La Brigade Sud Nice

Ce nom martial qui claque fièrement comme un drapeau au vent est aujourd'hui inséparable du football niçois. On en parle beaucoup en ville, certains l'aiment, d'autres la craignent ou la critiquent, mais elle fascine tout le monde.

La Brigade Sud, qui incontestablement a la faveur des jeunes niçois, intrigue beaucoup de gens car elle est multiforme : c'est une entité immatérielle floue mais physiquement bien présente à tous les matchs...

Personne ne connaît ses règles exactes, ses structures et ses chefs, mieux encore nul ne sait avec certitude si elle est régie par des règles, si elle est structurée et si elle a des chefs.

Autant de mystères qui alimentent le mythe, un mythe bien vivant qui est maître du stade...

Habitué aux méandres de la vie secrète niçoise, un petit curieux des Nouvelles Niçoises est parti courageusement à la chasse au mythe, un carnet de notes à la main, en sachant très bien que ce serait peut-être lui le gibier car les grands fauves sont eux aussi de redouta-bles chasseurs...

Effectivement, notre chasseur d'informations a été débusqué, flairé, détaillé des pieds à la tête, pesé et soupesé, passé au scanner et il se demandait s'il allait être dévoré ou non.
Après cet examen de passage, il a pu enfin rencontrer l'un des fondateurs historiques de la Brigade Sud qui bien sûr tient à conserver l'anonymat, mythe oblige.

Il convient de dire tout d'abord aux grincheux qui prétendent que les jeunes de la Brigade sont souvent des casseurs incultes, que le personnage que notre envoyé a rencontré dément totalement ce jugement hâtif : intelligent, mesuré, sensible, doué d'une faculté d'analyse implacable, une personnalité de feu dans un corps de mannequin, avec cela un sourire charmeur et un regard rieur...
Mais des yeux bleus perçants qui ne rient plus du tout quand on aborde un sujet sérieux, et qui font penser à ceux de l'Aigle de Nice qui n'est pas commode du tout quand on lui marche dessus.
En présence d'un interlocuteur de choix, il est hors de question de "broder" sur un sujet aussi passionnant et mystérieux que la Brigade Sud, laissons donc la parole à M..., son discours clair et net n'a pas besoin de retouches :

"La Brigade Sud est un groupe de supporters de tous âges et de toutes conditions, d'environ 3000 personnes, membres et sympathisants confondus. Il a vu le jour en 1985 et pendant 13 ans nous avions cinq ou six cent adhérents.

Depuis la remontée de l'OGC Nice en 2002, nous avons 1300 adhésions. Les gens viennent, c'est avant tout une affaire d'amitié.

Souvent, pour les jeunes qui ont un manque affectif, la B.S.N. est une seconde famille. D'ailleurs après le Noël passé à la Maison, on se retrouve pour faire la fête entre nous.

Nous mettons l'ambiance au stade, visuelle et sonore. Mais surtout nous revendiquons notre culture et manifestons notre amour pour Nice, contrairement aux supporters d'autres clubs qui ne supportent que leur équipe.

Nos membres, par des chants, des banderoles, des slogans, affirment qu'ils sont heureux d'être niçois.

Récemment nous avons déployé au stade des bannières où étaient peints à la main tous les blasons des villes du Comté de Nice.

Nous nous sentons quelquefois mal aimés, car certains nous insultent et nous accusent de tous les maux, comme s'ils étaient furieux qu'une force populaire qu'ils ne contrôlent pas, clame haut et fort son amour pour Nice.

Nous chantons Nissa la Bella avec conviction, avec notre cœur, nous la chantons en Niçois et debout, c'est notre hymne, pas du folklore pour touristes.

Quand nous sommes en déplacement, nous revendiquons notre identité niçoise, autant que nous soutenons notre équipe.

Nos membres assistent à tous les matchs. Dans notre tribune il y a 2000 abonnés et avant même le premier match, tous les abonnements sont vendus.

Nous sommes fiers de nos joueurs, de leur état d'esprit, comme de la reconnaissance qu'ils nous manifestent et de la considération qu'ils ont pour nous.

La Brigade Sud est le seul rassemblement à Nice où des gens d'horizons différents viennent chanter, danser, communier ensemble par amour pour Nice.

La Brigade est un mythe qui effraie un peu les autorités car elle offre aux jeunes un moyen d'expression qu'elles ne contrôlent pas et ne contrôleront jamais du fait que le mouvement est popu-laire et spontané.

Malgré les efforts malveillants de certains médias locaux qui essaient de mettre en avant le côté spectaculaire et soi-disant négatif du groupe, on sent dans la ville une large approbation et les Niçois nous manifestent de plus en plus d'affection, ils soutiennent nos aspirations. Reklama: INTELLECTUS angl? kalbos kursai suaugusiems, ?mon?ms, verslui bei vaik? vasaros dienos stovyklos Kaune, Vilniuje ir Klaip?doje

A notre époque l'individu est broyé par le système et ne peut rien revendiquer individuellement.

Nous n'existons pas dans la semaine, mais le samedi, tous ensemble, nous sommes une force redoutée et crainte, d'autant plus crainte sans doute qu'elle est l'identité niçoise en marche.

La véritable identité niçoise, on la ressent dans ses tripes et dans son cœur, elle n'a rien à voir avec le sous-folklore niçois que l'on agite comme un fantôme dans notre presse et autour des buffets officiels.

Certains s'interrogent: comment s'est formée la Brigade Sud, qui l'a créée ? A l'origine personne ne s'est dit: on va former un groupe... Nous avons simplement constaté que nous étions assez nombreux pour se donner un nom. Et ce fut le début d'une super aventure humaine.

Souvent nous avons un rôle social vis-à-vis de nos membres ou supporters. Nous aidons les jeunes en déshérence en leur offrant l'amitié de notre commu-nauté, des conseils et de l'aide.

A la Brigade, nous sommes très nombreux, tous ne se connaissent pas, mais tous se reconnaissent dans l'amour de Nice. »

Les Nouvelles Niçoises