Vahirua, un drôle de poisson

Quand Marama Vahirua ne joue pas au football, il nage, il plonge, il surfe ou il pêche. Et quand il sort de l'eau ou du terrain, il sourit. Portrait du poisson pilote de l'OGC Nice...

- Tu es né à Tahiti, tu as joué à Nantes, maintenant tu es à Nice. Est-ce que la mer est aussi importante pour toi que pour les autres Tahitiens ?
Je suis comme un poisson, je ne peux pas vivre sans la mer. Chaque année je retourne chez moi parce que je n'ai pas le choix, pour mon équilibre, il faut que je rentre. Ca fait partie de ma vie.

- Est-ce que tu as décidé de passer ta vie au bord de la mer ?
Non, je n'ai pas fait mon plan de carrière par rapport au climat. J'ai quitté l'Océan Atlantique et je suis dans les Alpes Maritimes. Le climat est meilleur, la vie est complètement différente. Les gens sont différents, dans leur façon d'être. Ici ils sont plus souriants, parce qu'ils ont le soleil tous les jours. A Nantes c'est un peu plus grincheux, mais c'est logique : quand l'hiver approche, n'avoir que deux ou trois jours de soleil par mois, c'est un peu triste.

- Pour profiter de la mer, tu fais plutôt du jet-ski, de la planche à voile ?
Rien de tout ça. Pour moi, il n'y a que la pêche. Je suis pêcheur dans l'âme, j'adore ça. Tout ce qui a un rapport avec la pêche m'intéresse : plongée, pêche au large, dans le lagon. Je sais plonger en apnée, comme tous les Tahitiens, mais avec le temps j'ai perdu un peu de ma durée dans l'eau. C'est vraiment une passion.

- Quand tu étais petit, tu voulais être pêcheur ou footballeur ?
J'ai toujours voulu être footballeur professionnel, c'est ce que je disais à mes institutrices, c'est vraiment ce que je voulais faire. A l'époque, la pêche n'était pas encore l'une de mes passions, il n'y avait que le football... et le surf. J'allais tout le temps au surf , j'alternais le foot et le surf, et de temps en temps j'allais un peu à l'école...

- Est-ce que tu as été influencé par Pascal Vahirua, ton cousin ?
Beaucoup. Pas personnellement parce que j'étais trop petit. II était en France mais il n'y avait pas les téléphones qu'il y a maintenant. C'est grâce à lui que je suis devenu professionnel, je le voyais tous les dimanches à Téléfoot, pour moi c'était un exemple, une idole. Et en plus il était de ma famille, du côté de mon père, donc c'était obligatoire que je fasse ça.

- Est-ce que tu manges beaucoup de poisson ?
Je mange beaucoup de poisson, mais pas de fruits de mer. Ici je suis allergique aux fruits de mer. On me dit que je ne suis pas un Tahitien, mais il doit y avoir quelque chose, l'iode, je ne sais pas : dès que je mange des huîtres ou un truc comme ça, je tombe malade. A Nantes, c'était la même chose. Mais quand je suis chez moi, je peux en manger des tonnes et je ne tombe pas malade.

- Est-ce que tu fais la cuisine ?
Avec ma femme, on fait la cuisine tous les deux, on se fait nos petites spécialités à chaque fois. Je ne vais pas beaucoup au restaurant. Notre vie ici n'est pas très différente de notre vie à Nantes. On a toujours essayé d'avoir une vie simple.

- Qu'est-ce qui t'a le plus surpris quand tu es arrivé à Nice ?
Beaucoup de choses, car je quittais un club avec des structures bien en place et beaucoup d'années de Dl derrière lui, beaucoup de titres et plus de finances qu'ici. Mais j'ai vite remarqué que les gens ici étaient plus simples, que le club ne pouvait pas se permettre de s'enflammer, de penser à autre chose qu'au maintien, et que les objectifs étaient forcément différents de ceux de Nantes.

- Qu'est-ce que tu penses de l'ambiance au stade du Ray ?
Je connaissais l'ambiance en étant adversaire, mais pas en étant vraiment dans cette équipe-là. Ca m'a vraiment beau-coup plu. C'est pour ça que je suis aussi heureux d'être là.

- Depuis quand donnes-tu des coups de pagaie après avoir marqué un but ?
Les coups de pagaie, ça remonte à un Nantes-Auxerre en Coupe de France il y a trois ans, on a gagné en prolongations, j'ai marqué un but et j'ai commencé à le faire. Ca m'est venu comme ça, sur le coup. Ce n'était pas prémédité et depuis tous les potes me demandent de le faire à chaque fois.

- Quand tu te promènes à Nice, tu vas où ?
J'aime bien aller me balader sur la Promenade (des Anglais). Je vois la mer et ça me rappelle un peu chez moi. Mais je suis quelqu'un de très casanier, je ne sors pas beaucoup, et le peu de temps que j'ai je le consacre à ma famille, à mes deux enfants. L'aîné a bientôt quatre ans, et la petite bientôt quatre mois. Elle est née juste avant de partir de Nantes.

- A part le foot, il y a d'autres sports dans ta vie ?
Quand j'étais à Nantes, j'étais branché golf. Je le suis toujours mais je pratique moins, alors qu'ici il y a des golfs magnifiques, tout ce qu'il faut. Au golf, et les golfeurs me le disaient au début, dès qu'on commence à toucher la balle, on tombe malade. C'est ce qui m'est arrivé, même trop, je ne pouvais plus m'en passer. En deux ans, j'étais arrivé à être classé handicap 15. J'étais devenu accro, alors j'ai mis un frein là-dessus. Ca me prenait trop de temps et surtout je ne me reposais pas.

- Et à part le golf ?
J'adore tous les sports, et je regarde volontiers les grands tournois de tennis, mais surtout je suis un grand sportif de Playstation. Le football, les Jeux Olympiques d'Athènes, qui viennent de sortir, tout ce qui est bien, je joue. J'ai suivi les Jeux cet été, comme tous les sportifs, c'est quelque chose à ne pas rater. Je suis très branché cinéma, les films d'action, et aussi les films romantiques, à cause de ma femme.

- Qu'est ce que tu écoutes comme musique ?
J'écoute de tout, beaucoup de musique de chez moi mais aussi beaucoup de chanteurs français, tout ce qui est classique : Francis Cabrel, Jean-Jacques Goldman, Laurent Voulzy, Jean-Louis Aubert, ce sont les quatre chanteurs que j'aime le plus. Ca remonte à mon arrivée à Nantes, j'avais un copain qui me faisait écouter ses CD et je suis tombé dedans. J'ai même une guitare chez moi.

- Est-ce que tu as beaucoup d'amis dans le sport ?
A part les footeux,je connais très peu de monde. Je connais un peu Robert Teritehau, le véliplanchiste, mais quand on est casanier, on ne peut pas connaître tout le monde. Je ne suis pas dans le milieu de la jet-set, enfin pas encore...

- Tu t'imagines où, dans dix ans ?
Dans un hamac, chez moi, au bord de la plage, avec en face un paysage de carte postale, et obligatoirement au bord de la mer. Si je deviens entraîneur de foot, pourquoi pas, ce sera là-bas, mais ça reste encore très loin. Je me vois bien comme ça, tranquille, peinard.

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