Bordeaux prend ses aises

Les Girondins ont réussi un beau coup en s'imposant hier soir à Nice (0-1). Ce troisième succès en déplacement permet aux Bordelais de consolider leur deuxième place au classement.

La belle série se poursuit pour les Girondins qui, après avoir conquis la seconde place du classement la semaine dernière, sont allés l'assurer un peu plus en s'imposant 1-0 à Nice, sur un but marqué en début de seconde période par un Laslandes joliment opportuniste.

Ce succès, le premier signé depuis trois ans au stade du Ray, s'avère infiniment précieux, puisque le nul de Saint-Etienne face à Auxerre leur permet de prendre une petite marge de trois point (27 contre 24) sur leur rivaux foréziens et donc de consolider leur deuxième place au classement. C'était le scénario idéal avant la trêve qui précédera la réception de Paris, celui dont ils avaient rêvé avant de venir sur la Côte d'Azur.

Bordeaux l'a donc emporté, mais cette victoire fut quelque peu laborieuse à construire, sans doute parce que les acteurs de cette partie s'appliquèrent d'abord à ne pas prendre de but, à ne pas se livrer inconsidérément. Le match se trouva singulièrement bloqué, ce qui permit, d'une certaine façon, aux hommes de Ricardo de vivre une première période relativement sereine, en dépit de quelques actions plutôt confuses dans leur surface. Bordeaux avait à l'évidence misé sur ses aptitudes au contre, sur la vitesse de Darcheville, pour tenter de prendre en défaut la défense adverse. Ce qui explique pourquoi Ricardo avait gardé, dans son onze de départ, un Laslandes plus altruiste que jamais, dévoué au service de son copain guyanais.

Faubert décisif

Ce plan de jeu ne fonctionna pourtant que très moyennement. Parce que Nice, d'abord, se méfia de son hôte du jour et n'engagea jamais toutes ses forces vives dans ses offensives, pour se garder quelques hommes en couverture. Ensuite, parce que Bordeaux dut souvent sacrifier ses récupérateurs, Mavuba et Cheyrou, pour écoper sur les départs de Koné et Vahirua dans leur dos. Et puis, hormis Darcheville, il ne se trouve, dans l'équipe marine et blanche, aucun joueur taillé pour les courses de rupture, les milieux excentrés, Smicer et Francia, censés provoquer et déborder, évoluèrent sur leur mode Diesel habituel, dans une partie d'un niveau technique souvent assez faible.

Et pourtant, les Girondins, sans être transcendants, faillirent bien ouvrir le score en fin de première période, d'abord sur ce coup franc de Francia côté gauche, que Smicer reprit du droit, sans pouvoir le contrôler suffisamment (42e), puis sur ce centre de Jemmali, que Francia, à gauche, reprit d'une volée foudroyante, directement sur Grégorini (45e).

Tout changea en seconde période, « grâce », si l'on ose dire, à la blessure de Cheyrou, qui contraignit à faire entrer Faubert côté droit, Smicer devenant récupérateur. C'est avec l'entrée en jeu de ce joueur rapide et puissant que Bordeaux se libéra, attestant la nécessité, dans un tel schéma, de construire sur la vélocité. Un ballon récupéré par le Tchèque profita à l'ancien Cannois, qui fonça sur l'aile droite, centra. Laslandes se précipita sur le ballon mollement repoussé par la défense et exécuta Grégorini d'un tir tendu du droit (0-1, 48e).

Les Bordelais auraient pu jouer sur du velours et gérer leur partie à leur convenance. Mais en commettant, par un manque de sérénité inattendu, trop de fautes aux abords de leur surface sur les accélérations niçoises, ils se mirent inutilement en danger, comme sur ce coup franc de Balmont qu'Echouafni, d'une tête maladroite, percuta seul à côté du but.

On s'acheminait ainsi vers la fin de cette rencontre lorsque, soudain, à quinze secondes de la fin, les projecteurs s'éteignirent. Cela faillit être dommageable pour les Girondins. Ils rentrèrent aux vestiaires, le temps de trouver la panne. Mais à leur retour sur le terrain sous la pluie, ils laissèrent Koné filer en contre sur la droite et centrer pour Roudet, dont la reprise se fracassa sur le poteau droit de Ramé. Bordeaux avait eu de la chance mais c'est ainsi que se construisent les belles destinées.

Thierry VAUTRAT
Sud Ouest