Franck Giudicelli : « Cette équipe me plaît »

Jeune (30 ans) et heureux actionnaire de l'OGC Nice, Franck Giudicelli est, de par sa participation à hauteur de 27% dans le capital du club, l'un des hommes qui comptent au sein de l'OGC Nice. Moins médiatique que Maurice Cohen ou Gilbert Stellardo, le très officiel vice-président du Gym n'en demeure pas moins un grand amateur de football, qui nous livre sa, vision des choses sur l'évolution du club niçois. Un discours tout aussi raisonnable que passionné.

- En tant que vice-président du club, êtes-vous chargé d'une mission particulière au sein de l'OGC Nice ?
Je ne suis que vice-président honoraire. Je n'ai à ce titre aucune mission particulière. J'accompagne l'équipe en déplacement. Je participe aux réunions du conseil d'administration. En raison de mes autres activités, je ne peux pas me consacrer à 100% à l'OGC Nice. Mais certains ne devraient pas oublier que je possède tout de même 27% du club. D'autant que je suis bien où je suis. Je n'ai pas envie de revendre mes parts sauf si un gros sponsor débarquait demain avec des objectifs importants pour le Gym.

- Ces 27% pourraient justement vous offrir d'autres perspectives ?
Je ne cherche pas à avoir le pouvoir. Cela ne m'intéresse pas. Le plus important à mes yeux, c'est que l'équipe gagne des points et développe - ce qui est le cas depuis cette saison - un bon football.

- Y a-t-il des sujets qui divisent les membres du conseil d'administration ?
Nous prenons des décisions collégiales. Honnêtement, je n'ai pas souvenirs d'une discussion où nous nous sommes "chamaillés". Cela peut arriver de ne pas être d'accord. Mais lorsque c'est le cas, on essaie de prendre la meilleure option possible pour le club. Nos egos passent après le Gym. Au niveau sportif, c'est Gernot qui a le dernier mot. Nous, on lui propose en fonction de nos moyens financiers et lui dispose. Jusqu'à présent, cela a toujours bien fonctionné.

« Je n'ai pas envie de revendre mes parts sauf si un gros sponsor débarquait demain avec des objectifs importants pour le Gym »

- Gernot ne vous a jamais demandé plus que ce que vous lui mettez à disposition pour construire son équipe ?
Non, et je suis sûr qu'il ne le fera jamais. Gernot adhère totalement à notre philosophie, qui est de ne pas s'enflammer. On a toujours pris les options les moins risquées en matière d'argent et on continuera à le faire. Le Gym est composé d'actionnaires privés. Nous n'avons pas le droit à l'erreur.

- Pour quelles raisons vous faites-vous si discret ?
C'est dans ma nature. Les caméras et les interviews ne sont pas vraiment ma tasse de thé. Cela plaît à d'autres. Mais pas à moi. Mon plaisir, je le prends au contact des joueurs ou en allant dans les stades. Pour le reste, je laisse travailler les gens en place.

- Le fait de vivre derrière l'omnipotent duo Maurice Cohen - Gernot Rohr ne vous tracasse pas plus que cela ?
Très honnêtement, non. Je n'éprouve pas le besoin d'apparaître médiatiquement. D'autant qu'il n'y a rien à dire sur le travail effectué tant par Maurice au niveau de la gestion et du développement du club que par Gernot sur le plan sportif.

- La décision prise récemment par le conseil d'administration de reconduire Maurice Cohen trois ans à la tête du club est donc logique ?
Absolument. Maurice est un gros bosseur. Il s'investit à fond dans l'OGC Nice. Son discours est très clair, que ce soit en interne ou avec les médias.

« L'opinion publique m'a désigné, sans preuve, comme celui qui avait approché Frédéric Antonetti sous prétexte que nous sommes corses tous les deux. C'est un raccourci trop facile »

- Une polémique vous a visé en début de saison lorsque l'équipe était en difficulté et qu'une rumeur a fait état de contact entre vous et Frédéric Antonetti dans l'optique d'une mise à l'écart de Gernot Rohr. Que pouvez-vous dire aujourd'-hui à ce sujet ?
Tout d'abord, je n'ai pas voulu répondre à cette rumeur car je n'avais rien à me reprocher dans cette affaire. D'autant que je ne
connais même pas Frédéric Antonetti. De plus, je n'ai jamais voulu déstabiliser l'équipe même lorsque celle-ci s'est retrouvée avant-dernière après cinq journées. L'opinion publique m'a désigné, sans preuve, comme celui qui avait approché Frédéric Antonetti sous prétexte que nous sommes corses tous les deux. C'est un raccourci trop facile. Moi, je n'ai qu'une seule chose à répondre dans cette affaire : si Frédéric Antonetti a été contacté par un dirigeant de l'OGC Nice comme il l'a dit, il suffit de lui demander qui est ce fameux dirigeant ?
Personnellement, cela m'amuserait de le savoir car je ne me sens absolument pas concerné.

