Presse :
Coeur chaud, tête froide
Nice-Matin, le 07/10/2002 à 10h23
Epatants deuxièmes du championnat après leur succès logique sur les voisins bastiais, les niçois restent sur terre. Prochaine étape : Nantes le 19 octobre. Histoire de s'approcher un peu plus du maintien...
« Cette victoire est belle, mais elle ne change en rien notre objectif premier. Nous jouons le maintien. Point. Et qu'on ne compare pas mon discours à celui de Guy Roux... Lui a une équipe qui a un vécu en L1 et qui dispute une Ligue des champions. Nice est un petit promu qui sort d'une grande galère. Il ne faudrait pas l'oublier. Alors, permettez-mois de rester sur terre ».
Ainsi parle Gernot Rohr au lendemain d'un nouveau petit bonheur.
La veille, les siens ont logiquement battu Bastia (2-0) après avoir été solidaires, patients, lucides et réalistes.
Le coatch savoure sans se laisser aller à la rêverie.
La réalité lui suffit...
« Avec 20 points, nous sommes pratiquement à mi-parcours pour le maintien. La mission est d'atteindre les 42 points le plus vite possible. Après, nous verrons bien... », insiste l'entraîneur qui ne brûlera aucune étape. L'homme n'aime pas jouer avec le feu. Il ne veut pas voir son travail, ses espérances, ses idées et ses efforts partir en fumée à cause d'une flamme de vanité.
Alors, dans ce brasier de joie et de réussite, il garde le sang froid. « Vu notre préparation de début de saison, il est sûr que nous vivrons, un jour, une baisse de régime. L'éviter serait un petit miracle », dit encore le boss d'une équipe de foi.
L'esprit d'une équipe
On le sait, depuis hier soir, Auxerre a repris le maillot jaune. Mais Nice peut continuer à voir la vie en rose.
Deuxièmes avec une avance de trois points sur leurs poursuivants, les Azuréens ont donné, samedi soir, la meilleure des réponses à ceux qui s'interrogeaient sur leur capacité à réagir après le coup de frein sochalien.
« Un journal parisien avait alors titré : "Nice, le déut de la fin"... L'article est derrière la porte du vestiaire. Les joueurs l'ont vu toute la semaine. Je peux maintenant le retirer... », sourit Gernot Rohr comblé par le rebond de ses garçons.
Un groupe ne se relève pas si vite par hasard.
« Le message est passé. L'équipe a retrouvé son esprit de conquête. Puis, au fil du match, elle s'est épanouie à travers le jeu. Physiquement et mentalement, elle a eu son comportement habituel. Décidément, elle fait plaisir », glisse son décideur.
A l'heure des analyses, Gérard Gili notait que ses hommes avaient perdu la majorité des duels. Alain Perrin avait fait le même constat...
Les Méditerranéens savent maintenant que Nice a du coeur.
Et la France du foot ne peut plus ignorer que le Gym a aussi bien d'autres valeurs et qualités.
L'influence de Cobos
Pourtant, les "rouge et noir" auraient pu être tracassés par la feuille de match. Mais un ultime réajustement effectué au tableau noir gomma le moindre début d'angoisse et souligna une ligne de quatre défenseurs (Pamarot, Cobos, Abardonado, Varrault) pour stopper les illusions des trois offensifs bastiais (Ahamada, Maurice, Laslandes).
« Par ce systéme, les Corses voulaient nous perturber. En jouant avec trois attaquants, ils espéraient faire du "un contre un" avec nos défenseurs. Mais notre organisation est modulable. En passant du 3-5-2 au 4-4-2, nous sommes restés à un de plus en couverture. Et nous ne nous sommes jamais découverts », souffle le tacticien ravi par le nombre d'occasion corse. Zéro.
A ce sujet, le retour de José Cobos est significatif. Patron et guide, le capitaine aura manqué deux rendez-vous (Le Havre, Sochaux) coïncidant avec les seules défaites subies par le Gym jusqu'à présent.
« Il est influent sur le groupe et sur le jeu », explique Gernot Rohr.
Généreuse et disciplinée, la défense fut toujours d'attaque.
Le milieu, aussi, fut à la hauteur de l'événement. Avec un Roy rassurant, un Pitau rayonnant, un Bigné remuant, un Everson vaillant.
Devant, Cherrad et Diawara voyagèrent jusqu'au septième ciel des buteurs après avoir tant oeuvré sur une terre hostile et surpeuplé.
Le genou de "Poussin"
Seul point d'ombre, la blessure d'un Meslin bien malchanceux. « Après avoir amorti de la poitrine, j'ai voulu pivoter. Là , j'ai entendu mon genou craquer et j'ai senti la douleur apparaître. j'avoue que tout ça commence à me prendre la tête... », raconte, d'une voix sourde, un "Poussin" accablé.
Ces prochaines heures, il pourrait bien monter vers Rouen pour consulter le chirurgien qui l'opéra de ce genou fragile.
Avant même le diagnostic, il semble convenu qu'il ratera l'affrontement nantais. Tout comme Everson et Traoré suspendus.
Au repos jusqu'à mercredi, les Niçois passeront, par la suite et pendant trois jours, des tests physiques afin d'établir le nouveau dosage d'entraînement. Certains d'entre-eux disputeront aussi un match contre la Côte d'Ivoire, jeudi soir à Brignoles
Puis, ils seront en stage au cap Ferret (14 au 18 octobres). Là -bas, ils devraient croiser Bordeaux pour une petite opposition très amicale.
Enfin, il sera l'heure d'aller à Nantes pour une onzième journée de championnat programmée le samedi 19 octobre.
L'idée ? S'approcher un peu plus du maintien.
N'est ce pas, Gernot...
Philippe CAMPS
Lundi 07 octobre 2002
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