Giudicelli, homme d'actions

RENCONTRE AVEC UN HOMME PAS ORDINAIRE...

Apparu cet été sur le devant de la scène, lors de la reprise rocambolesque du Gym, Franck Giudicelli, 27 ans, en est toujours l'actionnaire.Ou comment vivre la passion du football à cent pour cent...

Il s'est immiscé dans le cénacle niçois à la force du chéquier.
Un million d'euros : c'est l'argent que Franck Giudicelli dit avoir investi à ce jour dans l'Olympique Gymnaste Club de Nice !

A 27 ans, ce Corse, né aux Nouvelles Hébrides (Vanuatu actuelles), membre d'une famille de casinotiers - le genre de CV qui`vousfait remarquer - a quitté le monde feutré des jeux pour s'offrir celui du jeu le plus universel de la terre.

Le football.

A un million d'euros, ça fait cher les danseuses.
Mais on ne vit qu'une fois.

En basculant du tapis vert au gazon, Franck Giudicelli a décroché son jackpot. « Depuis tout petit, j'ai une passion absolue pour le football. J'ai joué au niveau amateur en Corse, j'étais attaquant: C'est ce qui a fait que depuis des années, je rêvais d'être actionnaire d'un club de foot ».

Quand d'autres se contenteraient - par la force des choses - de payer leur place au stade, lui a pu et préféré s'offrir un ticket d'entrée dans le capital du Gym.

« J'ai toujours rêvé de côtoyer le monde professionnel si la possibilité m'en était faite. Je n'avais aucune expérience dans ce domaine mais quand j'ai su qu'il y avait l'accession sportive de Nice et une possibilité de reprise, j'ai travaillé en amont sur le dossier avec mon avocat et un groupe de repreneurs ».

En fait de groupe, Franck s'est finalement assis seul à la table pour miser ses jetons !

Ce fut l'épisode rocambolesque de son arrivée à la présidence du Gym, le battage médiatique qui en suivit et le dépôt de bilan qui lui pendait au nez...
Rouge, noir. Il crut bien ces jours-là avoir commis un impair le menant tout droit vers l'impasse.

« Je suis encore plus stressé que les joueurs ! »

Des jeux, il sait pourtant tout, pour y avoir été formé à l'ancienne, en famille, s'essayant à tous les rôles dans un casino (jusqu'à occuper le poste de directeur des jeux à Besançon).

Mais celui qui consiste à imprimer des circonvolutions à un ballon est beaucoup plus elliptique.
Encore plus hasardeux.

« Heureusement, j'ai réussi à être en harmonie tout de suite avec messieurs Cohen et Governatori. Aujourd'hui, je détiens 25 % de la société Oxygène, je suis administrateur du club et je travaille en collaboration avec Roger Ricort pour développer les infrastructures ».

Surtout, Franck Giudicelli s'est rapproché du terrain. Si près du terrain qu'il apparaît sur les feuilles de match, en tant que persona grata du banc !

« Je suis le douzième homme, lance-t-il en guise de boutade. Ils m'ont très bien accepté, sans le moindre problème. Vivre le foot le plus près possible du terrain, c'est fantastique. Mais à la limite, je suis encore plus stressé que les joueurs ! Je gamberge énormément. Le plus fort que j'ai vécu jusqu'à présent, c'est l'égalisation à Lyon ! ».

Un gosse en tenue d'administrateur. Le coeur à la boutonnière.

Mais on ne vit pas d'amour et d'eau fraîche ad vitam eternam. Quand bien même il y a du bien derrière. La vente du casino de Besançon aurait rapporté 150 MF (23 M€) à la famille (ses oncles et son père). Franck ne dément pas.

En revanche, il élude la question sur sa fortune personnelle. « Je ne suis pas aussi riche qu'on peut le penser, croyez-moi. D'ailleurs, il va falloir que je me remette au travail car je ne suis évidemment pas rémunéré pour ce que je fais au club ».

Sa tentative improvisée dans l'immobilier sur Paris s'est vite lézardée. Il pense à rebâtir un projet sur Nice. Qu'il ne veut plus quitter, forcément.

Très copain avec Barul, Pitau, Scotto ou Traoré, Franck a définitivement les Aiglons dans la peau: « J'ai beaucoup d'admiration pour eux car je les trouve solidaires à la fois sur le terrain et en dehors. C'est une grande leçon pour tout le monde ».

Ses billes, il faudra bien qu'il les reprenne un jour. Mais il se donne le temps, suivant en cela le discours du président : « La question ne se pose pas actuellement. Il y a unanimité là-dessus. A la fin de la saison, tous les bénéfices seront réinvestis dans le club ».

Quant à son image, ses ascendances, il fait avec.

Tout juste Giudicelli se bornet-il à remettre les points sur ses trois "i" : « Mon argent est clair et net. Je paie mes impôts. Le casino de Besançon avait une image excellente, c'était l'un des mieux gérés de France.
Aujourd'hui, un casinotier est complètement sous tutelle de l'Etat. Il n'y a pas un franc qui peut sortir de la caisse d'un casino sans que l'Etat le sache. Quant à ma famille, elle connaît ma passion pour le foot. Ils savent que j'irai jusqu'au bout et d'ailleurs, on s'est battus tous ensemble ! ».

Christophe DEPIOT.
Mardi 26 novembre 2002
Tous droits réservés - © Nice-Matin