Rien qui vaille

Un Racing étêté s'en va défier une équipe de Nice enlisée. Ce soir dans la Baie des Anges, les Alsaciens peuvent s'attendre à côtoyer le diable. Enfer et damnation ?

Bon, là, il faut bien reconnaître que l'affaire est mal emmanchée. A vrai dire, on ne voit pas ce qui pourrait permettre au Racing de bousculer les habitudes. Vierge de tout succès à l'extérieur depuis août dernier, il se présente ce soir au stade du Ray dépouillé comme jamais. Presque nu, sans la moindre certitude vissée au bout de ses souliers.
Pour la première fois de la saison, Strasbourg a perdu sa tête. Entendez par là son duo d'attaquants. Celui qui est apte à perforer les défenses les mieux armées, quand ça veut rigoler. Celui dont la force de percussion incite les esprits conquérants à la plus grande prudence, en des temps moins flamboyants. Une association de bienfaiteurs qui pèse tout de même 19 buts, alors que les Bleus avancent sur leur 31.

« S'organiser différemment »
Pagis et Niang ne seront donc pas là. Une extravagance pas très drôle dont Jacky Duguépéroux se serait bien passée. « Qu'on dispose des deux ou que l'on joue avec soit l'un soit l'autre, on ne gagne de toute façon pas à l'extérieur, tempère le technicien strasbourgeois. On va s'organiser différemment. Ce sera peut-être le déclic, qui sait ? »
Nul ne sait, certes, mais les circonstances ne sont pas favorables. Quelle que soit la formule choisie, le front offensif alsacien n'aura pas le même impact. C'est impossible, sans vouloir faire injure aux Farnerud, Le Pen, Arrache et autre Mphela. Et puis il y a autre chose, directement liée au contexte azuréen sulfureux.
Même si les Aiglons sont eux aussi privés de leurs deux pointures offensives - Agali et Vahirua -, ils joueront l'une des parties les plus importantes de leur saison. Si ce n'est la plus importante, au regard de l'épée de Damoclès qui pèse désormais avec insistance sur le chef germanique de Gernot Rohr.
« On sait qu'ils vont aller au charbon pour leur entraîneur, précise Duguépéroux. C'est assez rare pour être souligné. A Nantes, on a perdu sans se faire "rentrer" dedans. Là, on va se faire bouger, c'est une certitude. Maintenant, on peut pratiquer un football en mesure de les contrarier. Quoi qu'il en soit, ça reste un match couperet. »
Comme à Lens ou à Nantes, donc, le Racing a théoriquement l'occasion de se donner de l'air. Cette bonne grosse bouffée d'oxygène l'extirperait enfin des bas-fonds de cette Ligue 1. Les deux dernières fois, on le sait, le soufflet est vite tombé.

Rengaine rebattue
La faute à pas grand-chose. Un manque de confiance, d'audace ou une bête erreur de placement qui vous transforme un solide match nul en défaite et relance un adversaire à l'agonie. Une spécialité strasbourgeoise...
Avant la folle semaine qui verra Monaco et Lyon débarquer à la Meinau, les Bleus n'ont donc pas trop le choix. Mais ça, c'est une rengaine archi-rebattue depuis octobre dernier. De grâce, si vous pouviez, pour une fois, nous l'épargner.

Sébastien Keller
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