Traoré : « Je me demandais sur quoi j’allais tomber »

Sammy Traoré, buteur contre Auxerre, appartient à la génération montante qui fait les beaux jours de Nice actuellement. Arrivé de Créteil en début de saison, après y avoir fait toutes ses gammes, le Cristolien de naissance entame une deuxième carrière. A 26 ans. Découverte.

Impressions : « Je me sens parfaitement bien car au niveau de l’état d’esprit et du groupe, c’est super. Au niveau des résultats, je peux pas rêver mieux. »

Transfert : « J’ai eu Gernot Rohr comme entraîneur à Créteil et ça s’était bien passé. Gernot, c’est la rigueur allemande. C’est professionnel. L’année dernière, ça avait déjà failli se faire avec Nice sous forme d’échange, mais ça avait échoué au dernier moment. Cette saison, j’étais sous contrat avec Créteil, mais j’avais une clause libératoire qui me permettait de rejoindre un club de division supérieure. Gernot m’a appelé trois jours avant la fermeture du Mercato et ça s’est fait. »

Changement : « Pour un Parisien à cent pour cent comme moi, débarquer dans le Sud représente un changement de vie. Dans ce métier, si t’es un peu ambitieux, tu dois t’y attendre un jour ou l’autre. J’ai surtout été agréablement surpris par le climat. Depuis que je suis arrivé, j’ai dû voir la pluie quatre à cinq fois à tout casser. Il n’y a pas photo avec Créteil où je m’entraînais en pull (rires). »

La surprise Nice : « De l’extérieur, je me disais que ce que faisaient ces gars étaient costaud. Quand je suis arrivé, j’ai été moins surpris. Ce qui fait la force de l’équipe, c’est l’ambiance dans le groupe. Maintenant, il faut voir qu’il y aussi beaucoup de joueurs de qualité, même s’ils ne sont pas forcément connus. Ils se lâchent à Nice et on voit ce que ça donne sur le terrain. »

« Tu refuses le jeu, tu prends un bouillon »

Pression : « Nous abordons les matchs sans se prendre la tête. On se croit encore en D2, on réalise pas. Contre tout le monde, nous savons que nous sommes le petit. Pour nous, c’est un bonheur de jouer contre des équipes de L1. Surtout qu’on aurait pu se retrouver en National. C’est un plaisir, la motivation vient toute seule. »

Equipe : « Nous ne refusons pas le jeu. Contre certaines équipes, tu refuses le jeu, tu prends un bouillon. Ca sert à rien. Autant jouer les coups à fond. Surtout que, devant, nous allons assez vite. Au milieu, les mecs sont complémentaires et mettent des pains. Derrière, avec trois défenseurs dont deux stoppeurs, c’est costaud. Nous jouons donc notre carte à fond. »

Accueil : « J’ai été super bien accueilli, ça a facilité les choses. Il y a beaucoup de jeunes dans le groupe et je m’y retrouve. Ce sont des mecs sérieux sur le terrain, mais, qui, en dehors, aiment bien rigoler, jouer à la console… Ce sont de bons mecs. J’ai quitté un groupe à Créteil où ça se passait bien et je me demandais sur quoi j’allais tomber à Nice. En fait, ça s’est super bien passé. Je suis arrivé en sachant que je ne pouvais pas prétendre à une place de titulaire d’entrée. J’ai donc travaillé et saisi ma chance dès que j’ai pu. Depuis que je suis arrivé, j’ai toujours été dans les seize. J’aspire à plus de jeu, mais suis satisfait. »

Premiers entraînements : « Au début, j’étais un peu timide car j’arrivais dans un groupe qui était déjà presque formé. Au fur et à mesure, les mecs m’ont parlé et je me suis lâché dans le jeu. »

« Créteil, je connaissais par coeur »

Premier match (perdu 1-0 à Sochaux) : « Il y avait beaucoup de suspendus et j’avais un peu peur de mal faire. Au niveau du jeu, ça va un peu plus vite au niveau des attaquants car quand les Santos, tout ça, font des appels de balle, ce sont des vrais. Si tu te manques, ça va au fond. Même si ce ne sont pas des matchs de Champions League, il faut plus de concentration. Après, quand tu récupères le ballon, il y a plus d’espaces pour jouer. De toute façon, personnellement, quand j’étais à Créteil, je voyais certains matchs de L1 parfois et je me suis toujours dit que j’avais les capacités pour jouer à ce niveau. Il faut que je travaille encore et ça paiera un jour. »

