Deux erreurs de Chaigneau qui coûtent cher

Il est des intérims plus lourds à assumer que d'autres. Surtout à un poste aussi exposé que celui de gardien de but, où tout geste approximatif devient rapidement sujet de moquerie. Florent Chaigneau est jeune et, hier soir à Nice, il a sans doute payé cher pour apprendre.

Deux terribles fautes de main du portier rennais ont empêché l'équipe de Laszlo Bölöni de ramener un bon résultat de la Côte d'Azur. Face à un Gym moyen, les Bretons avaient les moyens de se rassurer avant le match de mercredi à Nantes. Mais c'était sans compter sur ces bourdes étonnantes.

À la 42e minute d'une mi-temps plutôt bien gérée par les Rennais, le remplaçant de Petr Cech, brillant huit jours plus tôt, a rompu, pendant une fraction de seconde, le fil conducteur. Le coup franc brossé par Léonard ne paraissait pourtant pas bien méchant, même si Bigné s'était chargé de le prolonger d'une tête retournée peu académique. Après un « voyage » dans le ciel azuréen, le cuir épousa une trajectoire étrange, comme aspiré par la cage rennaise. Florent Chaigneau, en voulant bloquer cet objet volant identifié au lieu de le boxer, se retrouva en fâcheuse posture. De peur de franchir la ligne avec, le gardien le relâcha... dans les pieds du rusé Meslin, tout heureux de se rappeler au souvenir de son ancien club.

Un coup malheureux qui assomma un camp rennais jusque-là plutôt rassuré par la prestation des siens. Une semaine après la déculottée devant Nantes, les Bretons avaient, en effet, plutôt bien abordé le match, se créant plusieurs bonnes situations devant le but de Grégorini. Une domination confirmée par les chiffres avec six corners en 25 minutes pour les Stadistes. Les Niçois n'étaient pas au mieux et donc pas mécontents de rejoindre les vestiaires avec cet avantage. Une pause qui ne nettoya pas la tête de Chaigneau, encore hantée par toutes ces vilaines images. Quatre minutes après la reprise, un tir d'un Simone asthmatique était encore relâché par le gardien, permettant à Laslandes de doubler la mise (49'). Un voile venait de recouvrir la délégation rennaise...

Mais, parfois, l'adversité devient une alliée. La réaction des Bretons fut superbe de volonté avec une énorme domination rapidement récompensée. Après que Källström eut touché le poteau (51'), Piquionne se trouva à point nommé pour reprendre un centre de Jeunechamp (55'). L'espoir était revenu et sur un coup franc de Källström, Ouaddou fut tout près de pousser la balle au fond (61'). La fin de rencontre ne fut qu'une accumulation d'occasions devant la cage de Grégorini. Mais le réalisme était niçois, car après un tir Meslin sur le poteau (77'), Everson, dans les arrêts de jeu, corsa une addition bien trop lourde.

Le sport est parfois cruel. Au lieu de tendre une main, le sort a paralysé celles d'un Chaigneau qui va devoir évacuer sa déception avant mercredi. Personne ne lui en tiendra rigueur. Et puis ses malheurs auront au moins permis de montrer que Rennes, dans l'adversité, a du coeur et du caractère. Et ce ne sera pas inutile avant d'aller défier Nantes...

Edouard REIS-CARONA
Ouest-France