes de Ligue Europa, mais il n'y avait plus de problèmes d'affluence en barrages aller de Ligue Europa Conférence, contre le Partizan Belgrade (0-1, le 16 février).
Par crainte d'un coup d'Etat russe, la rencontre s'est disputée à huis clos et le contexte ne s'est pas allégé depuis, même si ce huitième de finale contre Nice est ouvert aux spectateurs et aux 80 supporters du Gym qui sont venus. Le club leur a pourtant déconseillé de faire le voyage car Tiraspol est niché en Transnistrie, région moldave qui a autoproclamé son indépendance. Comme elle est pro russe et que l'Ukraine est toute proche, l'UEFA demande au Sheriff de jouer ses matches européens à Chisinau, la capitale de la Moldavie, dont l'aéroport est convoité par Vladimir Poutine.
Voilà pour le décor, que ne peuvent pas ignorer les Niçois car Didier Digard a dû répondre hier à plusieurs questions moldaves sur le sujet. L'entraîneur a réussi à ne pas provoquer d'incident diplomatique et il faut dire qu'il ne rate pas grand-chose depuis qu'il a remplacé Lucien Favre, le 9 janvier. Il est toujours invaincu en L1 et il aborde son premier rendez-vous européen avec une confiance aussi élevée que les ambitions de ses dirigeants, qui rêvent d'aller loin en C4.
« On a fait beaucoup d'efforts pour arriver jusqu'ici et on ne compte pas lâcher maintenant, soutient Digard, qui a souri quand les Moldaves ont assuré que Nice était un favori de la compétition. C'est très flatteur d'être favori contre un club qui a joué la Ligue des champions et vient d'éliminer le Partizan, qui était dans notre groupe et nous a posé beaucoup de problèmes. »
"On a de gros objectifs et on pense à aller au bout"
Dante
Les Aiglons avaient fini premiers après une soirée brûlante à Cologne (2-2, le 3 novembre), qui avait laissé cro ire que Favre tenait quelque chose, et ils ont pris trop d'élan depuis janvier pour avoir peur du Sheriff. « On a de gros objectifs et on pense à aller au bout, mais il faut respecter le chemin et être concentrés sur chaque match », prévient le capitaine Dante, aussi à l'aise dans une défense à trois qu'à quatre. Avec le retour de Youssouf Ndayishimiye, capable de jouer derrière ou au milieu, les Niçois peuvent évoluer dans les deux systèmes et ils ont assez de ressources offensives pour pallier les blessures d'Aaron Ramsey, Sofiane Diop et Nicolas Pépé. La surprise ne peut donc être que mauvaise, pour Nice et pour la L1, qui a cruellement besoin d'un parcours continental digne de ce nom. « On en a conscience, avoue Digard. Si on veut bénéficier de plus de places européennes dans le futur. on sait qu'on joue pour toute la France. » Il serait ainsi malvenu de tomber face à un club moldave, alors que la France n'a rien d'autre à regarder ce soir.
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