Déjà titulaire contre Nancy, le jeune gardien niçois va encore jouer quelques matches de L 1 pour préparer la finale de la Coupe de la Ligue.
SI HUGO LLORIS (19 ans depuis fin décembre), qui vient de signer son premier contrat pro jusqu’en juin 2008 et
que Frédéric Antonetti a décidé de lancer dans le grand bain de la Ligue 1, suit les traces de celui qui l’a découvert, il peut se préparer à une grande et belle carrière. C’est en effet Dominique Baratelli, 21 sélections en équipe de France entre 1972 et 1982, qui l’a repéré alors qu’il évoluait dans un petit club niçois du quartier de Cimiez. « Je partageais mon temps entre gardien de but et attaquant, dit-il. J’hésitais sur le poste à tenir. M. Baratelli m’a vu dans les cages et m’a proposé de faire un essai auGym. Tout s’est bien passé, j’ai été retenu et j’ai signé alors que j’étais benjamin. Comme gardien. »
Depuis, Lloris a gravi un à un tous les échelons et il a commencé à se faire un palmarès. Il a été champion de France des moins de 18 ans il y a deux saisons et, avec l’équipe de France des moins de 19 ans, où ses compagnons de promotion s’appelaient Kaboul, Gourcuff ou Cabaye, il a été sacré champion d’Europe, l’année dernière, en Irlande du Nord.
Le 22 avril, il pourrait faire plus fort encore en remportant la Coupe de la Ligue à l’issue de la finale qui opposera Nice à Nancy. Suivant le principe de l’alternance, c’est lui qu’Antonetti a décidé d’aligner dans les épreuves de Coupe pour laisser Gregorini se consacrer au Championnat. « Je n’ai pourtant pas été bon à Brest, reconnaît-il, et j’ai eu plus que ma part dans la défaite (0-3 en 32es de finale de la Coupe de France) mais je ne me suis pas arrêté là -dessus. Tous les gardiens passent au moins une fois à travers dans la saison. Au contraire, j’en ai tiré le maximum d’enseignements possibles. »
Preuve que le métier rentre vite, le Niçois, plus jeune gardien de Ligue 1, a été ensuite exemplaire d’abord contre Bordeaux (2-1 a.p.) puis à Monaco (1-0) en quarts et en demi-finale de la Coupe de la Ligue. Il a pris une part prépondérante dans la qualification de son équipe et ira logiquement au bout du projet.
Pour le préparer à cette échéance importante, son entraîneur a donc décidé de lui faire jouer quelques matches de L 1. Lloris a été aligné pour la première fois en Championnat la semaine dernière face à Nancy (1-0) et il devrait remettre ça aujourd’hui à Bordeaux. « C’est important de pouvoir enchaîner les matches pour monter en régime, progresser et trouver des repères. Je crois que ce n’est qu’au bout de deux ou trois rencontres au plus haut niveau que j’aurai le bon rythme, que je prendrai vraiment confiance et que je gagnerai en concentration », dit ce grand admirateur de Buffon et de Casillas qui n’aime rien tant que « d’avoir les cartes en main et d’influer sur le résultat. Avec un arrêt décisif, un match prend une autre dimension ». Un sens et un goût des responsabilités qui peuvent le pousser à trop en faire. Contre Nancy, à entendre Bruno Valencony, il aurait dû laisser certains ballons à ses défenseurs. « Il doit apprendre à être plus calme et à avoir plus de sang-froid, dit le préparateur des gardiens niçois. On en a parlé ensemble et ça va venir parce qu’il a d’énormes qualités. Malgré son gabarit (1,86 m), il est très vif, très explosif et, pour quelqu’un de dix-neuf ans à peine, il a une lecture du jeu étonnante. »
Des atouts qui, tôt ou tard, et sans doute même dès la saison prochaine, devraient le poser en véritable concurrent de Gregorini.
JEAN-PIERRE RIVAIS
L'Equipe