Nice et Nancy se renvoient la responsabilité des incidents. En attendant les retrouvailles en Coupe de la Ligue.
DES COUPS QUI pleuvent, des insultes qui fusent, des cartons qui fleurissent : on a eu droit samedi au stade duRay lors de Nice-Nancy (1-0) à un condensé de tout ce qu’on aimerait ne jamais voir sur un terrain. Mais il faut croire que le rendez-vous des deux clubs le 22 avril, en finale de la Coupe de la Ligue, a agi comme un électrochoc.
« Ils ont voulu nous impressionner, glisse Vahirua qui souffre d’un gros hématome à une cuisse suite à un coup d’Andre Luiz et passera aujourd’hui une échographie. Mais c’est raté. On a encore plus hâte d’être en finale. »
« Notre équipe est très jeune et Antonetti a sans arrêt cherché à nous déstabiliser en vue du 22 avril », répond Diakhaté. Depuis le coup de sifflet final donné par M. Malige, qui dirigeait son 13e match cette saison en Ligue 1, et a sorti son 6e carton rouge (record en L 1) pour André Luiz, les deux adversaires ne cessent ne se renvoyer la balle et les responsabilités de ce pitoyable spectacle.
Selon les Niçois, les interventions musclées de Diakhaté sur Koné et d’André Luiz sur Vahirua, toutes deux sanctionnées d’un avertissement, auraient mis le feu aux poudres. Selon les Nancéiens, le tacle d’Abardonado sur Kim, non sanctionné, résumerait l’arbitrage partial de M. Malige. « Nous avons été moins malins que les Niçois qui ont aussi donné des coups, affirme Gavanon. On aurait dit que comme nous étions à Nice, il fallait que ça se passe bien et que pour ça, on devait être systématiquement sanctionnés. »
« Les Nancéiens ont commis des agressions qui valaient le rouge, réplique Antonetti. À l’aller (0-0), Lecluse avait déjà été expulsé pour son traitement sur Koné. On réclame du spectacle et ceux qui le font nesont pas protégés. Marama (Vahirua) et Baki (Koné) ont passé la 1re mi-temps par terre. Alors, c’est sûr qu’on a réagi. »
« Ne comptez pas sur moi pour entretenir la polémique, lâche Pablo Correa. Mais je répète simplement que je n’accepte pas qu’on dise que j’ai une équipe de voyous, ce n’est pas la réalité. » Et Antonetti d’ajouter : « Nancy n’a peut-être pas une équipe de voyous, il y a même de bons joueurs dans cette équipe et on y fait du bon boulot, mais samedi certains ont eu des gestes de voyous. »
À l’issue de ces deux avertissements, tout ou presque a été sujet à provocation et à intimidation. Les deux entraîneurs ne se sont pas ménagés non plus.
« Je n’en pouvais plus de voir mes joueurs matraqués, explique Antonetti, à qui les Nancéiens reprochent d’avoir mis de l’huile sur le feu. Vahirua aurait pu avoir la jambe cassée et Koné le genou en l’air. Alors, comme j’ai le sang chaud, je me suis énervé. J’ai dit ma façon de penser à Correa. J’ai réagi mais je ne suis pas allé au clash. Je ne suis quand même pas fou. »
« Surune touche en notre faveurque je voulais jouer vite, il a poussé le ballon et m’a parlé avec un ton et une attitude destinés à m’énerver », explique Chrétien.
« Il a beaucoup parlé et beaucoup provoqué, tenté l’intimidation avec Correa, il nous a fait passer pour des bourrins, juste bons à mettre des coups », regrette Gavanon.
La vidéo livrera sa vérité
Chaud bouillant sur la touche, le match a parfois pris un tour plus regrettable sur le terrain. Mais c’est surtout en fin de rencontre, et juste après le coup de sifflet final, lors du retour aux vestiaires, où l’on a assisté à une véritable bataille de chiffonniers. Là encore, les deux équipes se renvoient la balle même si l’utilisation de la vidéo par la commission de discipline livrera toute sa vérité. « On perd ce match et on ne va pas chercher d’excuses, dit Diakhaté. Mais il y a des choses qui ne se font pas. Ça m’a foutu les boules de voir un de mes copains (Sarkisian) agressé par derrière. Celui qui a fait ça (Rool) a agi comme un lâche. M. Antonetti aurait pu calmer ses joueurs comme Pablo Correa l’a fait. Mais chacun ses méthodes. » « Moi j’ai pris une baffe de Bagayoko et c’est moi qu’on accuse », ajoute Gavanon. « Dès qu’il est entré sur le terrain (68e), Sarkisian n’a pas arrêté de nous insulter, réplique Vahirua. Le problème, c’est qu’il n’est pas tombé sur les bonnes personnes et puis Gavanon a giflé Varrault. »
Bref, difficile de s’y retrouver alors même que le Tahitien déplore que les choses se soient ainsi envenimées et que les Niçois n’aient pas toujours réussi à garder leur sang-froid tandis qu’ils menaient au score. Un regret partagé par Roger Ricort, le directeur sportif, qui s’est multiplié pour que les choses ne s’enveniment pas davantage.
« On n’aurait pas dû tomber dans le piège, avoue-t-il. C’est bien de faire bloc quand Koné ou Vahirua sont visés, mais il ne faut pas alors donner l’impression que l’on disjoncte. Moi, je retiens l’exemple d’Abardonado, un joueur dur mais qui n’a jamais perdu les pédales. La réaction de certains de nos joueurs était justifiée mais attention à ne pas trop en faire et de ne pas passer pour ceux qui ont commencé. »
Plus que jamais, le rendez vous du 22 avril au stade de France monopolise la concentration des joueurs. Mais d’ici là , les instances disciplinaires auront rendu un verdict très attendu.
RAPHAËL RAYMOND et JEAN-PIERRE RIVAIS
L'Equipe