Nice garde le sourire...

Si la chance leur a cette fois tourné le dos, les Aiglons n'ont pas failli à leur solidarité habituelle. Même dans la défaite, l'équipe a confirmé sa solidité.

Il était 21 h 45 et des poussières.
Le stade Bonal, pas rancunier, continuait de pousser de la voix des Sochaliens semblant avoir épuisé en vain toutes leurs batteries pour marquer.
Dans son coin, la centaine de supporters niçois célébrait déjà un nouveau point acquis aux forceps. « Une défense de fer », venions-nous de titrer, persuadé que plus rien ne pouvait arriver à ces Aiglons qui avaient, une nouvelle fois, su forcer leur baraka.

Mais en un éclair, la chance a changé de camp, réduit à néant 86 minutes d'une rare abnégation. Un ballon en retrait d'Isabey dans l'axe, l'ancien Stéphanois Fabien Boudarène qui y évacuait toute sa frustration et la frappe
canon, légèrement contrée, transperçait le rideau défensif niçois, Grégorini compris.

1-0, la sanction n'a, en soi, rien de scandaleux au regard d'une deuxième mi-temps où les Niçois, arc-boutés sur leur but, n'auront que très rarement franchi le milieu de terrain.

Mais elle est rendue bien amère par la très sévère expulsion d'Aulanier, à la 67e minute, qui aura singulièrement compliqué la tâche défensive d'Azuréens déjà au bord de la rupture physiquement.

Plus que par le résultat luimême, Eric Roy se montrait déçu par la manière :
« Six cartons jaunes, dont trois imaginaires, plus l'expulsion de Dominique Aulanier, cela ne nous a pas aidés. Nous avons bien fait front, mais en dépensant beaucoup d'énergie et nous avons fini par le payer. Pour espérer un résultat positif, il aurait fallu rester en égalité numérique. Sochaux se serait peut-être davantage offert aux contres. Si nous sommes bien en place derrière, il nous faut désormais être plus lucides et faire mieux dans la première animation offensive, il reste à travailler encore dans ce domaine pour exploiter nos possibilités ».

L'éloge de Guy Lacombe
Guy Lacombe, l'entraîneur sochalien, avait prévenu ses joueurs. Pourtant, il avoue avoir encore été bluffé par l'extrême solidarité des Niçois : « C'est impressionnant, il y a toujours beaucoup de monde autour du porteur du
ballon, ils sont très agressifs dans le bon sens du terme. Et je ne suis pas sûr que l'expulsion d'Aulanier nous a forcément servis. Les Niçois, harangués par Roy, se sont montrés encore plus solidaires et ils ont tenu jusqu'à l'extrême limite. En outre, cette équipe m'a étonné en allant de l'avant en début de match. Mais en seconde mi-temps, à force de courir après le ballon, elle a fini par s'émousser ».

Malgré la tournure des événements, Gernot Rohr a conservé son affabilité et son esprit positif : « Compte tenu du contexte avec nos quatre suspendus, de la qualité de l'adversaire et de l'arbitrage, je ne peux qu'être satisfait.
Nous comptions sur un petit coup de pompe physique des Sochaliens à l'heure de jeu, mais avec l'expulsion de Dominique Aulanier, c'est devenu impossible. Je suis malgré tout très content de la prestation des nouveaux venus, Scotto et Traoré ont parfaitement rempli leur mission. Hormis Dominique, nous allons maintenant récupérer tout notre effectif pour préparer le derby face à Bastia, samedi, qui s'annonce encore comme un grand match ».

Tout cela asséné avec le sourire gourmand d'un homme qui croit en son groupe. Gernot Rohr et les Aiglons, par leur comportement exemplaire sur et hors du terrain, apportent décidément une touche de fraîcheur bien agréable au football français.

Excés de zele
Bien sûr, « Bibiche », en professionnel averti et expérimenté, aurait pu se dispenser de tendre un pouce ironique en direction d'un arbitre dont le seul patronyme, M. Kalt, inclinait à une froide prudence.

Pour autant, l'expulsion de Dominique Aulanier, sanctionné d'un deuxième carton jaune alors qu'il quittait le terrain pour être remplacé par Berville, en a choqué plus d'un, y compris parmi la grande majorité des supporters sochaliens, samedi soir à Bonal.

Hier, Gernot Rohr, dont on connaît pourtant le sens de la mesure, n'hésitait pas à qualifier cette décision de « tordue ».

« Elle est d'autant plus surprenante, soulignait-il, que c'est précisément pour répondre à la demande du quatrième arbitre, qui nous avait dit qu'Aulanier risquait de récolter un rouge, que nous avons décidé de le sortir prématurément...

« En expulsant le joueur juste avant qu'il ne quitte le terrain, M. Kalt a non seulement pénalisé Aulanier (automatiquement suspendu pour le prochain match), mais déstabilisé toute l'équipe. Il aurait pu attendre qu'il soit
sorti. Il ne nous avait déjà pas épargnés auparavant en nous infligeant six cartons jaunes, contre aucun à Sochaux, dans un match pourtant disputé dans un bon esprit... »

Cet épisode, conjugué à la profusion de cartons une nouvelle fois distribués lors de cette neuvième journée, n'est pas de nature à éteindre la polémique sur la sévérité des arbitres. Comme Dominique Aulanier, on aimerait parfois qu'ils sachent se mettre un instant à la place des joueurs, pour se montrer un peu plus tolérants lorsqu'aucun geste méchant n'est en cause.

Thierry PRUDHON
Lundi 30 Septembre 2002
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