Nice : adieu déprime bonjour les primes !

Le parcours exceptionnel de la bande à Rohr fait rentrer de l'argent dans les caisses du club. Mais il induit aussi son lot de dépenses inhérentes au nouveau statut de l'OGC Nice

Un portable qui sonne (Jean-Claude Perrin, l'un des actionnaires, au bout du fil). La secrétaire qui s'inquiète d'un rendez-vous à honorer. Un problème à régler vis à vis de la femme d'un joueur.

Le courrier - nombreux - qu'il faut ouvrir et la presse qu'on doit recevoir. Maurice Cohen est un homme pressé. Sollicité. Attendu. Ecouté. Réclamé.

En se convertissant au monothéisme du Gym, sans doute n'avait-il pas mesuré à quel point il lui faudrait, comme Siva la déesse, posséder plus de deux bras. Saison agitée, il l'avait anticipé. Mais le président n'avait certainement pas osé supposer que ce serait - enfin - dans le bon sens du terme. La faute à Cobos et les siens qui n'ont perdu que deux matchs en quatorze journées, sont seuls leaders du championnat et font que désormais, certains coachs citent Nice en exemple dans leur causeries d'avant-match.

Une hérésie !

Doublement des primes sur certains matchs
Voilà comment le plus petit budget de Ligue 1 (1), doit faire face désormais aux contingences bien matérielles qui sont d'ordinaire, l'apanage des grandes maisons.

« C'est vrai que j'ai déjà été sollicité par des agents pour augmenter le salaire de certains joueurs, mais je m'y refuse pour ne pas tomber dans la spirale » avance le président.

Le foot pro est ainsi fait : rien ne s'y perd, tout s'y monnaie.

Du coup, Maurice Cohen qui avait tablé sur une 17e place pour établir son système de primes de match, à du revoir ses prévisions à la hausse.

Ainsi tous les joueurs inscrits sur la feuille de match de même que le staff (une vingtaine de personnes au total) reçoivent-ils 457,37 euros soit 3000 F pour chaque point pris (donc 1372 euros, 9000 F en cas de victoire).

Et comme c'est la règle dans le milieu, notamment quand on accède au statut de leader, il a même doublé les primes sur certains matchs : « Je l'ai fait après les matchs de Montpellier, Guingamp, Lyon et Monaco. Ce qui permet aux plus petits salaires parmi les joueurs, de toucher plus en primes qu'en rémunération » observe judicieusement Maurice Cohen.

Avec une fourchette comprose entre 2744 et 22 867 euros (18 000 et 150 000 francs) mensuels, exception faite d'un joueur dont le « généreux » contrat fut signé par l'ancienne équipe - ce qui laisse d'ailleurs rêveur M. Cohen - le Gym est dans la moyenne basse du championnat.

Jusqu'à nouvel ordre, il compte bien y rester.

Cela, même si les recettes du sponsoring sont meilleures que prévues (entre 13 et 14 MF contre 9,5 budgetisés initialement, dixit le président) et que les entrées au Ray dépassent les prévisions les plus optimistes (13 à 14000 spectateurs de moyenne en comptant les 5 800 abonnés alors que le budget était basé sur 8 000 entrées et 2 500 abonnés au départ).

« On continue à voyager sur les lignes régulières et on ne fera d'exceptions que si l'aspect sportif l'exige (2), note le président. Pour l'instant, on essaie de parer au plus pressé. Il faut embaucher deux personnes pour s'occuper de la billeterie, c'est le plus urgent. En fait, on manque d'infrastructures car il y a un engouement derrrière le club mais on n'arrive pas à répondre à la demande.

On n'a plus rien à vendre au stade ! Contre Monaco, nous avons pourtant reçu une délégation de 30 chefs d'entreprises. »

Responsabiliser les supporters
On l'aura compris, si le Gym fait recette, il lui en coute aussi davantage vu sa nouvelle stature.

Et les débordements des supporters, aussi bien au Ray qu'en déplacement, sont autant de frais supplémentaires qui irritent passablement Maurice Cohen.

« On va encore payer pour les fumigènes au stade contre Monaco.

A raison de 1000 euros le fumigène, ça va finir par faire cher à la fin de la saison ! Il faudrait que les supporters, qui s'étaient bien tenus jusqu'à présent, se reprennent. Ils devraient quand même se rendre compte qu'il vaut mieux payer le salaire d'un joueur supplémentaire avec tout cet argent que de le donner à Ligue, non ? » L'OGCN qui ne perd plus d'argent ? Pincez-nous, on croit rêver...

C'est bien qu'à Nice les temps, comme les gens, ont changé !

(1) Ajaccio annonce un budget inférieur aux 98 MF du Gym mais Maurice Cohen précise qu'à cette somme, il faut retenir 14 MF (centre de formation plus CFA) ce que les Corses n'ont pas.

(2) Le budget déplacement de l'équipe professionnelle est de 285 000 euros (1,9 MF).

Christophe DEPIOT.
Mercredi 13 Novembre 2002
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