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Valencony : "Nice est un cas à part"
Ogcnissa.com, le 04/10/2002 à 13h32
A 34 ans, il n'a porté les couleurs que de deux clubs. A l'aube de la rencontre entre le Gym et le Sporting, Bruno Valencony, le gardien au grand coeur, nous confie ses émotions et sentiments.
- Tu as pas le biais de ta famille des attaches en Corse. Le match de samedi a-t-il pour toi une signification particulière ?
Oui, mais pas seulement de par le fait que ma femme soit de là bas, ou que ma première fille soit née en Corse. C'est vrai que le fait d'avoir joué 9 ans dans un club compte dans une carrière.
Je suis en effet arrivé à 19 ans là bas, j'y suis resté jusqu'à l'age de 28 ans et c'est vrai que j'y ai fait mes premiers pas en pro, mes débuts en D1. Il y a eu aussi la Coupe de la Ligue, sans compter la catastrophe de Furiani et tout ce que cela a pu impliquer à l'époque, tout ça laisse des traces...
- Comment vis-tu ton rôle de second gardien et quels sont tes rapports avec Damien ?
C'est vrai que c'est dur. Avec ce qui c'est passé l'an dernier, avec Pado, on pensait continuer l'aventure dans les buts. C'est pas évident de jouer la montée, de jouer devant 15.000 personnes la montée face à Istres et de se retrouver maintenant sur le banc et de jouer un dimanche sur quatre avec l'équipe réserve. C'est pas marrant tous les jours mais à côté de ça, je suis content car j'ai avec Maurice Cohen de très bonnes relations. Il me fait une confiance totale, il m'a fait resigner pour deux ans alors que tout le monde ne m'a pas fait une telle proposition, et ça c'est vrai que ça m'a beaucoup aidé.
- Tu es un des piliers du groupe. Peux tu expliquer ce qui en fait la force en ce début de saison ?
Ce qui est étonnant c'est qe l'on parle beaucoup du traumatisme de l'intersaison, du fait que les joueurs sont plus motivés de ce fait. Mais si l'on regarde bien, sur les onze qui jouent à chaque match, il n'y en a en gros que 4 qui jouaient au Gym l'an dernier. C'est donc difficile à expliquer dans ce sens là.
Maintenant, est ce que cela provient du fait d'être arrivé justement dans un club ou il s'est passé tout ce que l'on a vu ?
De notre côté, nous qui ne jouons pas, on arrive à transmettre aux nouveaux cette volonté et cette envie, avec les supporters derrrière qui rappellent quand même que l'on est passé proche de la catastrophe. Les nouveaux ont une mentalité extraordinaire qui rejoint celle que l'on avait l'an dernier et si ça dure comme ça on peut faire une bonne saison.
- Tu es un observateur privilégié, saurais-tu expliquer pourquoi l'on semble moins bien dans le jeu depuis 3 matchs (1 seul but marqué, sur penalty) ?
Les équipes n'ont plus trop la surprise du début de championnat. Tout le monde nous pronostiquaient derniers, on est arrivé avec une équipe qui physiquement paraîssait être à la rue, des joueurs qui se connaissent pas etc.. bref, on nous a un peu trop pris à la légère et puis, nous, on a joué avec notre mental et notre force de caractère.
Maintenant, c'est vrai que ça devient plus difficile de surprendre. On était leader, attendus de partout, mediatiquement on parle beaucoup de nous.
Ils jouent beaucoup plus concentrés sur l'adversaire que si on arrivait mal classés.
Et puis physiquement, on a beaucoup donné en début de saison donc on est un peu essoufflés. Défensivement on arrive à tenir parce qu'en jouant à 5 derrière c'est quand même plus facile de défendre donc on prend pas beaucoup de buts et c'est déjà pas mal, mais c'est vrai qu'après, pour repartir de l'avant, c'est encore d'autres efforts à fournir, et on a un peu de mal.
- Après la joie de l'après-match contre Istres au stade du Ray et l'accession tant attendue à la division première, le club s'est vu rétrogradé en National. Peux-tu me décrire comment ceux qui se sont battus toute une saison ont vécu les épisodes de l'été dernier ?
Ben chaque cas a été particulier.
Il y a ceux qui comme moi étaient en fin de contrat et qui auraient dû re-signer dans la foulée et qui pour le coup risquaient de se retrouver sans club, il y a ceux qui au contraire étaient demandés par d'autres clubs et qui auraient pu être libérés, après y avait des joueurs sous contrat mais qui n'étaient en contact avec personne et qui donc se seraient retrouvés au chômage. La situation était donc différente pour chacun, mais pour le sentiment général, c'était du dégoût, un gros sentiment de gâchis. On a fournit tellement d'efforts pour faire une belle saison, on a vécu une fin de championnat extraordinaire, on a retrouvé un public et une osmose entre tout le monde, et se retrouver comme ça balancé en National... ce fut très dur à vivre.
