Les nîmois, avec leur esprit de bravoure, ont la tête de l’exploit. Hier soir, devant près de 12 000 fidèles, ils ont éteint des Niçois particulièrement décevants et proches du ridicule, comblant avec aise et séduction les deux divisions d’écart. De quoi faire rougir Dame Coupe de France. Voilà les Gardois, derniers représentants du National, qualifiés pour la seizième fois de leur histoire pour un quart de finale de l’épreuve. Cela méritait bien un joli tour d’honneur.
Invaincus depuis vingt ans aux Costières, tout comme depuis le début de la saison, ils poursuivent une sacrée aventure après avoir notamment éliminé Saint-Étienne (3-2), l’AC Ajaccio (1-1, 4 t.a.b. à 2) et Nice, donc. La dernière fois qu’ils avaient fait tomber trois équipes de L 1, c’était en 1996, et ils étaient allés jusqu’en finale…
Nîmes, qui avait commencé avec un caillou dans ses pantoufles en étant rapidement mené au score devant les Verts et l’ACA aux tours précédents, a impressionné et complètement déboussolé Nice en première période. Il fallut d’abord, pour ces deux formations dont le dernier grand choc en Coupe de France remontait à un quart de finale en 1977 (3-3 à l’aller à Nîmes ; 2-0 pour Nice au retour), s’acclimater à la pelouse, très dure, propice aux rebonds incertains et donc moins à un jeu posé et rapide.
Face au 4-1-3-2 niçois, les Nîmois essayèrent néanmoins de dégoter des interstices à une touche de balle. Eux qui n’avaient pas joué ce week-end étaient plus fougueux dans les duels et voulaient profiter de la remise en route éventuellement lente de Nice après son gros combat contre Monaco (2-1), samedi, même si Rohr avait intégré quatre nouveaux joueurs au coup d’envoi, Jarjat, Grenet, Diè et Jankauskas.
C’est à la suite d’une percée du milieu offensif Enza-Yamissi, dans l’axe, que Nîmes allait enflammer sa foule sentimentale. À l’entrée de la surface, il transmettait à Beyrac, qui décalait lui aussi sur sa droite Coulibaly. En pleine course, la frappe du droit du Malien filait au but avec l’aide du poteau droit de Grégorini, dont la défense, la plus perméable en L 1 après celle de Caen, avait été prise de vitesse (1-0, 19e). Six minutes plus tard, le même poteau rejetait une frappe soudaine, surpuissante et croisée d’Enza-Yamissi, intenable.
Nice, jouant au ralenti et parfois dépassé, réagissait mollement par Agali, qui échouait face à Duchesne (29e). Nîmes, ondulant entre rigueur et séduction, continuait d’étonner par quelques mouvements bien léchés, mais c’est sur un coup de pied arrêté qu’il allait creuser l’écart. Sur un coup franc de Benhamou côté droit, Coulibaly, au milieu de la mêlée, déviait le ballon sur sa droite. Seul, Verschave avait le temps d’enchaîner contrôle de la cuisse et reprise du droit (2-0, 35e).
Manquant de mobilité et d’ambition dans le jeu, Nice aurait seulement pu réduire l’écart sur un corner de Balmont que Jarjat, au second poteau, à un cheveu près, faillit reprendre (45e).
Enza-Yamissi irrésistible
Les deux formations reprenaient la seconde période dans les mêmes dispositions, et Nîmes avec la même volonté de ne rien laisser au hasard. Un quart d’heure plus tard, Rohr tentait de bouleverser l’état d’insignifiance de ses troupes, toujours inoffensives, en incorporant Vahirua à la place du pauvre Diè.
Mais Nîmes allait le punir et lui miner le moral. Sur un ballon en profondeur réglé par Horjak, Enza-Yamissi s’échappait en solo vers Grégorini. Rattrapé par Cobos au moment de conclure, il fit un petit tour sur lui-même avant de battre le gardien niçois d’un ballon lobé (3-0, 66e). « Et un, et deux, et trois zéro ! » clama, en chœur, le public gardois, aux anges.
Nice, complètement désorienté, allait boire le calice jusqu’à la lie. Six minutes plus tard, Benhamou frappait un corner côté gauche. Au premier poteau, pas franchement serré, l’avant-centre Verschave décochait une tête décroisée qui s’insérait dans le petit filet de Grégorini (4-0, 72e). Son cinquième but, cette saison, en Coupe de France, le treizième au total.
« Ce n’est qu’un au revoir ! » , poursuivirent, moqueurs, les supporters de ces diables de Crocodiles, alors que ceux de Nice, en colère, commencèrent à déserter leur tribune. Nîmes n’en rajouta pas et les Niçois ne parvinrent même pas à sauver l’honneur. Ils n’ont plus qu’à se presser d’assurer leur maintien pour sauver une saison difficile, d’autant plus après cette raclée dont ils se souviendront longtemps.
Johan RIGAUD
L'Equipe