Jeté de Nice comme un malpropre, victime d’une rupture des ligaments croisés à Niort, Laurent Gagnier vit enfin de beaux jours à Sedan. Le meilleur buteur sedanais ne s’arrête plus de marquer. Comme pour prouver à tous qu’il est plus que jamais de retour au premier plan.
- Laurent Gagnier, vous avez encore ajouté un doublé à votre compteur contre Reims. On sent que vous commencez vraiment à vous sentir à l’aise à la pointe de cette équipe de Sedan ?
Oui, je commence à me sentir à l’aise. Déjà , je suis mieux physiquement et cela m’aide beaucoup. Je profite aussi de la forme de mes coéquipiers. Ce qui me manque encore ? Un peu plus de temps de jeu, car je n’arrive pas à finir les matchs. J’ai pas mal de petits pépins, ce qui fait que je ne m’entraîne jamais la semaine complète. Quand cela ne sera plus le cas, je pourrai tenir le match entier et avoir de meilleures sensations.
- Il y a tout de même un fossé par rapport à ce que vous étiez capable de faire il y a encore quelques mois ?
Exactement, j’ai de moins en moins peur. Au début, quand j’ai repris, j’avais beaucoup d’appréhension. Je ne voulais pas aller dans certains duels par peur de me faire mal. Aujourd’hui, tout cela est oublié. Je vais au contact, j’essaie de défendre… Depuis que je suis arrivé à Sedan, j’ai emmagasiné pas mal de physique, j’ai beaucoup bossé et cela me permet d’être plus lucide. Je me sens beaucoup mieux désormais sur le terrain.
- Le 4-3-3 utilisé par Serge Romano contre Reims semble la configuration optimale pour que vous puissiez vous exprimer ?
C’est sûr que, vu que je ne suis pas maladroit, si je reste dans l’axe et que les ballons arrivent, je peux marquer pas mal de buts et vraiment m’exprimer. Maintenant, je ne pense pas que le coach continue à nous faire jouer dans cette configuration. Car, si, offensivement, c’est intéressant, défensivement, nous, les trois attaquants, avons du mal à bien nous replacer. Ce qui laisse pas mal d’espaces.
« Je touche du bois »
- En quoi consiste généralement votre travail d’attaquant tel que vous le demande votre entraîneur ?
Quand nous jouons en 5-2-3, nous avons pour consignes, devant, de beaucoup bouger, de ne jamais rester dans la même zone. Nous dépensons beaucoup d’énergie offensivement, mais aussi défensivement, car nous devons à chaque fois nous occuper des latéraux qui montent. Cela pompe beaucoup d’énergie et, c’est sûr que, après, en attaque, nous avons peut-être un petit peu moins de rendement.
- A Nice, quelle configuration vous convenait le mieux ?
En fait, je n’avais connu qu’un 4-4-2 vraiment strict. Nous savions vraiment ce que nous avions à faire. Je savais exactement ce que mes partenaires offensifs allaient faire selon la situation. Ce qui me permettait d’avoir toujours le petit dixième d’avance sur le défenseur. Quand je sais vraiment ce qu’il faut que je fasse, je me sens beaucoup mieux. A Sedan, je peux aller à droite, à gauche, venir chercher le ballon, faire des appels en profondeur… C’est bien aussi car je n’aime pas rester en place.
- Après ces deux années galère, avez-vous le sentiment que la poisse vous fuit enfin ?
Je vais toucher du bois (rires). C’est vrai que cela fait trois-quatre saisons que je n’ai vraiment pas de chance. J’espère que la poisse va me laisser un peu tranquille. Là , cela marche bien pour le moment. Je souhaite que cela continue comme cela jusqu’à la fin de la saison et durant les années à venir.
- Avez-vous songé à tout arrêter à un moment ou un autre ?
Peut-être pas tout arrêter, mais je me suis dit que le sort s’acharnait sur moi. Je n’ai vraiment pas eu de chance, car je commençais à bien revenir à Niort. Je savais que j’étais suivi par des clubs de L1 et c’était l’année où il fallait que je me relance. Quand je me suis fait les croisés, j’étais vraiment sceptique à l’idée de retrouver un club et des sensations. J’avais vraiment peur. A l’arrivée, j’ai été bien opéré, bien suivi médicalement à Sedan et je commence tout doucement à revenir.
« J’ai encore les nerfs contre Rohr »
- De cette grave blessure à Niort ou de l’aventure à Nice qui s’est mal terminée à cause d’une autre blessure (déchirure du quadriceps), qu’est-ce que vous avez encore le plus de mal à digérer aujourd’hui ?
Déjà , par rapport à la façon dont m’a traité Nice quand je me suis blessé, les deux dernières années, j’ai encore les nerfs contre Rohr et le président. Maintenant, ils ont fait leurs choix, j’espère qu’ils s’en mordront les doigts. Concernant ces blessures, c’est vrai que cela a été difficile à accepter. Mais c’est la vie. Là , je reviens bien et ce n’est plus que du passé.
- En venant à Sedan, vous avez forcément l’intention de montrer à tous ceux qui vous ont enterré trop tôt qu’ils avaient tort ?
Je cherchais un club vraiment ambitieux pour remonter en Ligue 1, même si je ne savais pas comment j’allais revenir. Maintenant, j’avais une grosse envie mentale, j’étais vraiment costaud mentalement. Sedan est le club idéal pour se relancer. D’ailleurs, si je finis bien la saison et que Sedan me propose quelque chose de bien, je resterai. Pour le moment, personne ne s’intéresse à moi, je veux monter en L1 avec Sedan et on verra par la suite.
- Ce que vous vivez aujourd’hui résonne comme une sorte de revanche sur le passé ?
Oui, c’est une sorte de revanche, mais je ne veux pas m’arrêter là . Ce que je vis en ce moment c’est bien, mais nous avons la possibilité avec l’équipe de monter. Nous avons un potentiel énorme et de très bons joueurs. Je vais suivre tout le monde et essayer d’apporter ma pierre à l’édifice. Je suis revanchard et j’aimerais beaucoup réussir quelque chose de bien avec Sedan, collectivement comme individuellement.
Aurélien CANOT
Football365