Mercredi, 13 heures, centre d'entraînement du Gym. Après la douche, les joueurs ont sacrifié au rituel du mercredi : les pizzas. Dans 48 heures, l'OGC Nice affronte Reims en 1 /16e de finale de la Coupe de France. La tension est montée d'un cran : cela se ressent au nombre de médias présents, plus nombreux qu'à l'accoutumée. Gernot Rohr, l'entraîneur de l'OGC Nice, nous regarde bizarrement. Sans doute nous a-t-il confondu avec des agents ? Très vite, on le rassure. « Bonjour, c'est Tendance Foot ! ». Toujours à l'écoute, Gernot Rohr livre ses sentiments sur la presse, en particulier gratuite. « Vous êtes le premier du genre sur le football », et nous souhaite bonne chance : « Tant que je serai ici, les portes vous seront toujours ouvertes. » Après avoir répondu à la télévision, José Cobos, le capitaine emblématique, sur son 31 (c'est une habitude !), est ponctuel à notre premier rendez-vous. Au fil des questions, José est de plus en plus détendu et souriant : sans doute apprécie-t-il d'être « sorti » du contexte purement footballistique ? Il nous avait donné un quart d’heure et l’entretien a duré plus de 45 min mais le gentleman n'a pas rechigné à la tâche. Quel charisme !
- Vous n'en avez pas marre de mâchouiller du chewing-gum à longueur de journées ?
Je n'en mâchouille pas à longueur de journées. Seulement sur le terrain. Pendant les matches. En fait, ça fait partie de ma préparation. Je crie fort, par exemple, mais seulement sur le terrain, jamais en dehors. Pour le chewin-gum, c'est pareil.
- Vous n'en avez pas marre d'avoir les cheveux longs ?
Je les ai déjà portés courts, et ça m'allait bien aussi, non ? C'est par période, et en ce moment, ils sont longs, et je n'ai pas l'intention de les couper.
- Vous n'en avez pas marre d'être tiré à quatre épingles, de vous habiller «classe» ?
J'adore ça! J'ai eu un déclic à mes débuts, à Strasbourg, vers l'âge de 17 ans. Je pense que la présence de Daniel Hechter à ta tête du club à l'époque y est pour quelque chose. J'ai toujours aimé les fringues.
- Vous n'en avez pas marre des repas «crudité-viande/poisson-compote» servis lors des mises au vert ?
Cela fait partie de ta préparation du joueur et c'est aussi un moyen pour lui d'avoir la conscience tranquille. A la maison aussi, on doit faire attention à ce qu'on mange. Cela ne nous empêche pas de nous faire un petit plaisir de temps en temps, il n'y a pas de mal à ça. La vie est tellement courte...
- Vous n'en avez pas marre de parler espagnol avec Pancho Abardonado ?
C'est un délire entre nous. On en a plein comme ça. On utilise des codes. Mais cela va plus loin. En fait, quand je lui parle espagnol, c'est pour qu'il me sente encore plus proche de lui. C'est un moyen de nous encourager aussi, ça nous permet de rentrer dans le match sans anxiété, sans nervosité. Mais ces moments de décontraction avant un match, je ne les partage pas avec tout te monde ; si des joueurs veulent rester tranquilles, je les laisse. Après, ta vérité du match, elle est à 20 heures...
- Vous n'en avez pas marre qu'on parle toujours de vôtre âge ?
Non si cela va dans un sens positif. C'est vrai que je suis le doyen de la Ligue 1, et c'est une grande fierté. Ce que je peux vous dire c’est que je me sens très bien physiquement et dans ma façon de jouer. Malheureusement, au classement, ce n'est pas encore ça.
- Vous n'en avez pas marre que l'on remette sans cesse en cause la défense de l'équipe ?
Ca fait partie du jeu. Bien sûr, je préfère quand on en parle en bien. Ce qui est incroyable, c'est que j'ai eu quelques mots avec un journaliste à ce sujet et que ça a fait le tour. Moi, j'ai été surpris que l'on ne parle pas plus de l'attaque, qui fonctionnait bien à un moment donné.
- Vous n'en avez pas marre d'être sollicité par les médias ?
