Les circonstances auraient pu nourrir leur amertume pour la transformer en aigreur. Certains se seraient même sans doute mis en colère, contre eux-mêmes ou contre l'arbitrage. Mais hier soir, les Marseillais n'avaient pas la mémoire sélective. Bien sûr, ils avaient ouvert le score dès le début de seconde période (47e) et s'étaient mis à rêver d'un troisième succès, à Nice, en trois rencontres ; évidemment, ils n'avaient pas oublié qu'ils furent incapables d'exploiter une supériorité numérique acquise à l'heure de jeu ; ils avaient encore moins effacé de leurs esprits ce penalty sans doute oublié sur Batlles (65e). Mais ils savaient aussi que le résultat aurait aussi pu s'avérer nettement moins glorieux. Et tout le monde savait pourquoi : « On n'a pas été bons en première période, disait ainsi Pedretti. Entre guillemets, Nice nous a marché dessus. C'est tout. » «Alors même si on peut avoir des regrets après l'ouverture du score, ajoutait Peguy Luyindula, ce point est satisfaisant si on s'attache à la physionomie du match.
Dié expulsé pour un maillot enlevé
L'international français ne pouvait pourtant pas cacher sa déception. Déçu d'avoir pêché physiquement et d'avoir cédé sa place prématurément (53e) mais surtout déçu de l'incapacité marseillaise à trouver des espaces et à créer du jeu au cours de cette première période. Etouffés par la défense féroce pratiquée par les Niçois dans leur moitié de terrain, en déficit de mouvement devant, les Phocéens frappèrent deux fois au but en quarante-cinq minutes, d'un tir de Pedretti à destination du poteau de corner (17e) et d'une tentative de Bamogo largement à côté (39e). Excellents dans le jeu long, il y a une semaine, face à Lille (3-l)), ils souffrirent surtout d'une défaillance dans la relation entre leurs milieux de terrains et leurs attaquants. En observant son adversaire contre les Nordistes, Gernot Rohr avait sans doute compris qu'en bloquant la relance du duo Pedretti - Costa par un marquage individuel strict, le jeu marseillais perdrait une grande part de sa spontanéité : « L'engagement est d'abord en cause, mais c'est sûr qu'ils se sont adaptés à ce qu'ils ont vu, explique Steve Marlet. Contre Lille, beaucoup de choses se sont passées grâce à la relation entre nos deux milieux défensifs et nos attaquants.
Mais heureusement pour Marseille, Nice ne parvint pas à concrétiser cette domination. Après vingt minutes sans intérêt, frappes non cadrées ou trop molles s'accumulèrent et quand le danger se montra plus précis, Barthez, parfait hier, réalisa une parade de rêve sur une tête jali (25e). Alors quand Benoît Pedretti marqua d'une frappe de vingt mètres consécutive à une mauvaise relance azuréenne (47e), les joueurs de José Anigo se mirent franchement à croire en leur destin.
Mais après un nouveau sauvetage de Barthez sur un centre contré de Vahirua qui s'apprêtait à lober le gardien des Bleus (56e), Batlles, parti en contre, ne parvint pas à tromper Gregorini (60e). Cela changea tout. Dans la foulée, Nice obtint un penalty pour une prise en ciseaux de Méité et Lizarazu sur Echouafni. Serge Dié le transforma (62e) et cela provoqua un petit "psychodrame". Le buteur, déjà averti en début de match, ôta brièvement son maillot avant de s'apercevoir de son erreur. Trop tard.
Stéphane Bré appliqua logiquement un règlement dont il faudra quand même, un jour, se demander l'utilité et expulsa le joueur niçois. Est-ce un hasard si, trois minutes plus tard, il oublia vraisemblablement de siffler un penalty pour Marseille? « En tout cas, j'aurais préféré qu'il ne l'expulse pas et qu'il nous accorde ce penalty, dira José Anigo après la rencontre. Et puis il faut arrêter, il y a quand même pire que d'enlever son maillot après un but. » .
Malgré ce coup du sort, Nice parvint alors quasiment à faire jeu égal avec des Marseillais plus entreprenants mais trop courts pour emballer la rencontre et après un ultime sauvetage de Dolci sur sa ligne à la suite d'une tête de Beye (90e + 4), l'OM dut se résoudre à ce match nul.
Toujours en tête du Championnat (3e à la différence de buts) avec sept points, les Olympiens ont affiché certaines limites mais confirmé leur solidité. Les Niçois, eux, ne sont plus derniers (19e). Battus par Lyon (0-1) lors du premier match, étrillés à Bordeaux (1-5) la semaine passée, ils ont pris un point en retrouvant leur générosité défensive. Ils ne devraient pas l'oublier.
Sébastien TARRAGO
L'Equipe