Presse :
La réussite déchiffrée
Nice-Matin, le 19/11/2002 à 09h34
Meilleure défense de Ligue 1, 4e attaque, meilleur rendement au point par match, Nice affole les compteurs cette saison.
Au delà des chiffres, l'explication de Gernot Rohr : "C'est une question de principe. Lorsqu'on doit bâtir une équipe, soit on commence par l'attaque, soit on commence par la défense. Moi, je fais partie de la deuxième catégorie !"
Quelques mots simples qui en disent plus long qu'un pensum.
Gernot Rohr, formaté à l'école allemande, défenseur émérite et obstiné au long d'une carrière de joueur appliquée tout autant qu'auréolée, a rallié Nice à sa cause. Il ajoute même, mais en était-il besoin ? " Toutes les équipes que j'ai entraînées n'ont jamais pris beaucoup de buts. "
Ou comment faire d'un candidat qu'on pensait tout juste apte à se maintenir au deuxième tour, un présidentiable avec de l'étoffe !
De l'étoffe, la défense azuréenne n'en manque pas. 7 buts encaissés en 15 matchs, on n'avait pour ainsi dire jamais vu ça ! Même les gosses niçois qui jouent dans l'arrière cour des grands - les Varrault, les Pamarot - se pincent pour y croire.
Il faut dire qu'ils ont retenu les leçons. C'est l'enseignant qui parle : " Ils travaillent, ils ont envie de progresser. Bien sûr, qu'ils se sont posé la question de savoir s'ils auraient le niveau et qu'ils ont peut-être douté au début Mais ils redoublent d'efforts contrairement à d'autres joueurs dans d'autres clubs. Notre boulot est axé avant tout sur l'organisation défensive, j'ai remis chacun à sa place dans l'organisation interne et ça fonctionne. "
Comme l'indiquent les chiffres, Nice prend exceptionnellement peu de buts, la plupart du reste en seconde période (voir infographie). Gernot plastronne, I'oil brillant : " A l'extérieur, on n'a jamais pris un but en première période ! Encore une fois, ce premier match contre Le Havre nous a fait gagner un temps fou. Les joueurs ont compris que se ruer à l'attaque aveuglément n'est pas une bonne chose. Nous on ne veut pas prendre de but, c'est tout. Chaque fois qu'on en prend un, c'est comme une gifle. On n'aime pas ça ! "
1500 € d'amende à ceux qui fuient devant le ballon !
Le discours du maître a fini par faire école dans la tête de ses élèves. Notamment concernant les coups de pied arrêtés, un secteur de jeu dont Gernot a fait son cheval de bataille. Il se lance à corps perdu dans l'explication : " Dès le stage de Saint-Vallier on a travaillé là -dessus. Sur corner, sur coup franc, excentré ou pas, chacun a son rôle parfaitement défini. A ma demande, les joueurs reçoivent même un montage vidéo de dix minutes sur les coups de pied arrêtés de l'adversaire. Les coups de pied arrêtés, c'est comme un clignotant dans un match, un warning ! D'ailleurs J'ai décidé de donner 1500 euros d'amende (Ndlr : pour la caisse commune des joueurs) à celui que je vois se retourner dans le mur ou qui a peur du ballon. Pour moi, c'est plus grave qu'un retard à l'entraînement ! "
Il ajoute encore, comme pour mieux nous convaincre du bien fondé de son propos : " Et je suis en train de me battre pour que ce soit pareil sur les touches " On l'aura compris, I'OGC Nice en est défensivement là où Gernot voulait qu'il soit.
Un bon point.
Qui en a rapporté 29 dans l'escarcelle du club azuréen en quinze journées. Certes, Lens dominait encore plus son sujet l'an passé (32 à pareille époque) mais cette saison, nul ne se montre capable de faire aussi bien que les Aiglons.
Premiers au nombre de points donc à la moyenne (1,93 par match), les Azuréens ne sont plus très loin du rendement du champion sortant {Lyon titré avec 1,94 ; 66 pts en 34 journées) ni du record de Nantes en 1995 (voir infographie).
" C'est vrai et si on bat Rennes samedi, on passera à deux points pris par match " a déjà calculé le coach niçois.
" Travailler d'avantage sur l'organisation offensive "
Reste l'attaque. Le jeu. Celui que d'aucuns voudraient beau à défaut du sale boulot.
Rohr s'en défend aussitôt.
" Même si l'objectif reste d'abord l'efficacité, attention, nous on adore le beau jeu, à une touche de balle ! Il ne faut pas croire que le beau jeu c'est forcément dans le camp adverse. Nous, on fait des une-deux en défense, des beaux gestes techniques dans l'axe, on joue parfois à une touche de balle dans notre moitié de terrain. D'ailleurs, maintenant qu'on arrive à jouer plus haut, on va pouvoir travailler davantage notre organisation offensive "
Tout cela mis bout à bout fait à l'OGC Nice un bien fou.
Le maintien est quasiment à portée de main.
Au fait, à quoi correspondent exactement ces 42 points qui symbolisent jusqu'à présent le Saint-Graal attendu des Azuréens ?
" Tout simplement, ce sont les statistiques, observe Gernot Rohr. Il est prouvé que dans un championnat où trois clubs sont relégués, aucune équipe n'est jamais descendue avec 42 points ! "
Alors, si les statistiques le prouvent...
Chnstophe DEPIOT.
Mardi 19 novembre 2002
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