Portraits :
Antonetti, le foot dans le sang
Ogcnissa.com, le 04/05/2006 à 15h29
Il n'a pas vraiment de méthode. Juste une motivation infaillible et l'envie de transmettre ses valeurs. Frédéric Antonetti, entraîneur de Nice, a, comme il le dit lui-même, "le football et la Corse dans le sang".
Natif de Venzolasca, petit village au sud de Bastia, il a été joueur de 1972 à 1990, avant de devenir entraîneur. De l'INF Vichy à Béziers, en passant par le Puy-en-Velay et plusieurs allers-retours au SC Bastia, il a "fait une carrière anonyme de milieu de terrain".
Celle-ci terminée, le SC Bastia lui confie les rênes de son centre de formation. Frédéric Antonetti se découvre alors une passion pour l'enseignement du football auprès des jeunes. Quatre ans plus tard, les joueurs de l'équipe première le plébiscitent. Du jour au lendemain, il se retrouve propulsé sur le devant de la scène. "Sans réfléchir, j'ai accepté cette proposition. Franchement, je n'avais que mon enthousiasme !". Au terme de la saison 1994-1995, le club se maintient en Ligue 1 et décroche même une finale en Coupe de la Ligue.
Mais au fil des années, la Corse, pour un entraîneur de la région, peut devenir pesante. "Dès qu'un joueur ratait une passe, tout le stade se mettait à me regarder, se souvient-il. Il fallait que je quitte l'île, que je vive autre chose. Je suis parti au Japon en 1998, car je souhaitais, dans l'avenir, ne pas avoir à faire de choix alimentaires..."
A Gamba Osaka, il découvre un autre football, une autre culture. Mais lui qui a besoin de parler en permanence à ses hommes subit la barrière de la langue. Comment faire passer les messages ? La question l'a hanté plusieurs semaines. "J'avais un traducteur à ma disposition, mais il n'était pas trop branché foot, explique-t-il. Du coup, je me suis mis à expliquer ce que je voulais, non plus par la parole, mais en utilisant des images et la vidéo. J'avais aussi appris quarante phrases que je répétais sans arrêt..."
Ses premiers résultats sont encourageants. Mais sa femme et ses enfants, restés en Corse, lui manquent. A cursita, le spleen des insulaires, le guette. Après une année au Japon, il décide de retourner à Bastia, toujours en tant qu'entraîneur. Avec Mickaël Essien, Lubomir Moravcik ou Cyril Rool, l'équipe tourne bien. "Le club avait toujours besoin de résultats mais... les mêmes défauts, soupire-t-il. J'ai arrêté après deux ans, car je ne supportais plus d'être constamment aux taquets."
En 2001, il rejoint Saint-Etienne, alors 17e de la Ligue 2. Après trois saisons, les Verts retrouvent l'élite. Mais l'aventure s'interrompt pour Frédéric Antonetti, en conflit avec ses dirigeants. Il quitte le Forez malgré le soutien des supporteurs. "Lorsqu'un entraîneur a de mauvais résultats, il sait qu'il peut sauter à tout moment. Mais lorsqu'ils sont bons, je ne le savais pas."
Le challenge que lui propose Nice, en 2005, correspond à ce qu'il cherche alors. "C'est une ville à forte identité footballistique qui bénéficie d'une bonne dynamique. Avec ce projet de nouveau stade et ses actionnaires niçois, le "Gym" peut devenir un grand club français. Et puis les dirigeants font ce qu'ils disent : ça vaut de l'or !"
Du côté des joueurs, on apprécie la franchise de l'entraîneur. Et ne ce n'est pas Baky Koné qui dira l'inverse : "Quand il vous parle : il vous regarde toujours en face". Finaliste de la Coupe de la Ligue, dans les 10 premiers de L1 à l'heure actuelle, Antonetti aura réussi sa première saison comme entraîneur de la maison Rouge et Noire.
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