- Avez-vous évoqué cette "affaire" avec Gernot Rohr ?
Pas du tout. J'ai la conscience tranquille. D'autres seraient peut-être emmerdés. Et puis de toute façon, je n'ai à me justifier devant personne. Avec Gernot comme avec les autres actionnaires, nous avons appris à nous apprécier. Je n'ai aucun souci avec lui, ni avec quiconque du club. Avec Gernot, on parle de tout presque à coeur ouvert.

- A Nice, on dit Gernot Rohr presque intouchable ?
Personne n'est intouchable. Mais il est clair qu'au sein des décideurs de l'OGC Nice, nous ne sommes pas des adeptes des changements radicaux après cinq ou six matches. Gernot a fait du bon travail depuis deux ans. Il fallait lui laisser le temps de reconstruire un collectif après les nombreux changements survenus à l'intersaison. Il est sûr que si on avait été dernier à la trêve avec dix points de retard sur l'avant-dernier, on se serait peut-être posé des questions. Mais aujourd'hui, on se rend compte que la mayonnaise a pris.

- L'équipe de cette saison est-elle la meilleure depuis le retour du Gym en L1 ?
Meilleure, je ne sais pas. Je dirais plus complète. Celle de la première saison me plaisait tout autant. Mais on avait joué sur l'effet de surprise avec des éléments revanchards dont la moitié ne nous appartenait pas. Cette saison, il y a une marque de fabrique OGC Nice, qui me plaît. L'équipe joue mieux et va plus de l'avant. C'est vrai que l'on prend plus de buts mais on en marque plus aussi. La seule chose que je regrette, c'est que nous ne soyons pas toujours récompensés de nos initiatives au niveau des points, parfois en raison d'erreurs d'arbitrage inacceptables. Mais cela fait partie du foot. II faut savoir l'accepter. Quoi qu'il en soit, cette équipe me plaît.

« J'aurais aimé que Mickaël Pagis, voire Jérôme Leroy, soient à Nice aujourd'hui. »

- Comment comptez-vous attirer au moins deux joueurs confirmés pour la saison prochaine comme l'a affirmé Maurice Cohen récemment ?
Il est clair que si on veut franchir encore un palier sur le plan sportif, il faudra à un moment donné recruter
des joueurs encore plus confirmés que ceux que nous avons. Maintenant, il y a effort et effort. On ne fera pas de folies non plus. On respectera toujours notre budget. Ce n'est pas parce que Canal Plus va nous donner plus d'argent que l'on achètera vingt euros, un joueur qui pour nous en vaut dix.

- Il faudrait déjà réussir à conserver un joueur comme Balmont ?
Son départ en fin de saison n'est en tout cas pas d'actualité. Qu'il attise les convoitises, cela me semble normal. Il faudrait être aveugle pour ne pas se rendre compte de son talent. Bien sûr que nous souhaitons conserver Balmont et tous nos meilleurs joueurs. Mais je le répète : on ne fera pas de folies. Je préfère être comme nous sommes et ne pas avoir de dettes. Alors que la moitié de nos concurrents en L1 en ont.

- Avez-vous des regrets concernant des joueurs que vous auriez aimé faire venir à Nice et qui ne sont pas venus pour des raisons financières ?
Globalement, je n'ai pas trop de regrets. C'est sûr que j'aurais aimé que Mickaêl Pagis, voire Jérôme Leroy, soient à Nice aujourd'hui. Mais financièrement, ce n'était pas dans nos moyens.

- Que peut espérer le Gym cette saison ? Le président Cohen parlait récemment d'une qualification en UEFA...
Obtenons déjà notre maintien. Le reste, ce n'est que du bonus. L'UEFA ? Ce serait extraordinaire.

Propos recueillis par M. B.
Les Nouvelles Niçoises