Lloris, le difficile apprentissage

Pour sa première saison en tant que titulaire dans un club de Ligue 1, le jeune Hugo Lloris devait espérer d’autres débuts. Lanterne rouge du classement, il n’échappe pas à la crise ambiante.

Après une finale de Coupe de la Ligue perdue fin avril face à Nancy (2-1) et cinq matchs comme titulaire en L1 pour la préparer, Hugo Lloris devait espérer beaucoup de cette nouvelle saison. Première satisfaction, il apprend deux jours seulement avant le premier match contre Le Mans (défaite 1-0) qu’il débutera comme titulaire. Une annonce qui le rend fier même s’il devait y penser depuis un petit moment maintenant : « On a préparé ça tranquillement la saison dernière, sans que j’en sois réellement conscient, en me faisant jouer cinq matchs de L1 et la Coupe de la Ligue. Je sentais qu’il y avait la place pour jouer. On y pense tous les jours. Mais il faut travailler et ne faire qu’en fonction de soi-même et pas en fonction de Damien Grégorini. Puis le coach a fait jouer la concurrence avant de me choisir pour débuter la saison. » Pour celui qui a paraphé son premier contrat pro au mois de mars, c’est une première victoire.

La suite va s’avérer plus compliquée. Mais pas dans ses relations avec Grégorini. : « Ça se passe très bien. Il me soutient pendant les matchs. Mais chacun travaille pour soi. Il est derrière, c’est un compétiteur. Ça me fait aller de l’avant. Je ne me mets pas cette pression, ce n’est pas la peine. J’essaye de me faire mon trou sans m’occuper de Damien. » Mais quand on regarde les résultats de l’OGC Nice depuis le début de saison, le tableau est beaucoup moins idyllique. Les Niçois pointent à la dernière place du classement avec quatre malheureux points. De quoi se poser des questions et se prendre pour un chat noir ? Il assure que non : « Je ne me sens pas responsable du tout et je ne me sens pas menacé. Mais c’est sûr que ça ne commence pas bien pour moi. Même si personnellement ça peut aller. Mais c’est vrai que c’est dur. Il faut s’accrocher. Il y a quelque chose qui ne va pas mais on s’accroche. Il y a une crise de confiance énorme. Nos attaquants ne marquent pas et la défense fait des erreurs qui nous coûtent très cher. »

Une défense qui a pourtant peu changé durant l’intersaison. Lloris était déjà le gardien en fin de saison et seul Sammy Traoré est parti depuis au PSG, remplacé par le Strasbourgeois Cédric Kanté. Il serait facile de pointer du doigt le petit nouveau. Un raccourci qu’il se refuse à faire : « Si on prend les joueurs individuellement, ils sont très bons. On ne va pas chercher l’excuse de Sammy même s’il est parti et qu’il tenait la baraque derrière. Il y a une très bonne entente entre les défenseurs mais je pense que c’est le bloc équipe qui ne fonctionne pas. » Il n’est pas le seul à le penser. En tête, l’entraîneur Frédéric Antonetti. Sanguin dans l’âme, le Corse est sorti de ses gonds lors de la dernière rencontre perdue face à Lille (1-0). « C’est sûr que ça chauffe un peu, explique le jeune gardien. Il est à cran. Contre Lille, c’est lui qui a joué le match. Mais je ne pense pas que cela nous rende service. Cela peut atteindre l’équipe et certains joueurs qui ont été visés (ndlr, Bellion, Moussilou). Même moi j’ai été visé. Mais je sais faire la part des choses. Je connais son caractère : c’est un colérique et il est impulsif. La critique ne me dérange pas, il n’a pas tort. C’est lui le coach. Mais il y a certaine réflexion. Enfin bon, on ne va pas le changer. » Il serait bon pour le club mais aussi pour le proche avenir du jeune gardien que la réaction soit la plus rapide possible.

Nicolas BERTÉ
Football365