Quelques jours après la crise qui a eu lieu à Nice, le président du club, Maurice Cohen, accepte de revenir sur ces évènements. Celui qui a été obligé de démissionner avant de reprendre son poste ne s'intéresse qu'au maintien de son équipe. Pour le reste, il sait que «tout est diabolique» dans le football et ne voit pas plus loin que la fin de la saison.
- Maurice Cohen, êtes-vous toujours président à l'heure où je vous parle ?
Oui. Je suis le président. Je partage mon pouvoir avec Franck Giudicelli, qui s'occupe des affaires sportives, et on mène le club en équipe. Et j'espère qu'on va le mener au maintien, c'est l'essentiel aujourd'hui.
- Serez-vous toujours président dans trois jours ?
Je pense que je serai président jusqu'à la fin de la saison. Après on verra.
- Vu de l'extérieur, ce qui s'est passé ces derniers jours à Nice ne fait pas très sérieux...
Non, effectivement, on peut considérer que ce n'est pas sérieux et que (il coupe)... Mais bon je n'y suis pour rien, c'est comme ça. Cela fait partie des évènements de la vie. Puis dans le football, tout est diabolique.
- Comment peut-on expliquer qu'un président qui démissionne sous la contrainte revienne trois jours après ?
Ecoutez, il ne faut pas chercher trop d'explications. Disons qu'on a voulu qu'il y ait de la solidarité, on a voulu se regrouper pour essayer de sauver le club de la relégation. Je crois que c'est l'intérêt général qui a prévalu, malgré toutes les différences que l'on peut avoir les uns et les autres.
- Pourquoi les choses sont-elles si compliquées à Nice ?
Cela n'a pas été compliqué. Vous savez, ça fait cinq ans que je suis à la tête du club, c'est la première crise réelle que l'on a et ce n'est pas plus compliqué qu'ailleurs. Mais ça fait partie de la vie d'un club, je pense. Il y a eu d'autres cas, comme Rennes récemment. Et il y en a d'autres. Vous savez, quand un président n'est pas actionnaire majoritaire, il est un peu tributaire des décisions des actionnaires. Alors nous, la différence par rapport à d'autres clubs, Rennes par exemple, c'est qu'on a trois actionnaires pratiquement à 30%, et donc il faut qu'il y ait l'unanimité entre eux pour qu'on puisse fonctionner correctement. Donc ce n'est pas facile. Mais c'est comme ça, on fait avec.
«Dans les moments difficiles, on s'aperçoit qui sont ses amis»
- Quel est le fond du problème, à votre avis ?
Il y a plusieurs raisons. Le fond du problème, c'est qu'on était en désaccord avec un actionnaire sur la politique à mener au club après quatre ans et demi. Et puis, surtout, c'est l'influence néfaste d'un certain nombre de personnes, à l'intérieur du club et notamment de l'association OGC Nice, qui a deux entités juridiques, qui ont manipulé et qui ont influencé un certain nombre de gens... Ils ont profité de la situation sportive pour sortir du bois et créer la tension au sein du club. Ils ne l'auraient sûrement pas fait si on avait été huitième ou dixième ou douzième. Mais c'est comme ça. Cela fait partie de la vie, vous savez. Dans les moments difficiles, on s'aperçoit qui sont ses amis et quel est l'impact des uns et des autres.
- Et vous pouvez encore travailler avec des gens qui ont essayé de vous planter un couteau dans le dos ?
Ce sont des gens de l'association avec qui je ne souhaite pas travailler mais qui existent aujourd'hui. Et j'espère que, dans l'intérêt du club, d'ici le mois de juin, il y aura une évolution qui sera positive pour le club.
- Il y a eu des dommages collatéraux avec cette histoire, on va dire une victime collatérale , José Cobos. On lui a proposé le poste d'entraîneur et du coup il n'est plus adjoint maintenant...
Moi, je n'y suis pour rien, ça n'aurait pas été ma stratégie du tout. Mais c'est comme ça. Vous savez, dans le football, c'est cruel, donc José, il n'y est pour rien. Aujourd'hui, c'est vrai que, humainement, ni le coach ni José ne pouvaient continuer à être assis à côté avec toutes les tensions qu'il y a. Je pense qu'il y a une bonne entente entre les deux. Mais malgré tout, humainement, c'est difficile d'avoir un coach avec un adjoint qui a failli prendre sa place. Et d'avoir un adjoint à côté du coach qui était sollicité. Je veux dire que, humainement, c'est sûr que c'est pour ça qu'on a souhaité que José joue toujours un rôle au club, un rôle important. Donc comme Franck Giudicelli, qui est en charge de la partie sportive, souhaite développer la cellule recrutement avec des gens compétents, il a souhaité avoir à ses côtés José Cobos pour l'aider à développer la partie sportive. Donc ce n'est pas du tout une sanction, au contraire. C'est comme ça, ça fait partie de la vie du football et il faut essayer de tirer le maximum en fonction des évènements. Donc José est partie intégrante du club. Il fait partie, je dirais, presque des meubles, plus qu'il ne l'a été. Et il a un rôle à jouer, une action à jouer, qu'il va jouer à mon avis.
- Comment Frédéric Antonetti vit-il et a-t-il vécu la situation ?
Je crois que ça a été pénible mais je pense que c'est un grand professionnel. Pour lui, c'est le terrain qui compte et il a donné priorité au terrain, et je pense que c'est ce qui a permis à l'équipe de rester bien soudée autour de lui. Il a sûrement vécu des moments difficiles, mais son professionnalisme a pris le dessus et c'est ce qui a permis de garder l'homogénéité du groupe.
- Est-ce que Frédéric Antonetti et vous-même parvenez à voir à long terme ?
Vous savez aujourd'hui, on ne se pose pas cette question. Aujourd'hui, je crois que la question c'est de se dire on va jusqu'au 23 mai. On va sauver l'équipe de la relégation parce que ça, j'en suis persuadé, parce qu'on a un groupe qui peut le faire. On a des joueurs qui peuvent le faire parce qu'ils ont la qualité, ils n'ont pas tout perdu en six mois. On a été en finale de la Coupe de la Ligue, on a battu Bordeaux, on a battu Monaco... On n'a pas tout perdu, on a un bon groupe, on a de bons joueurs, de qualité. Donc il n'y a aucune raison qu'on ne s'en sorte pas. C'est psychologique, c'est la confiance qui manque. Et je pense que cette crise qui vient de se passer a permis, à mon avis, aux joueurs de se solidifier et de créer un noyau dur.
- Est-ce que je reverrai le président Cohen en juin ?
Je ne sais pas, je ne peux pas vous le dire. On verra par la suite. Aujourd'hui, on ne se préoccupe pas de l'avenir. L'avenir, aujourd'hui, c'est demain. C'est demain, c'est après-demain, ce sont les matches qui sont à jouer. Et je crois que c'est ça le plus important. C'est pas l'avenir du président Cohen qui est primordial aujourd'hui, c'est l'équipe».
Propos recueillis par Vincent COUËFFÉ
L'Equipe