Rohr joue gros face au voisin monégasque

Mardi dernier, alors que Monaco offrait un visage médiocre à Eindhoven (1-0), son voisin - et hôte du soir - niçois entamait une révolution interne. Le président Cohen, qui parle de « crise » à la suite de quatre nuls et autant de défaites en L 1, ainsi que les administrateurs Stellardo, Bacchialoni et Governatori ont demandé à Rohr de dévoiler sa stratégie générale, l'ont questionné sur certains joueurs, les orientations et la concurrence réelle.

« Avant d'être vraiment dans la merde, je préfère dire attention », explique Cohen.
« Il y a un problème, pourquoi le nier ? L'équipe jouait bien fin décembre, ce n'est plus le cas », poursuit Stellardo. Rohr a dû mettre son sens de la formule en application. « Il a donné sa stratégie et on y adhère », résume Cohen. Pour trois matchs. D'ailleurs, le futur Niçois semble déjà se dessiner sans l'ex-Bordelais. Sa double casquette d'entraîneur et de manager général ne convient plus, d'autant qu'il partage toujours sa vie entre la Côte d'Azur et Bordeaux. « On lui a donné tout le pouvoir sportif, mais ça va changer », prévient Cohen, qui veut mettre en place un manager et une cellule de recrutement. « Il y a eu trente arrivées en trois saisons, on ne peut pas continuer ainsi », reprend Stellardo.
« Qu'il arrête de pleurer » Rohr se sait « moins soutenu ». « On ne va pas entrer dans de mauvais compromis, dit-il. S'ils croient qu'il faut me virer, qu'ils le fassent en me donnant mes deux années de contrat. Mais si j'étais actionnaire, je serais heureux. On a encaissé 5 millions d'euros et dépensé 3. Nice est aujourd'hui au-dessus de sa réalité économique. Mais on (NDLR : Cohen) a eu un discours démesuré en parlant d'Europe », poursuit-il avant d'évoquer Feindouno, Cousin et Maoulida, recrues voulues sans succès l'été dernier. Cohen réplique : « Il a refusé Pagis, Faubert, Acimovic, Clichy ou Batlles. » Stellardo poursuit : « Qu'il arrête de pleurer sur les départs et les arrivées. Si on a un manque, on regrette de ne pas l'avoir comblé au mercato. Or, il a dit n'avoir besoin de personne. » Chiffres à l'appui, ce dernier assure que le club a dépensé « plus de 7,5 millions d'euros entre transferts et indemnités de départ. » Au moment d'aborder ce derby, le clash est proche entre l'entraîneur niçois et sa direction. Sur le terrain pourtant, le groupe demeure solidaire. Au retour de Rennes (défaite 4-1), Cobos a toutefois effectué une autocritique générale cinglante. « On n'est pas loin de la catastrophe, explique Vahirua. Avant, on jouait pour gagner, maintenant pour ne plus perdre. Mais il faut positiver... » Du côté monégasque, on regarde ce bras de fer de loin. On se souvient plutôt du match aller. Evra évoque « une question d'orgueil et de pardon après la faute professionnelle (NDLR : défaite 4-3). » « On a encore ce match en travers de la gorge », conclut Rodriguez.

Outre Chevanton et Squillaci, blessés, Monaco sera privé ce soir de Roma, Zikos, Plasil et Farnerud, laissés au repos par Deschamps.

Christophe Belleudi
Le Parisien