Presse :
Quand Pitau savoure
Nice-Matin, le 31/10/2002 à 08h12
Romain Pitau a attendu d'avoir 25 ans pour croquer dans la Ligue 1. Résultat: il est une pièce maîtresse du milieu niçois, régulier, comme s'il avait toujours évolué à ce niveau, Pour autant, il ne s'enflamme pas...
Dans les petites discussions de tribune de presse, la question revient souvent, que ce soit au Ray ou à l'extérieur. Comment se fait-il que Romain Pitau, aussi brillant et indispensable à l'OGC Nice, ait pu passer à ce point discrètement dans le paysage du football français ?
A 25 ans, le numéro 14 niçois donne le sentiment de connaître la musique Ligue 1 depuis une éternité. Il la découvre, pourtant ! Dans le triangle du milieu mis en place par Gernot Rohr (Roy, Everson, Pitau), les milieux récupérateurs ont aussi un rôle essentiel dans la partie construction. Ce dont Pitau s'acquitte avec bonheur, de près et de loin, témoin sa transversale de 40 m sur le pied de Diawara à Nantes... « Dans le jeu de Romain, je ne vois pas beaucoup de défauts », souligne Gernot Rohr. Alors, Pitau, joueur méconnu ? C'est sans doute plus une question de circonstances que de tempérament. Une sorte de remake « à la française » d'Everson, qui jouait l'an passé en D3 allemande...
Rentré assez tardivement (à 16 ans) au centre de formation du RC Lens, Pitau s'est trouvé barré, à l'orée de ses 20 ans. « Quand j'étais stagiaire troisième année, en 1998, le RC Lens a été sacré champion de France. Le club devait se renforcer en vue de la Ligue des champions. Pour un jeune, ce n'étais pas y évident d'y trouver sa place », rappelle Romain.
La saison du titre lensois, il disputa deux matches. Ses deux premiers en D1. Prêté à Créteil (alors en National), il fut l'un des moteurs (avec Samy Traore) de la remontée des Cristolliens en D2. C'est aussi à Créteil qu'il a connu Gernot Rohr, coach. Un rapport de confiance s'est établi. Au point de le suivre à Nice, l'été 2001... « C'était l'époque de la direction italienne, il y avait quelques rumeurs inquiétantes sur le club, mais je faisais confiance à Gernot Rohr, qui parlait d'une belle histoire à créer à Nice, Aujourd'hui, comme vous vous en doutez, je ne le regrette pas ».
« A Lyon pour un résultat »
On a connu, en comparaison à Pitau, quelques internationaux espoirs moins complets. Lui, l'occasion d'une quelconque sélection ne l'a jamais effleuré. A Créteil, plongé dans les combats ingrats et anonymes de D2, le ch'ti ne s'est jamais lamenté. Comme il ne s'enflamme pas, au sujet de son parcours niçois.
« Il faut goûter à ce qui nous arrive aujourd'hui, dans le foot, on ne sait jamais de quoi demain est fait », dit-il. Trop sage, trop modeste, Romain ? Dans son regard, il y a des reflets trop malicieux pour y croire. On dirait plutôt qu'il a cette qualité, précieuse, d'avoir les pieds sur terre. « L'étiquette joueur de club? Ça ne me dérange pas. Dans une équipe, il en faut », dit-il. « Au sujet de ma progression personnelle, je me fixe des objectifs. Mais je préfère y aller par étape, ne pas tirer de plans sur la comète. J'ai toujours préféré agir ainsi. Ma récompense, actuellement, c'est de regarder le classement de Ligue 1, le dimanche matin, et de nous voir toujours aussi haut placés. C'est là qu'on savoure le travail accompli ».
Les contacts avec des clubs de Ligue 1, l'été dernier? « N'en parlez pas, c'était surtout des bruits, rien de bien concret », dit celui qui est lié au Gym jusqu'en juin 2004. « Le plus important, c'est de voir la fidélité au maillot récompensée ».
Il se régale, en fait, Romain, du joli coup joué par ses Niçois. Quitte à rêver, c'est encore mieux les yeux ouverts... « Samedi à Lyon, on va encore jouer contre une grande équipe, dans un stade plein, en direct à la télé. Au niveau de la motivation, c'est le top! Même si on connaît le potentiel offensii impressionnant des Lyonnais, or ira là -bas pour faire un résultat ».
Romain Pitau, né à Douai. Qui avec ses parents, ses oncles et ses cousins, ne ratait pas un match à Bollaert. Et aujourd'hui, symbole du renouveau niçois. Depuis un an avec l'épopée de la remontée, le roman infernal de l'été, et le dépard tonitruant du Gym, il a connu un drôle de condensé. Tourné le dos à une carrière sans lumière. Mais c'est comme si rien ne pouvait changer cet exemple de disponibilité.
« Par rapport à mon parcours, je ne regrette rien. Ma vie actuelle, j'en suis très heureux ». Avec son épouse, Emilie, et la petite Faustine née il y a huit mois, ils ont choisi un coin au vert, du côté de Vence. Pas trop loin de la cité, mais surtout proche de la campagne, tranquille et authentique.
François PATURLE.
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