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Jérôme Alonzo : « Nice est un leader crédible »
L'Equipe, le 02/11/2023 à 09h28
Formé à Nice où il fit ses débuts professionnels, l'ancien gardien Jérôme Alonzo, aujourd'hui consultant sur la chaîne L'Équipe et Prime Video, estime que les Aiglons sont taillés pour le podium.
- Jérôme Alonzo, êtes-vous surpris de retrouver Nice leader après dix journées ?
Cette première place est surprenante mais elle n'est pas usurpée. Nice est un leader crédible qui n'a pas volé ses victoires à Paris (3-2, le 15 septembre) et à Monaco (1-0, le 22). Lors de la 1re journée contre Lille (1-1, le 11 août) que je commentais pour Prime Video, on avait évoqué le changement de cap du projet Ineos avec le président Jean-Pierre Rivère, annoncé moins clinquant. Peut-être qu'en enlevant un peu de pression, ça a désinhibé les joueurs qui étaient déjà là . J'ai bien aimé ce discours qui disait : "laissez-nous bosser dans notre coin." Je ne suis pas loin de penser que les bons résultats de ce début de saison sont liés à la "réhumanisation" du projet, avec l'arrivée d'un entraîneur jeune, dynamique (Francesco Farioli) qui a aussi bénéficié du très bon boulot effectué par Didier Digard en fin de saison dernière. Le groupe était mûr pour l'aventure que Nice vit aujourd'hui.
- Quelle est la patte Farioli, un jeune entraîneur (34 ans) sans grande référence ?
On a eu du mal à la voir en tout début de saison mais son projet de jeu commence à être lisible : déplacer le bloc, être patient, partir de derrière en utilisant Marcin Bulka, Dante et Jean-Clair Todibo comme les lanceurs de jeu, et contrôler le tempo du match : parfois lent jusqu'à presque chiant comme contre l'OL (0-0, le 27 août) et parfois un peu fou si l'adversaire te le permet comme à Paris. Et il s'appuie sur une base physique intéressante, comme on l'a vu à Monaco où Nice avait fait la différence en fin de match.
- Les Aiglons peuvent-ils tenir sur la saison ?
Toutes proportions gardées, ce Nice-là me rappelle le PSG de 2003-2004. Le PSG de Vahid (Halilhodzic) n'était pas que chiant (rires). On avait terminé 2e derrière l'OL en prenant très peu de buts (28) et en gagnant souvent 1-0 (12 fois). Dans le profil des joueurs, le don de soi, la solidité, je trouve beaucoup de similitudes. Au milieu, Youssouf Ndayishimiye me rappelle Lorik Cana ou Modeste M'Bami. Derrière, Todibo-Dante, c'est un peu ma charnière Frédéric Déhu - José-Karl Pierre-Fanfan. Morgan Sanson a un profil qui se rapproche de Fabrice Fiorèse à l'époque.
« Devant, il y a encore une alchimie à trouver »
- Mais devant, Nice, dont le meilleur buteur Terem Moffi plafonne à 3 buts, n'a pas l'équivalent d'un Pedro Miguel Pauleta.
Ils ont quand même Moffi, Gaëtan Laborde et Jérémie Boga, dans des profils très différents, qui peuvent chacun te mettre 10-12 buts sur la saison. Je pense que ça peut faire la maille pour permettre à Nice de finir sur le podium. Sans être toujours brillant, Nice reste solide et donne l'impression d'une équipe qui peut aller loin. La défense, c'est acté : Nice est cataloguée "équipe très dure à bouger". Maintenant, tu sais que si l'adversaire maîtrise Terem (Moffi) ou Gaëtan (Laborde), tu feras beaucoup de 0-0. Devant, il y a encore une alchimie à trouver.
- Les affaires extra-sportives (polémique Todibo, suspension d'Atal, tentative de suicide de Beka Beka, procès Galtier en décembre...) risquent-elles de perturber l'équipe ?
Pour moi, ça ne peut pas impacter l'équipe sur le long terme. Ce n'est pas comme s'il y avait eu une trahison ou une bagarre en interne. C'est un groupe intelligent, bien encadré par des leaders expérimentés, comme Dante, Gaëtan (Laborde) ou Morgan (Sanson), qui aident beaucoup.
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