Sammy Traoré : « Des bâtons dans les roues »

Ecarté du groupe depuis l’arrivée de Le Guen, Sammy Traoré veut être prêté à Nice. Mais à deux jours de la clôture du Mercato, le Malien n’a toujours pas de bon de sortie. De quoi vite perdre patience.

- Sammy Traoré, vous avez disparu du groupe depuis l’arrivée de Paul Le Guen. Comment avez-vous vécu cette mise à l’écart soudaine ?
C’est difficile. C’est normal que je sois déçu : je suis venu pour jouer et je me retrouve à ne plus jouer. Ce n’est pas évident à gérer. Il (ndlr : Le Guen) est arrivé deux jours avant un match et il a fait ses choix. C’est arrivé subitement. Je suis venu pour jouer, pas pour prendre mon chèque et attendre que ça se passe. Maintenant, il y a des choses plus graves dans la vie.

- Allez-vous demander à être transféré ?
Je fais tout pour être prêté mais ils ne veulent pas me prêter. Donc pour l’instant, c’est en stand-by et j’attends. J’ai eu une conversation avec Alain Roche et le coach mais ils ne veulent pas entendre parler de prêt. Au pire des cas, ils sont d’accord pour un transfert. Mais pas de prêt. C’est une situation peu banale : ils défendent leur point de vue, moi les miens. Ce n’est pas évident.

- Qu’avez-vous à dire pour votre défense justement ?
Que si je ne suis pas assez bon pour le PSG, je peux peut-être aider une autre équipe. Mais ils ne veulent pas renforcer une équipe qui joue le maintien comme eux. Donc ce n’est pas évident.

- Vous souhaitez retourner à Nice, c’est bien ça ?
Oui, Nice est un club que je connais. J’apprécie la ville aussi. C’est avec bon cœur que je serais prêt à leur rendre service. Car de toute façon, je ne joue plus à Paris. Donc autant rendre service à un club.

« Je suis inutile à Paris »

- Si vous retourniez à Nice, vous quitteriez après seulement six mois un club pour lequel vous étiez prêt à faire beaucoup de sacrifices. Vous en êtes conscient ?
Avec Paris, sur l’ensemble de la saison, j’ai quand même joué quinze matchs toutes compétitions confondues. J’ai été blessé en début de saison et ensuite deux mois avant la trêve. Donc pour moi, le bilan n’est pas négatif. Après, c’est bien beau d’être à Paris mais si c’est pour ne pas jouer, autant aller dans un autre club. J’ai 30 ans et encore un bel avenir devant moi. Je suis venu à Paris pour jouer, pas pour regarder les autres jouer. J’aime ce sport, j’aime cette ville et ce club, mais il ne faut pas non plus que je me retrouve à ne pas jouer. Je ne vois pas l’intérêt.

- Vous parlez d’un retour à Nice mais on a également entendu parler d’un prêt à Auxerre ou en Angleterre. Où en sont vos contacts ?
Si je dois partir, c’est à Nice. Ça ne m’intéresse pas d’aller maintenant à l’étranger sachant que mes enfants sont scolarisés sur la région parisienne. Et je ne me vois pas tout déménager et tout laisser derrière au bout de six mois. Si je devais aller à l’étranger, ça serait plutôt l’année prochaine.

- Pensez-vous que les dirigeants parisiens acceptent de revenir sur leur décision d’ici le 31 janvier ?
Pour l’instant, ils sont fermes. Donc on va droit dans le mur. Car moi j’aimerais être prêté et eux ne veulent pas que je le sois. D’un côté, je comprends l’intérêt du club à ne pas renforcer un autre club qui joue le maintien. Mais vu que je suis inutile à Paris, il y a un problème quelque part. Ce n’est pas évident à gérer. C’est une situation qui arrive dans la vie d’un footballeur mais c’est navrant. Je suis venu pour jouer, j’en ai envie et on me met des bâtons dans les roues.

« Leur raisonnement est difficile à accepter »

- D’autant que tout le monde y trouverait son compte si vous étiez prêté…Oui, certes je me tiens aux choix du coach mais si je pouvais être prêté ailleurs et avoir du temps de jeu, ça serait bénéfique pour tout le monde. J’appartiens toujours à Paris donc je reviendrai compétitif pour la saison prochaine. Mais ils ne sont pas d’accord. Leur raisonnement est difficile à accepter. S’ils veulent, on peut mettre une clause pour que je ne joue pas contre Paris. Et voilà.

- Que craignent-ils selon vous ?
Que j’aide Nice à sauver sa saison.

- Comment voyez-vous les six prochains mois s’ils bloquent votre départ ?
La porte n’est pas fermée. Le coach m’a toujours tenu comme discours d’être sérieux, professionnel – ce que je suis tout le temps – et de faire des entraînements corrects et de bonnes prestations en réserve. J’essaie toujours de donner le meilleur de moi-même donc je le ferai, même en CFA. Mais bon, j’ai 30 ans, ce n’est pas facile. C’est « relou ». En plus, le coach me dit ce qu’il veut aussi. Le problème est le suivant. Soit le coach ne compte pas sur moi et il me laisse partir. Soit il compte sur moi et il me laisse au moins entrevoir la possibilité de jouer. Mais je ne suis même pas dans le groupe. Et à partir du moment où vous n’êtes même pas dans le groupe des 18, c’est qu’il y a quand même un problème. Après, ce n’est pas lui qui a fait le recrutement, donc peut-être que je n’entre pas dans ses plans.

- En signant à Paris en juin dernier, vous deviez être loin d’imaginer tout ça…
Ce n’est pas la question de savoir à quoi s’attendre ou pas. Quand vous venez à Paris, vous savez que vous venez dans un grand club. Après, il advient parfois que vous ne jouez pas ou que vous êtes remplaçant. Mais de là à ne pas être dans le groupe, ce n’est pas spécialement acceptable.

Aurélien CANOT
Football365