Interviews :
Cohen : "Nous sommes là pour batir"
Nice-Matin, le 13/10/2002 à 08h32
Le chapitre sportif, les dossiers extra-sportifs, les finances, les ambitions, le futur... Tour d'horizon avec le président d'un OGC Nice retrouvé.
Bosseur, leader, négociateur, créateur, fonceur, médiateur, meneur, bâtisseur, gagneur, il a mené l'OGC Nice vers un certain bonheur. Sans heurts, ni leurre.
Maurice Cohen fait le point... après avoir remis les pendules à l'heure.
- Commençons par le parcours de l'équipe...
Doré. Enthousiasmant. Merveilleux. Comment ne pas être satisfait par les résultats et le chemin de cette formation ! Ce que vit l'OGCN, actuellement, est inespéré. C'est un bonheur.
- Comment l'expliquer ?
Cette réussite est due à plusieurs raisons. J'en choisirai quatre. La première, le recrutement effectué par Gernot Rohr. Il a pris des garçons qu'il connaissait. Il ne s'est pas trompé. Ni sur leurs qualités de footballeurs, ni sur leurs valeurs d'hommes. Il savait bien que la saison serait une bataille. Il a fait venir des combattants, des guerriers, des battants, des gagneurs. C'est là , la première explication. Et elle est primordiale.
La deuxième ? L'apport et l'influence de José Cobos et d'Eric Roy sur l'ensemble du groupe. Sans oublier le rôle de Bruno Valencony qui n'est pas le titulaire actuel mais qui joue le jeu à fond. Sur le terrain et en dehors, voilà trois guides pour une équipe jeune et à l'écoute.
La troisième raison ? La qualité du jeu développé par ce Gym qui recommence à être connu et reconnu. Léquipe a une âme, un esprit, un coeur. Mais elle a aussi des idées. Un fond de jeu. Des repères. Parce que le courage seul ne suffit pas.
Enfin, quatrième et dernière raison, la chance. Elle semble être avec nous. Nous avons su la provoquer, elle nous offre un large sourire.
« je n'oublierai jamais d'où l'on vient »
- A l'aube du championnat, auriez-vous imaginé une telle réussite ?
Bien sûr que non. Je n'oublierai jamais d'où l'on vient. Alors, il y a deux mois et demi, je me disais plutôt : ce championnat va être un combat pour le maintien. D'ailleurs, il l'est toujours...
- Les ambitions n'ont pas changé ?
Non. Pourtant, lorsque j'avance, aujourd'hui, que nous jouons le maintien, tout le monde
( ou presque ) rigole. Moi, je ne ris pas. Parce que je sais qu'au foot, tout va très vite. Prenez les Guingampais, il y a moins d'un mois, ils étaient au sommet. Avec nous. Aujourd'hui, ils sont douzièmes avec trois petits points d'avance sur le premier relégable (Montpellier). Nous ne sommes pas à l'abri d'une telle glissade. Regardez le calendrier. Regardez les matchs qui arrivent. Nantes, Lens, Lyon, Monaco, Auxerre. Ça calme, non... Et n'allez pas croire que je suis pessimiste. Je suis juste réaliste. Après ces cinq matchs, on refera le point. D'accord ?
« Notre chance,c'est Gernot Rohr ! »
- On ne vous voit pas souvent sur le terrain ou dans le vestiaire ? Pourquoi ce retrait ?
Mon rôle est ailleurs. Quand je fais confiance à un entraîneur, je n'empiète pas sur son domaine. Je n'interfère pas. J'agissais déjà comme ça au basket lorsque je présidais la section du Cavigal. Je me souviens avoir maintenu Cyril Sicsic malgré 18 matchs sans victoire. Tout simplement parce que lui, contrairement à l'équipe, me paraissait à la hauteur. Aujourd'hui, il est toujours l'entraîneur des filles du Cavigal. Au Gym, les joueurs commencent à me connaître. Ils savent que mon bureau leur est ouvert. Sauf s'ils ont pour intention de se plaindre de l'aspect sportif. Celui-ci appartient à Gernot Rohr.
- Parlons-en de ce coach à qui tout semble sourire...
Notre chance, c'est lui. C'est un homme qui s'intéresse à tout. Un homme intelligent. Lucide. Un entraîneur respecté. Rigoureux. Inspiré.
Un grand professionnel qui a l'expérience de tous les étages. Des jeunes aux pros. Sa gestion du groupe et sa connaissance du football français et étranger font avancer le Gym. Il est pour moi un manager à l'anglaise. Et mon but est de lui donner tous les moyens afin qu'il oeuvre dans les meilleures conditions possibles.
- La mission de Roger Ricort ?
Elle est multiple. Roger Ricort s'occupe de l'organisation des infrastructures du club. Centre d'entraînement, futur stade du Ray. Il est également à la tête d'une cellule de recrutement. Et sa toile d'araignée a déjà pris forme. Enfin, lui même va voir des matchs pour superviser des joueurs. Parce que demain commence aujourd'hui.
« SASP-Association,l'0GC Nice ne doit faire qu'un »
- Passons, maintenant, aux projets du club...
