Cela aurait pu être une affiche haute en couleurs, presque haut de gamme si l'on se réfère aux ambitions affichées en début de saison par les deux parties. Mais, samedi, à Louis II, le derby azuréen, comptant pour la 12e journée de L1, entre Monaco et Nice aura une bien piètre allure entre les joueurs de Laurent Banide, qui honorera sa première à domicile dans la peau de la lanterne rouge, et les Niçois de Frédéric Antonetti qui relèvent à peine la tête au classement.
De l'avis de tous, la performance de l'AS Monaco le week-end dernier à la Beaujoire, face à Nantes, était porteuse des indices d'une saine réaction tant dans le jeu que dans l'approche de la situation de plus en plus dramatique du club de la Principauté. Problème, ce match plein de promesses s'est achevé pour les joueurs de Laurent Banide sur un huitième revers (1-0) en onze sorties de championnat cette saison, défaite synonyme pour Givet et ses partenaires de lanterne rouge abandonnée bien volontiers à leurs victimes du soir par des Nantais à peine plus fringants.
Dans la foulée de ce match de la peur, les joueurs de la Principauté poursuivent la tournée de leurs nouveaux rivaux des tréfonds de la Ligue 1. Loin, si loin des sommets qu'ils avaient encore il y a peu l'habitude de fréquenter et d'un Olympique Lyonnais qui croise aujourd'hui à ... 24 points de l'ASM, les Monégasques accueillent l'OGC Nice, ancien bon dernier du championnat, qui reste sur trois victoires de rang à domicile, dont un dernier succès (2-1) aussi précieux qu'âpre dans sa réalisation face à l'OM. Une série à domicile, tout ce qui manque à ce Monaco que Laurent Banide conduira samedi pour la première fois au stade Louis II.
Banide: "Si l'on ne comte que sur notre nom..."
Un derby azuréen plus délavé que jamais en quelque sorte. Entre Monaco, l'ex-cador redescendu de son piédestal, et Nice, le parvenu rattrapé par ses démons, les espoirs déçus fourmillent. Et pourtant d'un côté comme de l'autre, on veut croire en des jours meilleurs, à commencer par un Laurent Banide qui, défait lors de ses deux premières sorties à la tête de l'ASM (à Reims en Coupe de la Ligue et donc à Nantes en championnat, Ndlr), espère que le retour à Louis II, après une semaine durant laquelle il a pu poser les premiers jalons de son plan de sauvetage du club, puisque c'est ce dont il s'agit désormais, sera synonyme de renouveau. "Effectivement, en jouant le mardi à Reims et le samedi à Nantes, le repos et la récupération étaient essentiels durant le stage de Pornic, explique-t-il sur le site du club. Il était impossible de mettre en place quelque chose. C'était différent cette semaine, nous avons eu le temps d'avancer comme nous le souhaitions. Le travail effectué depuis lundi nous donne aujourd'hui plus de certitudes."
Plus de certitudes face à un derby dont les particularismes s'effacent devant l'urgence de la situation: "Dans notre situation, tous les matches seront des derbys jusqu'à la 38ème et dernière journée. C'est certes Nice qui se déplace mais la rencontre de samedi est aussi importante que les prochaines." Persuadé que le problème de l'ASM tient avant tout à un gros blocage mental qui empêche ses hommes de concrétiser leurs intentions, Banide, très attentif à la dimension mentale, guette l'attitude, jauge la motivation des uns et des autres: "Les résultats ont montré que nous ne sommes pas à la hauteur de nos ambitions. Il y a donc pas mal de choses sur lesquelles il faut insister pour avancer. Le caractère en fait partie."
Et dans un derby du Sud qui, quoi qu'on en dise, impose un minimum d'engagement, le paramètre est d'importance. A Monaco, l'opération commando a commencé. Et Banide d'avertir, toujours sur le site du club, comme un avertissement à ceux qui n'auraient pas pris la mesure du désastre en cours: "Quand la situation est comme celle-ci, tout le monde doit faire son autocritique: les joueurs et tout le staff. Si l'on ne compte que sur notre nom en rentrant sur le terrain, on n'y arrivera pas."
Antonetti: "Le jour où l'ASM tournera, ça va faire mal"
Car en face, c'est un voisin niçois rasséréné par ces récents résultats qui débarque sur le Rocher. Si les Aiglons ont retrouvé leurs valeurs sur leur pelouse du Ray avec neuf points pris sur neuf possibles lors de leurs trois dernières sorties à domicile, ils portent toujours la croix de leur zéro pointé à l'extérieur. Or, à Monaco, Nice, de par le déplacement en masse de ses supporters, prend souvent ses aises comme en attestent le bilan des dix dernières saisons, vierge de tout succès monégasque (deux défaites 0-1 et 3-4 pour deux nuls). La saison dernière, si l'OGCN avait dû se contenter du partage des points (0-0), il avait su magnifiquement décrocher sa qualification pour la finale de la Coupe de la Ligue (1-0).
Des états de service que Frédéric Antonetti balaye d'un revers de main sur le site du club: "Et en 1960 alors? J'exagère sans doute mais je ne me fie pas aux statistiques. Ce match à jouer n'a rien à voir avec ceux d'hier ou d'avant-hier. C'est un derby avec une très forte présence de notre public à Louis II, un point c'est tout." Sur le chemin de la convalescence, l'entraîneur niçois refuse le temps d'avance que certains voudraient accorder aux siens sur l'ASM qu'il tient en haute estime: "C'est à mes yeux l'une des équipes de L1 les plus techniques. Le jour où ça tournera, ça va faire mal."
Sylvain LABBE
Sports.fr