Ils sont énormes !

A ceux qui pouvaient en douter encore, les Aiglons de Gernot Rohr ont démontré hier soir à Gerland qu'ils ont en eux quelque chose de résolument spécial.

Cette équipe défend comme un chef, mais elle sait aussi renverser les situations, et provoquer son destin.

Après avoir résisté au pressing de VOL, puis mené au. score, et cédé à deux reprises sur des éclairs de génie des fusées lyonnaises (Sidney Govou est un phénomène !), les Niçois ont fait exactement l'inverse de baisser les bras.

Chez le champion de France, dans un stade qui pensait avoir basculé dans l'euphorie, ils ont tout changé. Eux, les promus, ils ont pris le match à leur compte, ils ont monopolisé le ballon, ils l'ont fait tourner, ils se sont créées des occasions, bref, ils ont tout fait. Mais Coupet était là, l'ancien stéphanois, repoussant à lui seul les tonnes de bravoure niçoise.
On jouait la dernière minute du temps additionnel, et nous venions de titrer : « lis ont tout tenté ».

Tout tenté ? Pensez donc ! Il restait encore une poignée de secondes. Suffisantes à Everson, sur coup franc, pour déposer sur le crâne de Pancho Abardonado le ballon d'un bonheur total et mille fois mérité.

Le constat est édifiant : face aux très gros, et en terrain hostile, l'OGC Nice ne perd pas non plus.

Jusqu'où peuvent-ils aller ?

Permettez-nous, cette fois, de nous mouiller : cette équipe sans peur ni reproche est taillée pour se battre toute la saison sur les hauteurs de Ligue 1.

Le jeu et l'ambiance

Entre Rhône et Saône, l'automne, voyez-vous, est déjà fort bien implanté. Ciel bas, petit crachin avant 17 heures, atmosphère et pelouse humide formaient le tableau de Gerland. Sur l'autoroute du soleil, les embouteillages avaient ralenti la progression des quatorze bus niçois, les 800 supporters rouge et noir pénétrant dans Gerland seulement 20 minutes avant le coup d'envoi.

Dès le premier sifflet de M. Bré, on vit les Niçois de José Cobos, habillés dans leur traditionnel 3-5-2, bien résister aux assauts lyonnais, en tâchant de ne pas trop reculer. Organisé en 4-4-2 (avec Balmont à la place de Juninho), VOL buttait sur un Gym bien en place et faisant montre de sang froid.

Mené au score à la pause, sur un contre d'école conclu par Kaba Diawara, Lyon changea ensuite ses plans. Le Guen fit rentrer un troisième attaquant (Vairelles) aux côtés de Govou et Anderson. Du coup, le Gym changea son système, en passant à quatre défenseurs. Mais Sidney Govou, intenable, fit la différence sur son côté droit. Après l'égalisation, Pamarot permuta avec Varrault pour tenter de canaliser l'intenable attaquant des Bleus. Le Gym, bousculé, parvenait à sortir la tête de l'eau, mais encaissait un deuxième but.

Sous la houlette d'un grand Everson, l'OGCN imposa alors sa griffe sur la rencontre et se mit à dominer copieusement des Lyonnais surpris et peut-être un peu émoussés par les combats de Ligue des champions.

Les occasions

10e : coup franc de Dhorasoo de la droite; Everson, replié, devance de la tête un Edmilson menaçant face aux cages.
17e : coup de froid sur Gerland. A l'origine, une percée de Romain Pitau dans l'axe; le milieu niçois décale Olufade sur la gauche qui sert Bigné en pleine surface : Coupet s'interpose sur la frappe à huit mètres !
29e : première frappe cadrée
lyonnaise. Elle est l'oeuvre de Sidney Govou, qui a résisté à la charge d'Abardonado. Damien Grégorini bloque très proprement la tentative à ras de terre, de près.
38e : festival Damien Gregorini. Sydney Govou tente sa chance des 18m, le gardien niçois repousse une première fois; suit un petit moment de panique dans la surface et une seconde frappe puissante de Govou, sous la barre. Mais le grand Damien est encore là, qui sauve d'une manchette !
44e : Govou, légèrement décalé face au but, convoite un bon ballon. Pamarot, impressionnant d'autorité, écarte le danger.
46e (2e mi-temps) : l'OL repart tambour battant. Sur l'aile droite, Govou déborde Varrault et centre en retrait pour Carrière, qui ne trouve pas le cadre, gêné par le retour de la défense niçoise...
48e : encore Govou, à plein régime sur l'aile droite, centre à nouveau en retrait : Vairelles, contrarié par un tacle ultime de Pitau, reprend au-dessus...
54e : Everson chipe un ballon à Muller, centre, Diawara est contré par Delmotte, Ayeli, à l'affut, frappe sur la transversale !
69e : Everson lancé Ayeli, dont le contrôle un peu long permet à Coupet d'intervenir dans les pieds de l'Ivoirien du Gym...
78e : corner de Bigné prolongé par Cobos, reprise d'Everson au milieu d'une foule de joueurs, repoussée du genou par Delmotte devant Coupet.
85e : pied levé de Violeau, coup franc indirect à 20m dans l'axe. Pitau glisse à Pamarot, dont le boulet de canon est repoussé par une muraille nommée Coupet...
89e : encore un centre d'Everson, Coupet sauve devant Ayeli.

Les buts

40e : Nice, 1-0. A la suite d'un ballon ratissé par Bigné, Pitau transmet à Thibault Scotto sur le côté droit. Le latéral niçois s'avance et avant la ligne médiane sert un super ballon à Diawara parti dans le dos de la charnière lyonnaise. Kaba fait parler sa vitesse et devance la sortie de Grégory Coupet d'un merveilleux ballon piqué. Le Gym mène à Gerland !
49e : Lyon, 1-1. Le centre dévié de Carrière, côté droit, échoit sur Anderson au coeur de la surface; malgré Abardonado et Cobos, le Brésilien pivote et reprend de volée du droit, pleine lucarne. Du grand art.
68e : Lyon, 2-1. Sonny Anderson, encore lui, a repéré la faille sur la droite et son centre en retrait trouve Govou qui reprend... sur la transversale. Delmotte, à l'affût, reprend de
volée du droit et ne laisse pas la moindre chance à Grégorini.
90e + 4 : Pancho Abardonado a sauté dans les bras de Bernard Ginès qui lui avait dit : « A Lyon, tu marqueras ». Sur sa reprise de la tête, il a semblé s'élever au dessus du toit de Gerland...


Nous avons aimé

Tous les Niçois, évidemment. Pamarot a été comme son idole Desailly, solide comme un roc.
José Cobos a été rassurant et a sonné la révolte en montant d'un cran en seconde période.
Pancho Abardonado : sa générosité et son opportusime ne pouvaient qu'être récompensés. Et de quelle manière !
Everson : le meilleur des Brésiliens, et sans doute, le meilleur tout court sur le terrain. Dans tous les bons coups, défensivement et offensivement.
Au milieu, Bigné et Pitau ont mené la vie dure aux créateurs lyonnais.
Le talentueux Kaba Diawara a été un poison et un combattant, comme d'habitude. Et a signé son 7e but.

François PATURLE.