Association de bienfaiteurs

Diawara et Meslin ont mis deux petites semaines pour devenir complémentaires. Voilà un duo qui devrait faire trembler bien des défenses...

« Avec ses deux passes décisives, Meslin est, pour moi, le grand bonhomme du match ».

Ainsi parlait Kaba Diawara à l'heure où tous les micros et les stylos se tendaient vers lui.

Lui, le héros de la soirée, auteur de trois des quatre buts niçois face à des Strasbourgeois dépassés.

Lui qui venait de se hisser en tête du classement des buteurs, devant une référence nommée Sony Anderson. Lui que tout le monde voulait entendre ou féliciter.

Dans cette position confortable, certains auraient tiré la couverture à eux avant de s'assoupir sur ce tapis de lauriers. Kaba Diawara n'est pas de ceux-là. Collectif jusqu'au bout des idées, il ne pensait alors qu'à renvoyer l'ascenseur vers un « Poussin » Meslin méritant, il est vrai lui aussi, une ascension vers le septième ciel.

Ces deux-là n'auront guère tardé à s'entendre. A se comprendre. Sur le pré. Comme dans un vestiaire.

Un vrai coup de foudre.
« Voilà deux semaines qu'on joue ensemble. La première, on s'est cherché. La seconde, on s'est trouvé », se réjouit Meslin qui, samedi, s'est mis au service de son nouvel ami.

« Là, c'est lui qui claque. La prochaine fois, ce sera peut-être moi... Kaba me doit deux passes décisives », se marre le généreux « Poussin ».

Si l'infortuné Fernandez leur donna un coup de main moite sur le premier but, le deuxième est clair comme de l'eau de baptême.

« J'aurais pu frapper. Mais j'ai voulu assurer. Kaba était vraiment mieux placé que moi. Il n'y avait pas à hésiter », raconte Meslin qui a le sens du but, mais aussi celui du jeu.

La preuve : son décalage pour Diawara fut une petite merveille. Dans le bon sens. Dans le bon tempo.

« Même si ne pas marquer est toujours un peu frustrant pour un attaquant, ces deux offrandes suffisent à mon bonheur », dira encore « Poussin ».

Les pieds sur terre
Cette association de bienfaiteurs a donc fait naitre de belles promesses. Question de feeling. Question aussi d'état d'esprit. Et de ce côté-là, Meslin et Diawara semblent à l'abri d'une vilaine querelle de voisinage. Parce que tous deux sauront se sacrifier pour le bien de l'ensemble.

Lucides, ces chasseurs de buts connaissent trop l'importance d'une cohabitation. « J'ai connu des tas de mecs qui ne m'ont jamais donné un bon ballon. Je l'attendais. En vain. Ils jouaient pour eux. Pour se montrer. Pour flamber. Ce n'est pas le cas de Poussin », souligne le Toulonnais qui n'avait pas été à pareille fête depuis belle lurette.

Trois buts en championnat. C'est même une grande première pour ce revanchard contre un mauvais sort qui lui colla longtemps aux crampons.

Huit clubs (Toulon, Rennes, Arsenal, Marseille, Paris, West-Ham, Blackburn, encore Paris, Ferrol) et deux opérations (pubalgie en 99 et tendon rotulien d'un genou en 2001) figurent sur son parcours chaotique de globe-trotter malchanceux.

Débarrassé d'une étiquette de joker, il espère maintenant devenir un atout maitre.

« Le meilleur est devant moi. Je n'ai que 26 ans et une folle envie de réussir », affirmait-il avant ce rendez-vous étoilé.

Le futur pourrait bien lui donner raison.

En attendant, il garde les pieds sur la terre ferme de toutes les réalités. « J'ai connu trop de galères pour m'enflammer après deux petites journées de championnat... Je sais que la roue tourne vite. Ce qui ne m'empêche pas de savourer ce moment de plaisir ».

Cachottier, ce Varois aux origines guinéennes refuse de dévoiler son objectif de buteur...

« Je me suis fixé un chiffre. Vous ne le saurez pas. Et puis, l'important, c'est que l'équipe prenne des points et réussisse à se maintenir ».

A Bordeaux, en 96-97, il avait inscrit 7 buts en championnat et autant lors des diverses coupes. Bordeaux où il disputa son premier match de D1 le 18 mai 96 à Lille. Ce soir-là, il se leva du banc pour marquer.

Les Girondins s'imposèrent 2-0 lors de la fermeture du championnat. Le coach se nommait... Gernot Rohr.

Un Rohr ravi par la réussite de celui qu'il vit éclore au centre de formation. « Kaba est pétri de talent. Il avait besoin de se fondre dans un vrai groupe. Il avait besoin de chaleur. Il vient de trouver tout ça à Nice ».

Et Nice vient de trouver un autre sacré buteur.

Philippe CAMPS.
Lundi 12 Aout 2002
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