Hors du coup lors des trente premières minutes où ils ont encaissé deux buts,les Girondins se sont bien repris mais, avec un secteur offensif défaillant, furent incapables d'égaliser
Incroyable ! Alors que les Azuréens n'avaient plus gagné depuis onze rencontres soit depuis plus de trois mois, ils ont réussi, hier soir, le tour de force de renouer avec la victoire face au vice-champion de France en titre. Ils ont ainsi bonifié le point arraché chez le champion, le week-end précédent et préservé encore l'espoir du maintien. Les Girondins, eux, peuvent s'interroger sur leur incapacité récurrente à marquer plus d'un but et à revenir au score alors que la situation paraît enfin favorable. Leur inefficacité offensive est désarmante. Sans parler des travaux d'approche trop souvent laborieux.
Les rentrées de Jussiê et Cavenaghi n'ont rien changé en deuxième période. Le premier se sent exilé sur un côté et le second est hors de forme. Ramé et ses coéquipiers paient cash trente minutes de torpeur. Et même s'ils ont dominé l'heure suivante, ils n'ont jamais été en mesure de soumettre Lloris à un feu nourri. Ce revers qui survient après celui enregistré face à Lille constitue une grosse désillusion. Ils sont dépassés au classement par Lorient et rejoint par Nancy. La qualification pour la prochaine Ligue des Champions commence à sentir sérieusement le roussi.
Cid forfait. Entre les voyages galères, le calendrier démentiel et les blessures de dernière minute, on ne peut guère prétendre que les Girondins ont préparé ce rendez-vous dans les meilleures conditions. La preuve, le forfait inattendu de Cid, touché aux adducteurs, a contraint Ricardo à revoir ses desseins. Dès lors, il n'est pas étonnant de constater qu'ils ont eu beaucoup de mal à entrer de plain-pied dans cette partie. Et s'ils sont menés 2-1 à la pause, c'est un moindre mal. Car lors de la première demi-heure, les visiteurs ont été davantage spectateurs qu'acteurs même s'ils ont eu le plus souvent la possession du ballon. Une volonté niçoise afin d'attirer son adversaire pour mieux le contrer. Cela a fonctionné à deux reprises. Alors, entre les errements défensifs des uns et la conviction des autres, le score a vite enflé. 2-0 après vingt-six minutes de jeu, c'était pour le moins imprévu.
La faute en revient davantage aux Bordelais qui ont manqué d'engagement et de détermination pour pousser plus loin leur maîtrise collective. C'est une bonne chose de s'accaparer le ballon, c'en est une autre de le faire vivre en accéléré. On eut alors longtemps l'impression que Francia, Micoud et Fernando marchaient, incapables d'accélérer et d'effectuer les changements de rythme propice à déstabiliser une défense. A force de jouer gentiment à la ba-balle, le premier contre azuréen s'est avéré décisif avec à la clé une erreur inhabituelle de Planus. Sur un centre de Fanni, il dévissa son dégagement au grand bonheur d'Ederson dont le tir instantané du droit fit mouche après avoir heurté le montant droit du but gardé par un Ramé dépité (12e). Jusque là , Nice a laissé toute initiative à son hôte du jour. On s'est parfois demandé si les Aiglons ne cherchaient pas à tendre le bâton pour se faire battre.
Mavuba sonne la révolte. Au contraire, les Girondins, trop inattentifs, vont encaisser un deuxième but quatorze minutes plus tard. Cette fois, sur une perte de balle de Marange dans la surface adverse. Le contre a alors fusé avec Laslandes et Echouafni. Ederson, placé ensuite sur orbite, a contourné Jemmali avant de balancer une mine du gauche en pleine lucarne sous le regard encore médusé de Ramé. Etre mené 2-0 face au 19e de la classe, voilà qui fait désordre. Alors, Mavuba comme c'est souvent le cas s'est décidé à sonner la révolte. Une perforation axiale, une autre sur le flanc gauche ont donné le ton. Et sur un nouveau rush de l'international tricolore, bien décalé par Francia, Chamakh, à la réception du centre, a glissé le ballon vers Micoud dont le fulgurant tir du droit n'a laissé aucune chance à Lloris (36ø). Bordeaux venait de retrouver des couleurs, il était temps.
Afin d'améliorer le rendement offensif de son équipe et de mieux protéger son axe défensif, Ricardo lance alors Jussiê dans le grand bain, dès la reprise, à la place d'un Perea encore très décevant. Du 4-4-2 avec un milieu en losange, Bordeaux passe à une nouvelle organisation. Un 4-4-1-1 avec Jussié sur le flanc droit et Micoud repositionné en neuf et demi juste derrière Chamakh. Avec un but de handicap, les Girondins sont maintenant obligés de montrer un visage plus ambitieux. Ils le sont en dépit d'un déchet technique important à l'approche de la zone de vérité. Mais comme Nice défend toujours aussi mal avec une propension à reculer sans cesse et à ne pas presser le porteur du ballon, on se dit que le meilleur est à venir pour des visiteurs plus déterminés que jamais. Même si l'OGCN ne perd jamais l'opportunité de placer un contre incisif. Planus démontre à ce titre qu'il est toujours aussi précieux par la qualité de ses interventions et son sens de l'anticipation.
Il n'empêche, le temps passe et les Girondins butent inexorablement sur un mur azuréen qui n'a pourtant rien d'un bloc de béton. Comme prévu, Cavenaghi vit ses premiers instants sous la tunique au scapulaire en rentrant à vingt-cinq minutes du dénouement. Sauf que les Azuréens tiennent à leur butin comme à la prunelle de leurs yeux. Ils jettent toutes leurs forces dans la bataille pour préserver leur victoire. Et comme Bordeaux est toujours aussi maladroit dans ses derniers gestes, rien n'y fait. Il n'a plus que ses yeux pour pleurer.
Alain Goujon
Sud-Ouest