Ils sont nombreux car la maison OGCN souffre d'un retard considérable dans tous les secteurs. Le premier chantier concerne la réunification SASP-Association. Pour moi, l'OGCN ne doit faire qu'un. Ce n'est pas encore le cas. Mais c'est en train de le devenir. Je souhaite qu'il n'y ait qu'un seul OGCN. Avec un seul pouvoir de décision sportif et financier. C'est le conseil d'administration de la SASP qui doit être au sommet de cette pyramide. Cest lui qui, avec la ville, apporte l'essentiel des rentrées du budget de lAssociation. Lui qui doit décider. Et il peut d'ailleurs s'ouvrir à des membres de l'Association. Mais il nous faut aussi améliorer le département billetterie et abonnements. Développer le service marketing et les relations presse. Monter des opérations pour les entreprises. Mettre en place une aide constante autour des joueurs. Bref, les travaux ne manquent pas.
- Le merchandising ?
Fin novembre, les premiers produits dérivés de la gamme OGCN seront à la vente. Au delà des maillots, écharpes, tee-shirt, blousons... il y aura aussi des montres adultes et enfants et bien d'autres produits.
- Le nouveau maillot ?
Il vient d'arriver. Les joueurs le porteront à Nantes. Et il sera dans les magasins de sports à la fin du mois. C'est un superbe maillot rouge et noir. Bien dans la tradition.
- Le futur camp d'entraînement ?
C'est un projet. Nous avons trois ans pour le concrétiser. Nous avons visité les installations de Sochaux, Bordeaux et Marseille. Nous allons aller à Lens. C'est Roger Ricort qui a le dossier en main. Aujourd'hui, quatre sites sont à l'étude : La Lauvette, Levens, le parc des Sports réaménagé et un autre lieu situé, lui aussi, aur la plaine du var.
- En juin 2004, le stade du Ray fera peau neuve. Où jouera l'OGCN pendant les deux saisons que dureront les travaux ?
Notre choix serait, bien évidemment, de rester à Nice, mais les joueurs comme le staff considèrent que le Parc Charles-Ehrmann n'est pas un stade de foot. Reste deux possibilités. Monaco. Mais vu l'état de la pelouse du Louis-II, ça me semble mission impossible. Et Cannes. Avec les aménagements impératifs à la L1. A ce jour, rien n'a été décidé. Nous trancherons en fin de saison.
« Financièrement, le Gym ne dérapera plus »
- Les finances ?
Elles sont saines, claires. Tout le monde connaît notre budget. Il est de 98 millions de francs (15 M d'euros). Lorsque nous l'avons monté, il y avait deux incertitudes. Les recettes et le sponsoring. Nous avions tablé sur une moyenne de 8000 spectateurs. Ce qui équivalait à 13 millions de francs de rentrées. Aujourd'hui, compte tenu des abonnés (5400) et de l'engouement, nous sommes au-dessus des prévisions. Quant au sponsoring, son budget de base (9,5 millions de francs) a déjà été atteint grâce à la Maison de la Literie, Ubaldi, Azur Restauration, Jaguar et tous ceux qui nous ont fait confiance. Mais ceci ne nous empêche pas de rester vigilants.
Pour les salaires, nous sommes sous contrôle. C'est d'ailleurs ce que je rappelle à certains managers qui viennent demander des augmentations pour leurs joueurs... Ce n'est pas qu'on ne veut pas. C'est qu'on ne peut pas. La DNCG veille. L'OGCN ne dérapera plus. Le passé nous sert de leçon. A ce sujet, nous avons déjà payé les 28 millions de francs de dettes qu'avaient faits nos prédécesseurs.
- Un mot sur les supporters ?
Ils sont à l'image de l'équipe. Pourtant, eux aussi, sont dans le viseur des instances dirigeantes. Mais ils sont irréprochables. Je vois les différents groupes régulièrement. Car, si cette saison, tout a été fait dans l'urgence, la prochaine sera bien organisée.
« Dans trois ans, l'OGCN sera un vrai club »
- Le futur ?
Il se prépare maintenant. N'oubliez pas que nous avons, dans notre effectif, sept joueurs prêtés ! Nous essaierons d'en garder le plus possible. Car nous tenons à conserver ce groupe intact. Voilà pourquoi, Pamarot a prolongé son contrat. Cobos et Roy devraient en faire autant. Pour le reste, en accord avec Gernot Rohr, nous avons d'ores et déjà décidé de ne vendre personne à l'intersaison. Sauf, bien sûr, si nous recevons une proposition qui ne se refuse pas... Nous sommes là pour bâtir, pas pour faire de l'argent. Et tous les actionnaires sont sur cette même longueur d'ondes. Nous avons, tous, le même état d'esprit. Nous ne sommes pas des gens de passage. En trois mois, nous avons abattu des montagnes. Dans trois ans, l'OGCN sera un vrai club.
- Le succès ?
Il n'est monté à la tête de personne. Et surtout pas à la mienne. Certes, les gens me reconnaissent. M'encouragent. Me félicitent. Comme l'a fait le Prince Albert récemment à Monaco. Ces marques de sympathie font plaisir. Mais je suis le même. Et puis, il reste tant de travail à faire...
Philippe CAMPS
Dimanche 13 Octobre 2002
Tous droits réservés - © Nice-Matin
- Retour -