Non, cela ne me dérange pas. Aujourd'hui, j'arrive à « maîtriser » ce phénomène. J'affronte la presse dans les deux cas, que ça aille bien ou mal. Mais il ne faut pas exagérer non plus, ce n'est pas toutes les semaines comme à une certaine époque, notamment lorsque Nice était premier du championnat. A ce moment-là , je disais toujours aux journalistes : « pourquoi n'allez-vous pas interroger un autre joueur ? ».
- Vous n'en avez pas marre d'être éloigné de Strasbourg ?
Non. Strasbourg, c'est ma ville, mais je suis bien ici. Et puis, y'a de plus en plus d'alsaciens à Nice ! Cela dit, au moment des fêtes, c'est toujours à Strasbourg que je me rends. Les gens de là -bas me manquent. Et pour certains, c'est le seul moment de l'année où je les vois.
- Vous n'en avez pas marre que Sammy Traoré et Pancho Abardonado sèment la zizanie dans le vestiaire ?
Moi, j'aime bien le « bordel » ! Après, y'a des moments pour le mettre. En général, ils les choisissent bien. Est-ce que je les suis quand ils partent dans un délire ? Demandez-leur...
- Vous n'en avez pas marre de toujours attendre les arrêts de jeu pour marquer des buts ?
Oui, parce que c'est mauvais signe. Cela veut dire que l'on est mené au score. Dans les arrêts de jeu, je me permets de monter en attaque car il faut tout tenter pour essayer de revenir. Mais si je ne le fais pas, c'est sans doute que ta victoire est au bout.
Cette année, j'en suis à deux buts. L'an passé, je n'en ai inscrit aucun, et deux lors de la saison 2002-2003. Je n'oublie pas que j'avais débuté au poste d’attaquant à mes débuts à Strasbourg
- Vous n'en avez pas marre de ne pas proposer de choucroute sur la carte des menus de votre restaurant cannois, le « Palm Square » ?
Non car la choucroute, je la prépare chez moi chaque année le 7 janvier pour l'anniversaire de la grand-mère de Stéphanie, mon épouse, qui réunit sa famille. Comme je ne peux pas aller à Strasbourg à cette période à cause du championnat, on la mange ici. Mais pour répondre à votre question, on peut manger une choucroute au « Palm Square », sur commande !
- De quoi en avez-vous vraiment marre ?
Ma réponse va être banale mais j'en ai marre de la guerre. Je pense que l'on pourrait l'éviter. C'est un tel flou... En tout cas, ça m'a toujours révolté.
José Cobos au cribble
Footballeur préféré ?
Maradona. Il a commis des erreurs mais c'est un joueur mythique. Je connais un peu sa vie par rapport à des joueurs qui l'ont côtoyé ; c'est un seigneur. Il discutait même des contrats des joueurs.
Hobbies, occupations ?
Je me repose beaucoup. Je ne sais pas si c'est à cause de l'âge... La récupération est quelque chose d'important. Sinon, j'aime bien aller au restaurant même si, cette année, j'y vais un peu moins. J'aime également boire un verre avec mes amis, ces moments de détente à l'espagnol. Enfin, j'apprécie beaucoup te golf : on va jouer de temps en temps à Mandelieu, chez Camerini. Mais il faut trouver le temps.
Plat préféré ?
Le Risotto du « Palm Square » : je dis cela à chaque fois, mais c'est la vérité! Quand j'étais à Strasbourg, j'aimais bien les plats lourds également. A Nice, j'ai découvert les spécialités comme la pissaladière, que je ne connaissais pas. Si je fais attention à ma ligne, je ne me refuse pas quelques. Excès
Films préférés ?
Si je devais en citer un en particulier, ce serait encore un film américain : moi, quand je vais au cinéma, c'est pour rêver, et pour cela, il me faut un film à grand spectacle.
Style de musique ?
C'est très varié. J'écoute de tout, sauf du « métal ».
Animal ?
Le puma. J'ai fait un rêve, dans lequel je me battais avec un puma. Je ne sais pas si cela a une signification quelconque. En tout cas, cela n'a absolument rien à voir avec l'équipementier !
Qualité ?
La générosité.
Défaut ?
Je suis trop exigeant. Je te vois dans mon entourage. Je considère cela comme un défaut.
Sportif que tu admires le plus ?
