Presse :
La douce revanche d'Everson
Maxifoot, le 13/11/2002 à 11h36
A force d’enchaîner les performances de haut niveau, l’OGC Nice finit par ne plus être une surprise. A l’instar de son milieu de terrain Brésilien, qui pourtant, ne cesse d’étonner les observateurs. Unique buteur contre Monaco vendredi, c’est lui qui maintient les Aiglons dans le trio de tête. La blague de l’été commence à durer. Mais qui a dit que ce n’était qu’une blague ?
On a beau rechercher dans tous les guides et tous les livres sur le championnat de France depuis presque dix ans, nulle trace d’un certain Everson Pereira Da Silva. Même pas un bout de match ou un petit but. Non, rien de tout cela. Pourtant, le Brésilien Everson, véritable révélation de cette première partie de saison pourrait fort bien figurer dans un des bouquins qui décortiquent une saison de football. Car le jeune homme n’est pas vraiment un inconnu en France. Avant de retrouver les sentiers lumineux de la Ligue 1 avec Nice, Everson avait déjà côtoyé l’élite de notre football. A l’époque, il figurait dans les effectifs du centre de formation des Girondins de Bordeaux. Un centre alors dirigé par un certain Gernot Rohr. « Même si tout le monde a l’impression de le découvrir, cela fait six ans que je le connais puisque nous étions à Bordeaux au même moment lorsque je m’occupais du centre de formation » expliquait-il dans les colonnes de France Football voilà quelques semaines.
Il accumule les galères
Depuis cette période, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. La trajectoire prometteuse du Brésilien a emprunté des chemins pour le moins sinueux. Bloqué par le nombre de joueurs extra-communautaires, Everson rejoint les équipes de jeunes du PSG mais sans connaître davantage de réussite sportive. Exit la France, le gaillard tente sa chance en Suisse (Servette Genève) puis en Belgique. De l’autre côté des Alpes, il entre six fois en cours de jeu au poste d’attaquant lors de la saison 1997-1998. Trop peu. Il rejoint alors Molenbeek, obscure formation de Deuxième Division belge. Les lumières s’éloignent un peu plus. Relégué au rang d’anonyme, il poursuit son douloureux périple européen en Allemagne. Il évolue tour à tour à Brunswick, Bielefeld puis échoue à Osnabrück alors que débute la saison 2001-2002. Les galères se succèdent mais la volonté demeure.
Et puis voilà qu’Everson débarque à Nice au début de l’été. Le club se trouve en plein marasme politico-financier et se débat auprès des instances pour ne pas disparaître de la carte du football français. Autant dire que l’arrivée de cet inconnu ne bouleverse pas les observateurs. Tout juste sait-on que le joueur devrait constituer la première recrue du club pour la saison qui commence. Que vient donc faire ce Brésilien dans cette galère ? En fait, c’est Gernot Rohr, « promu » entraîneur des Aiglons pour palier le départ de Sandro Salvioni qui est allé le chercher. L’ancien directeur du centre de formation girondin est un homme de mémoire. Il n’a pas oublié son ancien pensionnaire dont il apprécie particulièrement certaines valeurs : « Il est intelligent, puissant, volontaire et technique. Mais surtout, je sais que je peux aller à la guerre avec lui, il ne décevra et ne renoncera jamais. »
Il incarne la force morale du Gym
La revanche du revanchard ! Transcendé par le confiance que lui accorde son mentor, le milieu de terrain démarre la nouvelle saison sur les chapeaux de roue. D’abord positionné dans l’axe, il glisse progressivement sur le côté gauche. Avec ses partenaires Eric Roy et Romain Pitau, il forme une muraille infranchissable pour les adversaires du Gym. Il n’est évidemment pas étranger au fait que Nice possède la meilleure défense de L1 avec seulement 7 buts encaissés en 14 rencontres. Mais ce n’est pas tout. Depuis ses débuts contre Le Havre au stade du Ray (1-2), Everson s’est également mué en buteur régulier et décisif. Ses trois réalisations le prouvent. Au Parc des Princes, il ouvre le score d’une demi-volée aux six mètres et Nice ramène un point précieux ; contre Marseille, son coup-franc à ras de terre permet de débloquer une situation difficile ; et contre Monaco vendredi, il inscrit le seul but du match sur une volée du gauche pleine d’opportunisme.
Comme la place de Nice ne doit rien au hasard, celle d’Everson au sein de notre élite sonne comme une erreur enfin réparée. Comment un tel joueur, fort d’un caractère et d’une volonté si acharnée a-t-il pu se perdre en chemin après ? On imagine aisément l’influence de Gernot Rohr sur la transformation d’Everson. Sa débauche constante d’énergie régalent supporters et observateurs. Mais on murmure déjà qu’ils ne sont pas les seuls. Quatorze rencontres de Ligue 1 lui ont suffi pour attiser les convoitises. Luis Fernandez lui-même ne serait pas resté insensible devant le mélange de physique et de technique du Brésilien. Celui-ci ne s’en cache d’ailleurs pas : « Il est clair que certains clubs commencent à s’intéresser à moi même si je n’ai aucune proposition concrète. Il s’agit de clubs français. » Mais son attachement au club niçois n’est pas feint : « J’ai un contrat de trois ans et je compte bien le respecter. Je tiens à être transparent avec mes dirigeants Maurice Cohen et Gernot Rohr car ce sont eux qui m’ont fait venir et m’ont donné la possibilité d’exploser. »
Nice 1er de Ligue 1. Cette phrase aurait fait sourire beaucoup de monde au mois de juillet. Aujourd’hui, c’est une réalité. Une grande part de cet exploit qui n’en est plus vraiment un compte tenu de la qualité de jeu des Niçois revient à Everson. Son incroyable mental épate et fait plaisir. Le voir évoluer dans cette équipe est un petit bonheur. Un de ceux qui se sont longtemps refusés à lui. Everson savoure. Nous aussi.
Sa fiche : EVERSON PEREIRA DA SILVA
Date de naissance : 10 novembre 1975 au Brésil
Taille : 1.79m
Poids : 76 kg
Clubs : Servette Genève (1997-1998), Molenbeek (1998-1999), Brunswick (1999-2000), Arminia Bielefeld (2000-2001), Osnabrück (2001-2002), Nice (2002-)
Ses chiffres
Matches en Ligue 1 : 13
Buts en Ligue 1 : 3
Son numéro de maillot : 5
Mickaël Caron
Mercredi 13 novembre 2002
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