Presse :
Les Niçois peuvent-t-ils tenir ?
Nice-Matin, le 10/11/2002 à 07h36
C'est la question que tout le monde commence à se poser.
Sauf, peut-être, les principaux intéressés. Encore que...
Rien à faire.
Même les policiers de la "Crim" ne parviendraient pas à lui faire évoquer autre chose que le maintien.
Gernot Rohr n'est pas du genre à balancer. Ni à se mettre à table.
L'homme est trop malin. L'entraîneur trop lucide pour se laisser aller à des confidences truffées de promesses...
S'étendre, sans se répandre, reste sa priorité.
Alors, le bougre se ferme comme une huître de son bassin d'Arcachon lorsque le mot ambition lui est servi sur un plateau.
« Sur ce point, mon discours ne changera pas. N'essayez pas de me faire dire autre chose. Je n'ai pas les mêmes initiales que Guy Roux par hasard... », sourit-il avec ce regard pétillant des lendemains de victoire.
La veille, ses joueurs se sont offert la peau de Monaco (1-0) et un nouveau maillot jaune de leader qui commence sérieusement à épouser leur torse de jeunes premiers.
Et comme hier soir Sochaux a pris un point au Parc des Princes, le Gym est désormais seul leader avec une longueur d'avance sur Lyon.
Bref, après 14 journées et un bilan ensoleillé, les Niçois ne peuvent plus se cacher dans l'ombre réservée aux trouble-fêtes et aux seconds couteaux.
La France du foot ne peut plus ignorer que les "rouge et noir" ont du coeur mais aussi du talent.
Nice n'est plus un feu de paille. Mais bien un feu de joie.
Reste à savoir si cette lumière pourra éclairer les hommes de Gernot Rohr jusqu'au bout du chemin.
Les Niçois peuvent-ils tenir ?
C'est la question que nous leur avons posé...
Ecoutez leurs réponses...
Gernot Rohr : « Tenir quoi ? Nous avons 26 points, c'est bien. Il en manque encore 16 pour s'assurer du maintien. Ce n'est pas de la fausse modestie, mais juste le constat que tous nos matchs ont été gagnés à l'arraché. J'ai confiance dans ce groupe bâti dans l'extrême urgence mais comme tout le monde, je m'interroge : "Jusqu'où ira-t-il ?" En attendant, je le vois progresser. Je le vois se surpasser. Depuis le début de la saison, il a gagné tous les combats physiques. Parce que chacun compense les handicaps de taille, de poids ou de vitesse par une volonté sans faille. Et puis, il y a ce public fabuleux. Au Ray, Grégorini évolue entre deux murs. Derrière une défense à dix et devant des populaires Sud ou Nord qui jouent avec nous. Aujourd'hui, tout colle. Sur le terrain, dans le vestiaire, au sein du club, dans le stade... Mais on sait aussi que tout peut se fragiliser très vite. Alors, ne nous enflammons pas... ».
Damien Grégorini : « Si nous gardons l'état d'esprit qui nous anime depuis la naissance du championnat, alors oui nous pouvons tenir. Nous ferons d'ailleurs tout pour. Mais aujourd'hui, notre but est d'atteindre les 42 points. Le plus vite possible ».
Noé Pamarot : « Désolé, mais nous ne voyons pas si loin. En revanche, nous voulons très vite nous débarrasser de l'objectif maintien et de la pression qui va avec. Après ? Nous verrons bien... Mais sur le terrain, nous continuerons à chercher la gagne. Lors de tous les matchs. Et jusqu'au bout ».
Romain Pitau : « On fera tout pour. On est en haut. Et on veut y rester. Mais seul le maintien occupe nos têtes. Changer de cible, de discours et d'état d'esprit nous mettrait en danger. Bien sûr, nous avons plus de certitudes. Et après 14 rencontres, nous savons que nous pouvons rivaliser avec les gros. Et même les bousculer. Enfin, une chose est sûre : sur le pré, on s'éclate. C'est simple, on fait les efforts sans s'en rendre compte. Tant que ce plaisir durera, on ne dégringolera pas ».
Eric Roy : « Sortir de l'objectif maintien serait prématuré, incongru, déplacé. On ne peut rien programmer. Rien prévoir. Et puis, le foot ne s'explique pas. Il ne se dissèque pas. Regardez Arsenal. Après tant de victoires, la machine s'est grippée. Comme ça. Sans signe avant-coureur. Notre force, c'est d'être prêts à toutes les éventualités. On sait qu'on peut prendre une gifle. On sait aussi qu'on peut en donner... Avant le début du championnat, tout le monde nous promettait l'enfer. Bref, on s'est préparé au pire. A souffrir. Et puis on s'est forgé une mentalité. On a construit une équipe. Et le meilleur est arrivé. Notre force ? On ne lache rien. On n'a d'ailleurs volé aucun point. On joue et on fait déjouer l'adversaire. L'idéal serait de rester au sommet du classement jusqu'à la trêve de Noël. Après, on pourra se poser la question... ».
Everson : « Je pense que oui, nous pouvons tenir. Comme nous avons tenu face à des équipes comme Lyon, Lens, Paris, Marseille ou Monaco. Les matchs faits et les points pris prouvent que nous avons des qualités. Jamais nous ne sommes tombés dans le n'importe quoi. Jamais nous n'avons explosé. Mais malgré le classement, nous restons dans la peau de l'outsider. Du petit qui rentre dans le lard du grand. On surprend les adversaires, le public, la presse. Mais vous savez, on se surprend nous-mêmes aussi».
Kaba Diawara : « On reste sur terre. Donc, on sait bien que tout ça s'arrêtera un jour. Mais on fera le maximum pour que ce soit le plus tard possible... En attendant, on ne joue pas pour être champions mais pour se maintenir en L 1. Et puis, il reste tant de matchs. Enfin, ne le dites à personne : mais j'ai la conviction qu'avec cette envie et cette hargne on va "emmerder" encore quelques équipes ».
Serge Ayeli : « Allons-nous tenir ? Moi j'ai la réponse : l'avenir nous le dira ! ».
Chez les Niçois, tout finit par un éclat de rire. Pourtant, aujourd'hui, tout le monde les prend très au sérieux...
J.-B. L.
Dimanche 10 novembre 2002
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