Presse :
Allez les « petits » !
Nice-Matin, le 31/08/2002 à 08h15
Leaders mais outsiders, les Niçois vont tenter de tenir le choc, ce soir au Parc des Princes, face à un Paris SG ambitieux et solide. Histoire de prolonger le rêve et le plaisir.
Qui l'eut cru ?
Qui aurait imaginé que l'OGC Nice monterait à Paris en leader, pour y vivre le choc de la cinquième journée du championnat de Ligue 1 ?
Qui ?
Personne...
Ou alors peut-être un optimiste extravagant ayant avalé, par inadvertance, une boite d'antidépresseurs rose bonbon en même temps qu'une bouteille d'un whisky de cow-boy.
Qu'importe.
Aujourd'hui, de Saint-Roch à Cimiez, de Carras à Riquier ou ailleurs, tous les Niçois sont ivres de joie.
Et ils se refusent à penser à une éventuelle gueule de bois.
Pourquoi s'embarrasser avec des lendemains qui, de toute façon, sont toujours incertains.
Alors, ils savourent.
Ils dégustent ce présent qui ressemble à un cadeau.
Ils ne tirent pas de plans sur la comète. La lune a déjà été décrochée le 19 juillet, jour de la réintégration du vieux Gym dans l'élite.
Quand il arrive à l'improviste, le bonheur n'en est que plus fort. Plus intense.
Celui-là était imprévisible. Même pour les principaux intéressés qui le gèrent avec la tête froide et le cœur bouillant.
Eux aussi se régalent.
Eux non plus ne s'embrouillent pas avec l'avenir du futur.
Les leaders ne se prennent pas la tête...
« On va à Paris dans les meilleures conditions psychologiques possibles », note Eric Roy, milieu heureux et papa comblé par l'arrivée d'une petite Victoria-Rose depuis la nuit de jeudi à vendredi.
Rohr : « Ce n'est pas un pari impossible »
De son côté, Gernot Rohr a fait du plaisir le mot-clé d'un discours qui ouvre toutes les possibilités. « Ce qui prime, c'est le plaisir de disputer un tel match contre une telle équipe dans un tel stade. Le plaisir de jouer sans pression. Sans prétention. Mais avec une bonne dose de confiance et quelques petits espoirs... », lâche le coach qui a toujours une idée derrière un crâne bouillonnant.
« Ce n'est pas un pari impossible... », ajoute le malicieux avec un sourire en coin.
Pour cela, il faudra que ses hommes mêlent, une fois encore, rigueur et audace, discipline et créativité, culot et réalisme.
Vaste programme...
Mais les effrontés sont prêts. Prêts à se battre en équipe. Prêts à prendre des risques individuels. Prêts à tout pour rêver encore un peu.
Bien sur, ils savent que le PSG peut être une machine de guerre broyant, sans pitié, les illusions ennemies.
« C'est une équipe capable du meilleur. Avec un gardien d'exception. Car pour moi, Letizi est l'un des meilleurs gardiens français. Paris, c'est aussi une défense solide et des individualités de feu. Comme Ronaldinho qui fait rêver tous les entraineurs du monde », note Gernot Rohr, qui pose la lumière sur ce rival sans souffrir pour autant d'éblouissement.
Quatrièmes à un petit point de l'OGCN, les Parisiens de Luis Fernandez sont toutefois à la recherche d'un match référence. D'une efficacité glacée, ils n'ont pas encore séduit tout le monde.
Il faut dire que l'attaque tourne au ralenti (quatre buts en quatre rencontres) et que le fonds de jeu freine encore les projets.
En revanche, le puzzle de la défense est déjà assemblé. Un véritable mur que seuls les Corses de l'ACA ont réussi à lézarder par deux fois. Ce soir-là, les Ajacciens avaient profité d'un relâchement coupable des amis de Pochettino qui, à 2-0, avaient cru le verdict scellé.
Si la leçon est retenue, ces représentants du football d'en- haut éviteront, cette fois, l'arrogance des favoris...
Cobos : « Nous n'avons pas à avoir peur »
En face, les petits niçois se hisseront sur leurs vertus afin d'être à la hauteur de l'événement.
« Il faudra que l'on soit, tous, à cent pour cent. Sinon, c'est le onze dans son ensemble qui sera en danger. Mais chacun a conscience que la force du Gym, c'est le collectif ! Et ce collectif-là, avec ses valeurs, peut embêter le PSG... », affirme Eric Roy qui, lui, a déjà vécu ce genre de choc devant plus de 40 000 spectateurs.
Parce que le Parc sera plein. Ou presque. Ça va vibrer dans les travées de ce lieu mythique. Ça va secouer dans les poitrails couverts d'une seconde peau rouge et noire.
Les Varrault, Pamarot, Pitau, Everson, Ayeli et autres s'apprêtent à vivre une grande première dans cette arène que l'on peut aussi quitter en héros.
En attendant, ces quêteurs d'émotions semblent plus excités qu'apeurés. Plus impatients qu'intimidés.
« Nous n'avons pas à avoir peur. L'enthousiasme, la motivation et la solidarité sont là pour nous protéger. Nous devrons tous rester dans le même état d'esprit. Celui qui nous fait gagner et avancer », dicte José Cobos, un habitué de l'endroit...
Lui comme un certain Diawara (qui appartient toujours au PSG) se verrait bien conquérir Paris... Ça ne ferait, en effet, qu'embellir les histoires personnelles et le destin commun.
Mais les Azuréens ne sont pas pour autant sur un nuage. C'est par avion qu'ils se sont rendus dans la capitale hier après-midi...
Tout à l'heure, ils s'aligneront dans un 3-5-2 si souple qu'ils pourront le transformer à tout moment en un autre système.
« On s'adaptera », jure Gernot Rohr, qui n'a pas dessiné de plan anti-Ronaldinho.
Le groupe des Aiglons est pratiquement le même que celui qui renversa Montpellier. Seule retouche : le retour d'Aulanier qui prendra la place de Rodriguez (touché à une cheville) sur le banc.
Voilà.
Reste maintenant la vérité du terrain.
La dernière fois que des Niçois ont gambadé sur le pré du Parc, c'était le 10 mai 1997.
Ce samedi-là, ils remportaient la Coupe de France face à Guingamp.
Cette année-là, ils tombaient aussi en deuxième division.
C'était au siècle dernier...
Aujourd'hui, ils sont de retour au sein de l'élite.
Ils sont leaders.
Evidemment, ça n'aura qu'un temps. Alors, profitons-en.
''Allez les petits !''
Ce serait si grand...
Philippe CAMPS.
Samedi 31 Aout 2002
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