Aulanier : " J'ai jamais vu ça "

Touché à la cuisse, Aulanier est resté quatre semaines sur le flanc. Il n'a repris l'entrainement que mardi. Mais pour le grand soir, il est déjà dans le groupe, « Doumé ». Un retour express ! Parfait artisan de la montée, il sera le plus Niçois des Niçois sur la feuille de match, témoin d'un roman rouge et noir à nul autre comparable. Probablement remplaçant, prêt à fouler cette pelouse qui est la sienne, à tout moment... Comme le remarque Gernot Rohr : « Aulanier, il pourrait s'arrêter six mois, il ne prendrait pas un gramme superflu ! ».

Difficile de lui couper le souffle, à Bibiche, qui porte aussi le titre officieux de meilleur pétanquier du club... A en croire les yeux pétillants du « marathon man », la Ligue 1 soulève chez lui bien plus de joie que d'angoisse. Chez les Verts de Saint-Etienne, entre 94 et 96, il a disputé, dans le chaudron, 42 matches en D1. « J'avais 21 ans, je découvrais la D1 avec mon club, dans ma ville, et dans un stade que vous connaissez. Ce n'était que du bonheur. A l'ASSE, c'était l'époque de Laurent Blanc et Lubo Moravcik. Moi, j'étais le petit jeune du cru, et je vivais mon rêve ».

L' ASSE, rattrapé par ses problèmes internes, devait rechuter en D2. Dominique Aulanier, depuis son arrivée au Gym, en 97, promenait le paradoxe d'avoir connu la Coupe d'Europe avec Nice (deux buts contre Prague, au Ray), sans avoir pu déguster à nouveau ce parfum de l'élite. Pour réparer cette faute de gout, il a donc fallu le contexte d'un club qui tremblait encore de disparaitre de la carte de France, il y a quinze jours... Au point de mettre en sourdine les ambitions du départ ? « On a parlé de tout ça entre nous, les joueurs », confie Aulanier. « C'est vrai que le groupe a eu une préparation raccourcie. C'est vrai aussi que nous n'avons disputé aucun avec l'équipe au complet. On ne peut pas nier que tout cela représente un handicap, que le jeu risque de s'en ressentir. Mais, quand on va rentrer sur le terrain, on ne visera que la victoire. Parce que la première chose à laquelle on va penser, c'est à ce public, à tous ses supporters qui se sont battus et nous ont toujours soutenus dans les moments les plus difficiles. A tous ces gens, nous leur devons bien ça. De tout donner pour arracher les premiers trois points, même si la manière laisse encore à désirer ».

« Une envie décuplée »
C'est le plus ancien dans l'effectif (après Valencony) qui remarque : « Depuis que je porte ce maillot, je n'ai jamais vu ça. En ville, dans tous les quartiers, chez les commerçants, à travers les nombreux témoignages d'amitié que l'on reçoit, c'est la première fois que je ressens une telle unité et une telle passion derrière le Gym. C'est clair : après la saison passée, personne ne voulait d'une injustice et voir ce club rélégué. Pour tous les joueurs, aujourd'hui, il y a une super carte à jouer ».

Et Aulanier de relever : « A l'époque où j'ai débuté en D1, le fossé avec la D2 était plus élevé. Mais la réalité de l'élite reste la même. Tout va plus vite. Contre Le Havre et Strasbourg, deux clubs qui ont eu le temps de penser à leur stratégie pour tenir le coup en Ligue 1, on va voir où nous en sommes. Le problème des automatismes, c'est surtout en défense. Gernot Rohr applique un schéma différent de celui de Salvioni. A nous de compenser les imperfections par une envie décuplée... ».

François PATURLE.
Samedi 03 Aout 2002
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