Premier but en L1 (samedi dernier à Auxerre) : « Le coach m’a dit de jouer attaquant et faire le pressing car il sait que je suis polyvalent. Je venais d’entrer et avais intercepté quelques ballons. Scotto a le ballon sur le côté, il centre, mais la balle est contrée et revient en direction de Noé Pamarot. Je savais qu’il allait me la mettre comme ça en une touche en direction du but sur un centre fuyant. C’était parfait car le ballon est arrivé entre moi, le défenseur et le gardien. J’ai mieux jugé la trajectoire que le défenseur et j’ai taclé la balle sous le gardien. C’était beau, surtout que, dans la tribune, il y avait ma femme, mon fils et ma mère. J’étais content et les mecs de l’équipe l’étaient pour moi. Pour une équipe comme nous, gagner 2-0 à Auxerre… »

Ambitions : « J’ai toujours aspiré à aller au plus haut niveau. Rester à Créteil quelques années m’a permis d’acquérir beaucoup d’expérience au niveau D2. Nous n’avons jamais eu la chance de faire de grandes saisons pour espérer monter. J’ai saisi, sans hésiter, avec Nice l’opportunité de franchir une étape. Créteil, je connais par cœur, je savais que si les gars ne faisaient pas les cons cette année, ils pourraient monter. Maintenant, il y a aussi un choix de vie. Une offre comme ça ne se refuse pas. J’ai 26 ans, je ne sais pas ce qui peut se passer dans l’avenir et je ne regrette rien. »

Débuts tardifs en L1 : « Si je veux encore aller plus haut, je n’ai plus trop le choix (rires). Il va falloir que j’accumule beaucoup de bons matchs pour voir ce qui se passera. Le football va très vite. Je ne vais pas me plaindre d’en être déjà arrivé là. »

« J’étais un peu le loup dans la bergerie »

Région parisienne : « Ca ne manque pas forcément car j’y ai été habitué depuis toujours et il y avait un certain laxisme qui s’installait. La vie niçoise, dans le Sud, c’est tranquille. Maintenant, je suis encore à l’hôtel pour le moment et je remonte à Paris un week-end sur deux en attendant que ma femme et mon fils me rejoignent.»

US Créteil : « Etant jeune, c’était le club où jouaient les fils à Papa. Si ton père venait en Espace, t’étais sûr de jouer le week-end… Quand j’ai commencé, j’ai donc opté pour un petit club à côté : l’ASPTT Paris. Nous avions une équipe de potes et ça se passait bien, même si, au niveau du jeu, ce n’était pas vraiment ça et nous prenions des valises contre Créteil. En moins de 17 ans Nationaux, je suis donc parti pour jouer à Créteil. Au départ, ce n’était pas un club pour moi, mais, plus tu avances dans les catégories, plus cette mentalité se dissipe. »

Conduite : « J’étais un peu turbulent. Le coach aimait les mecs droits, mais j’étais un peu le loup. J’ai donc joué en moins de 17 DH où ça s’est super bien passé et, à 18 ans, j’ai disputé mes premiers matchs en National 1. Ensuite, toujours sans passer par un centre de formation, j’ai participé à la montée en D2 et suis toujours resté dans l’équipe. Là-bas, j’étais chez moi, en place, et je faisais un peu ce que je voulais, sans que l’on me dise quoi que ce soit. Il me fallait donc un nouveau challenge. »

Contacts : « Mon départ a failli se faire quelque fois. Il y a des gros clubs qui sont passés, mais ça ne s’est pas fait. Je suis donc rester à Créteil et ai rempilé pour quelques années. Des clubs se sont renseignés, mais des personnes extérieures (souvent des mauvaises langues) leur ont dit que je foutais peut-être un peu le bordel de temps en temps et que j’étais turbulent dans un groupe. Ca aurait pu me jouer des tours, mais Gernot a vu qu’au niveau de la mentalité et du travail, j’étais là. »

Aurélien CANOT
Mercredi 20 novembre 2002
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