Yannick Noah et Mickaël Jordan. Mais à cause d'eux, je ne regarde plus le tennis et le basket à la télé. J'ai eu la chance de les rencontrer. Noah a parlé de moi dans son bouquin. Pas Jordan, non ! Mais lui, je l'ai croisé à Monaco.
Ton meilleur souvenir sportif ?
Je serais tenté de répondre la campagne européenne en Coupe d'Europe avec le PSG même si j'étais blessé pour les demi-finales et la finale contre Vienne. Malgré la frustration de ne pas jouer, c'était un grand moment. Mais au-delà des titres, j'aime bien les aventures, les accessions. Et puis, il y a ce match à Monaco en octobre dernier (4-3 pour Nice) ; celui-là , il restera dans les annales. Je ne sais plus si c'est pour le mondial 1998 ou pour le championnat d'Europe 2000, mais je revois ces Tee-Shirts avec l'inscription « j'y étais » floquée. Pour ce match, c'est pareil, on pourra dire « j'y étais ».
Tes manies ?
Ben, le chewing-gum ! Prendre la voiture et aller à l'entraînement, voilà une de mes habitudes. Mais j'aime bien rester dans mon lit le matin et traîner avant d'y aller, histoire de gagner un maximum de temps.
Le milieu du foot ?
J'ai eu la chance de connaître deux époques, et de nombreux dirigeants.
Certains n'avaient pas beaucoup de moyens, comme à Nice, par exemple. J'ai aussi connu des grands joueurs. Et aujourd'hui, je me rends compte de la chance que j'ai d'être à Nice, avec des jeunes qui ont une bonne mentalité, qui sont respectueux. Je me revois un peu à mes débuts, au centre de formation de Strasbourg. J'ai toujours bien aimé l'esprit amateur qu'il y avait à cette époque. C'était familial. J'ai retrouvé un peu ça à Nice.
Tes dernières vacances ?
Je suis parti une dizaine de jours à l'île turquoise : mes premières vacances de Noël depuis 18 ou 19 ans ! Je les ai payées très cher : je suis revenu avec une double otite externe !
José Cobos juge ses coéquipiers !
Le plus « fashion » ?
Tout le monde dit que c'est Sammy Traoré alors que c'est moi.
Le plus physique ?
Je pense que Martin Djetou ne va pas être mal dans ce domaine lorsqu'il aura perdu le petit kilo qu'il a en trop.
Le plus fou ?
Y'a une belle brochette avec Pancho Abardonado, Sammy Traoré et aussi Serge Dié, qui a bien pris du galon !
Le plus calme ?
C'est moi.
Le plus réservé ?
Yoann bigné.
Le plus nerveux ?
Serge Dié. J'arrête pas de le taquiner à cause de ça. En fait, il joue au méchant. Contre Metz, il a énervé l'arbitre au bout de cinq minutes, sans aucune raison.
Le plus original ?
Sammy Traoré.
Le plus gourmand ?
Il est parti. C'était Roland Linz. On l'appelait « miam miam ».
Le plus fêtard ?
Il n'y a plus grand monde depuis deux ans. Avant, il existait un noyau de quelques joueurs qui aimait bien faire la fête.
Le plus play-boy ?
Là encore, je ne suis pas d'accord avec ceux qui répondent Cédric Varrault. Je pense plutôt à Philippe Bouton, notre kiné, surtout quand il est en short et torse-nu : on dirait qu'il a une combinaison en poil.
Le plus technique ?
A part moi ? Serge Dié. Attention à Ederson qui vient d'arriver.
Le plus bourrin ?
Ftorian Jarjat. ça ne va pas lui faire , plaisir mais c'est pour rire ! On plaisante souvent à son sujet car il met toujours des crampons vissés à l'entraînement. Quant à Pancho Gonzalez, il pense qu'il est le plus technique au tennis-ballon alors qu'il est mauvais perdant. Tous tes deux feraient une belle doublette.
Le plus « lèche-cul » ?
Ce sont ceux qui arrivent le matin avec une mauvaise haleine. Ils se reconnaîtront. (Rires...)
Le plus radin ?
Je ne veux pas être méchant mais il suffit de regarder la liste des joueurs qui n'ont jamais payé les pizzas par exemple...
Le plus égoïste ?
Enrico Pionetti ! Il nous demande toujours des chaussures de foot mais les siennes, on ne les voit jamais, elles doivent être propres dans son armoire.
Tendance Foot