- Après Bastia, le championnat fait une pause de 15 jours. Penses-tu que cette mini-trève va permettre aux joueurs de récupérer, ou au contraire crains-tu que cela ne nous freine sur notre bonne lancée ?
Cette trève va faire beaucoup de bien, surtout si on bat Bastia samedi. C'est un match primordial, et surtout avec la très grosse série qui nous attend à la reprise. Si on pouvait prendre un peu d'avance sur les suivants, ça nous permettrait de partir le coeur léger nous refaire une santé en stage au cap Ferret une semaine avant le match de Nantes, physiquement et mentalement au top.
- C'est ta 7è saison au sein du club. L'engouement n'a jamais été aussi fort (supporters, medias, partenaires) même après la victoire en Coupe de France. A quoi l'attribues-tu et comment cette grande médiatisation est-elle vécue par les joueurs ?
La différence entre la Coupe et ce que l'on vit maintenant, c'est qu'après la Coupe de France on est descendu en D2, même si ça nous a permis de jouer la Coupe d'Europe. On attire moins les partenaires que lorsqu'on monte on d1. Et puis y a aussi le changement de direction, avec un gros groupe Niçois qui connaissent et attirent plus de monde que lorsqu'un un étranger est à la tête du club. Et puis l'engouement vient aussi des bons résultats qu'on a obtenu en début de saison.
C'est un ensemble de choses et d'événements qui se sont enchainés. Ca s'est fait petit à petit et pas juste après notre victoire contre Istres ou après l'annonce de notre confirmation en Ligue 1.
On est un cas à part ! A Nice, c'est comme ça je crois : on fait dans les extrèmes que ce soit pour le bon comme le mauvais (rires). En tout cas, on est dans une dynamique comme jamais il y en a eu.
- Bastia, tu y as joué 9 ans. Que faudra-t-il redouter de cette équipe samedi ?
La mentalité et le caractère corse est une force. Les dirigeants et les supporters corses savent communiquer cet état d'esprit à toute leur équipe. Et même si l'équipe actuelle n'est qu'en minorité constituée d'insulaires, en Corse, si tu donnes tout, si tu mouilles le maillot, tu es vite adopté.
- Tu es encore sous contrat jusqu'en 2004 avec l'OGCN, comment envisages-tu la suite ?
Si dans deux ans je suis bien, si le physique et le mental suivent, et que je fais encore quelques matches en équipe première, j'espère pouvoir encore un peu continuer à jouer. Certains gardiens arrivent à le faire jusqu'à 38-39 ans. C'est dans la tête et avec l'envie que ça se joue. Après, c'est l'entraîneur et les dirigeants qui seront en place à ce moment là qui verront ce qu'ils veulent faire de moi.
Maintenant c'est vrai que le président m'a déjà proposé une reconversion dans le staff pour ma fin de carrière.
- Quelle est ta motivation, toi qui n'a pas encore joué cette saison en L1 ?
Elle ne m'a jamais quitté. Même quand j'ai pu être blessé et qu'on m'a remplacé, j'ai toujours lutté et travaillé pour regagner ma place, pour être prêt quand il le fallait et que l'on puisse toujours compter sur moi au moment ou l'on faisait appel à moi.
Je fais le maximun pour garder cet état d'esprit même si cette année c'est un peu différent quand même...
- Dans le club, tu es un peu "le grand frère" comment est-ce que les plus jeunes te perçoivent ?
Je fais mon maximum pour être bien avec tout le monde et pour remplir justement ce rôle d'ancien qui a un peu d'expérience. Lorsqu'un jeune dévie un peu de sa trajectoire, j'essaye, en toute amitié, de l'aider à retrouver la bonne route, de le rassurer et de le conseiller pour sa carière. Ils me le rendent en m'aidant à rester toujours jeune. Quand tu évolues tout les jours avec des coéquipiers qui ont entre 18 et 25 ans, tu n'as plus l'impression d'en avoir 34 !
Ils m'offrent ça, et moi j'essaye de le leur rendre en leur apportant un peu de mon expérience.
- Pour finir, un mot pour les supporters ?
Ce qui me fait énormement plaisir, c'est qu'avant chaque match, ils me réservent un accueil particulier, et c'est vrai que des fois on a un peu tendance à oublier ce que font les anciens et ce qu'on a fait les saisons précédentes.
Lorsque je rentre sur le terrain, à l'echauffement ou avant le match, je suis heureux d'entendre les supporters m'applaudir ou scander mon nom, et j'ai chaque fois autant de frissons à les entendre et je leur dis un grand, grand merci.
Florence Blaise
Ogcnissa.com
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