Metz, le point de la discorde

Fauchés par un arbitrage suspect en fin de rencontre, et privés sur penalty d'un succès qui leur tendait les bras, les Messins rapportent un point courageux de Nice. Satisfaisant, mais la pilule est amère.

Trop, c'est trop. Cette fois, Jean Fernandez n'a pu réprimer une colère noire dans les vestiaires du stade du Ray. Un entraîneur agacé, c'est le moins que l'on puisse écrire, par ce qui s'apparente à une nouvelle faute d'arbitrage portée au bilan conséquent des Messins depuis quelques semaines. Verbe épicé, grands gestes à l'appui, il fallait que ça sorte. Il fallait régurgiter la frustration et le désarroi apparu après le penalty royalement accordé par M. Bré pour une chute d'Ederson en pleine surface et converti par l'imperturbable Vahirua. Le premier résultat positif cueilli par les Lorrains à l'extérieur depuis le nul rapporté de Toulouse (1-1), le 6 novembre dernier, a un goût amer. "Outre cette erreur, il y a eu la main de Déhu dans la surface contre Marseille, puis le coup franc de Juninho à Lyon, liste Jean Fernandez, courroucé. Ça fait beaucoup pour une petite équipe qui joue le maintien".

Son coup de gueule résonne fort. Jean Fernandez tonne, s'agite, rouspète comme rarement auparavant. Il dénonce l'avertissement adressé à Grenet, coupable d'un accrochage sur Ogbeche avant le penalty messin, alors que le règlement recommande d'exclure le dernier défenseur. Il ne comprend pas pourquoi Stéphane Bré a prié Proment d'exécuter une seconde fois son penalty. Il met le doigt sur la flopée de cartons (quatre au total) infligés à ses propres joueurs. "Au cours de nos trois précédentes sorties, rappelle-t-il, nous n'avions pas été avertis". Il n'accuse pas, n'a aucune volonté d'accabler. Il s'interroge, c'est tout. Et ses doutes sont partagés par Franck Signorino, qui synthétise le sentiment général: "Dans la mesure où les Niçois ont d'entée pris l'ascendant sur l'arbitre, le penalty est la suite cohérente du match", estime le défenseur lorrain. Avant d'admettre lucidement: "Si on nous avait donné un point avant la rencontre, on l'aurait pris. Il ne faut donc pas avoir trop de regrets."

Sur ce qu'il a dévoilé hier, en effet, le FC Metz n'était pas en droit de revendiquer un succès fondé sur la logique. Jean Fernandez le reconnaît volontiers: "Compte tenu de la physionomie de la rencontre, le nul n'est pas anormal. Depuis la reprise, nous sommes dans de bonnes dispositions. Nous confirmons une meilleure qualité de jeu. Mais dans le même temps, je regrette les ballons perdus au milieu de terrain et par nos attaquants. Sans cela, nous aurions probablement posé plus de problèmes à nos adversaires". Des Niçois finalement soulagés d'éviter la défaite, mais qui n'ont plus remporté le moindre succès depuis bientôt deux mois. Des Niçois agressifs, insistants, devant lesquels Metz a démontré une rigueur défensive de chaque instant. Celle-ci avait pourtant souffert, avant la demi-heure de jeu, de la sortie prématurée de Bruno Pompière, atteint au genou droit dans un choc avec Agali. On redoute à son sujet une rupture des ligaments croisés, une indisponibilité longue durée. "Sa saison est peut-être d'ores et déjà terminée", soupirait Jean Fernandez, hier soir. Un désagrément de plus dans les bagages du retour.

Pierre THÉOBALD
Le Républicain Lorrain